Arnkatla était rentrée de sa journée gâchée depuis quelques heures maintenant. Cette rencontre accidentelle continua de la hanter. Elle avait son numéro mais pas son nom ce qui le laissait une impression étrange. Evidemment elle était responsable de cette situation, elles auraient pu faire connaissance mais elle était restée butée sur ses ennuis sans penser au reste. Une part d'elle lui rappelait qu'elle n'était pas totalement responsable non plus. Son voisinage toujours aussi peu sympathique avait contribué à la rendre plus aigrie encore qu'elle ne l'était avant de mourir. Il y avait quelque chose de tragique quant au fait d'être aigrie à trente-six ans. Mais maintenant qu'elle était morte, elle avait arrêtée de compter. Si les choses allaient dans le bon sens, elle continuerait sa vie après la mort pendant des années encore, jusqu'à attendre un âge qui n'aura plus rien d'humain.
Elle avait entreprit de ranger une partie de son atelier et importait donc la plupart de ses toiles. Elle avait perdu le compte. Elles n'étaient pas très grandes mais faisaient chacune un certain poids. Elle en avait déjà transportée une dizaine quand une vive douleur vînt lui transpercer la jambe. Elle poussa un cri de surprise puis porta sa main sur la zone sensible. C'était sur cette jambe qu'elle avait chuté dans le parc ce jour-là. Son état psychologique au plus bas, elle avait complètement oubliée cet élément mais maintenant qu'elle était calme et dans son état normal, la douleur refaisait surface. Elle s'assit un instant et entreprit d'observer les dégâts. Sa jambe était en sang. Sans s'en apercevoir, elle s'était donc finalement ouvert en percutant le sol. Elle avait cessé d'être sensible à la douleur depuis sa mésaventure en Irak. Là encore la douleur psychologique et l'instinct de survie avaient pris le dessus sur le physique, mais cette fois elle allait devoir se soigner. Elle n'avait quasiment rien à portée de main. Elle avait également peu de médicaments à sa disposition. Elle n'était jamais malade et comme elle ne travaillait pas vraiment, elle vivait en général à son rythme sans subir stress ou même souci d'emploi du temps. Lorsqu'elle était fatiguée, elle s'arrêtait et n'avait généralement pas mal à faire passer un mal de tête. Lors de ses séjours en Afrique, elle avait acquis plusieurs techniques d'herboristerie qui lui permettaient même après la mort de faire face à la moindre contrariété mais cette fois, elle allait avoir besoin de plus que ses connaissances. Elle commença par essayer de nettoyer la plaie, qui était relativement profonde. Elle n'en revenait pas de ne pas l'avoir vu plus tôt. Elle avait besoin d'un coup de main mais elle n'avait pas la moindre envie de se rendre aux urgences et le temps qu'elle arrive, elle se serait vidée de son sang.
Si son voisinage n'avait pas été aussi indifférent et malsain, elle aurait tenté de frapper à la porte d'à côté pour demander un coup de main ou une voiture mais c'était exclu. Elle se souvînt alors d'une jeune femme qu'elle avait rencontré il y a plusieurs mois déjà quand elle avait eu besoin d'une ordonnance. Elle n'habitait pas très loin de chez elle mais d'après ce qu'elle avait entendu, elle ne travaillait pas en ce moment. Il y avait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Elle hésita puis au vu de la situation, se décida finalement. Elle se dirigea jusqu'à son bureau pour cherche le numéro de la jeune femme qu'elle finit par trouver. June Donovan. Elle saisit son téléphone quelque peu poussiéreux et passa son coup de fil. Elle tomba sur la messagerie et Arnkatla maudit l'invention des téléphones portables.

- Docteur Donovan ? Je suis vraiment désolée de vous déranger. Je sais que vous n'êtes pas en service mais ...

Elle reprit son souffle et s'assit sur la chaise, maintenant une main avec un linge sur sa jambe.

- C'est Arnkatla Hrafnsdottir. Ça doit faire une éternité qu'on ne s'est pas vus, je sais. Je comprendrais que vous aviez autre chose à faire mais j'ai comme qui dirait besoin des services d'un médecin mais vous êtes le seul que je connaisse et je doute que mes voisins acceptent de m'amener aux urgences si vous voyez ce que je veux dire. Donc si jamais vous pouviez passer, juste pour voir. Je veux pas vous déranger, j'espère que vous aurez ce message. Encore désolée, au revoir.

Arnkatla raccrocha et retourna dans le salon, pour tenter de commencer à soigner sa jambe mais c'était peine perdue. Mettant de côté son ego, elle se dirigea vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit pour voir si elle n'apercevait pas quelqu'un. Il ne vît malheureusement aucun de ses chers voisins. Les maudissant en silence, elle retourna dans le salon, sans prêter attention à la porte qu'elle laissa entre-ouverte.

June était chez elle en train de s’occuper de son fils Thomas. Il n'était encore qu'un bébé. Le petit grandissait de plus en plus. Elle tentait de l’amuser avec un jouet et le petit ne faisait qu rire. Que cet éclat était rechargeant ! La brunette souriait et riait même avec son enfant, ce qui était d’une rareté. Même elle ne connaissait plus son propre rire, tellement elle n’était plus d’humeur à profiter de la vie. La vie était un bien grand mot. La femme se laissait aller à ne rien faire ... Ici, on était dans le royaume de la mort de toute façon. Cela signifiait qu’une chose avait mis fin à notre parcours dans l’autre monde … Cette césure la belle ne l’avait jamais encaissé. Mourir avec toute sa famille dans un incendie, ça avait été la pire épreuve. Juny aurait tant voulu que les siens ne trouve pas le trépas et qu’ils restent heureux et vivants. Les voir morts, ça lui avait fait un choc et le contre coup en avait été la dépression. Maladie qui s’était bien sur accentuée au fils du temps. Le épreuves ne s’arrêtaient absolument pas là.
Lors d’un instant des plus banals, un fou furieux avait décidé d’organiser une fusillade. Idée folle en somme ! June faisait ses courses à ce moment même et elle fut surprise d’entendre des coups de feu dans le supermarché. La belle s’était donc directement cachée derrière un rayon pour ne pas se faire voir et aussi examiner la situation. Son réflexe avait été d’appeler les policiers pour qu’ils les sortent tous de là mais ils avaient pour cela eu besoin du médecin. Il lui avait demandé de filer le portable à ce monstre pour qu’ensemble ils soient en communication avec. Le stress l’avait bien sur gagné et pour les autres elle accepta car ça aurait été purement égoïste et méchant de ne rien faire. Après tout, elle n’était pas seule. Puis comment se regarder dans un miroir après cela ? June avait bravé le danger et elle avait su faire face à cet homme dangereux qui lui rit au nez. Elle lui avait fait passé le message et lui sans attendre, il lui avait tiré sur l’épaule. La jolie brune avait donc gisé sur le sol un long moment et la suite était floue pour elle. Elle savait qu’un homme l’avait aidé et que son portable avait fini écraser par le monstre.
Après cette catastrophe, la belle ne pouvait plus exercé son job. D’ailleurs encore maintenant, elle était en repos forcé car il fallait que son épaule se remette du choc et la rémission se faisait tarder. Peut-être que June n’y mettait pas du sien non plus. Son fiancé l’avait aidé pendant un long moment. Mais maintenant, le bel homme avait lâché l’affaire … Il ne comprenait absolument plus sa copine et il ne savait plus quoi faire pour qu’elle reprenne goût à la vie. Le pauvre se sentait vraiment dépassé. Et à ces jours il préférait voir ses amis et s’éclater. Il avait besoin de s’évader de cet enfer pesant. June s’occupe encore de Thomas mais difficilement. La belle ne soignait pas bien tout ça car elle avait une petite rééducation à faire mais comme Liam ne l’aidait plus elle avait préféré tout abandonner donc autant dire que son moral était à zéro et sa vie était quasi nulle … La brunette ne fichait rien sauf le soir, elle avait cette nouvelle habitude de sortir dans les bars et faire pleins de bêtises; boire, fumer, etc … Tout ça pour s’oublier et ne plus se reconnaître. Cela devenait pathétique. Bon le seul point positif c’était que là elle n’avait pas peur du monde comme en journée et elle faisait des rencontres.
June entendit son téléphone sonner mais occupée avec le petit, la brune ne bougea pas pour répondre. Elle n’attendait aucun coup de fils et elle n’avait en plus pas la forte envie de décrocher. Le cher répondeur prendrait le message pour elle. Il relatait le récit de l’énonciateur à haute voix. C’était Arnkatla, une patiente que le doc n’avait pas oublié. Les deux s’entendaient plutôt bien de plus. Apparemment ça n’allait pas … Juny devint fort inquiète.

« Docteur Donovan ? Je suis vraiment désolée de vous déranger. Je sais que vous n'êtes pas en service mais ... C'est Arnkatla Hrafnsdottir. Ça doit faire une éternité qu'on ne s'est pas vus, je sais. Je comprendrais que vous aviez autre chose à faire mais j'ai comme qui dirait besoin des services d'un médecin mais vous êtes le seul que je connaisse et je doute que mes voisins acceptent de m'amener aux urgences si vous voyez ce que je veux dire. Donc si jamais vous pouviez passer, juste pour voir. Je veux pas vous déranger, j'espère que vous aurez ce message. Encore désolée, au revoir. »

La brune ne réfléchit pas plus. Elle "refila" le petit à son fiancé, enfila une veste et hop elle se dirigea vers la femme qui avait un soucis. Le coeur de June battait car elle avait peur du monde extérieur mais elle marchait très vite, sans regarder les autres. Elle voulait être la pour la belle et ça ne l'ennuyait absolument pas. C'était à côté en plus et même si ça ne l’aurait pas été elle serait venue de toute manière. Arnkatla semblait si gênée au téléphone mais il ne fallait pas. La brune était enfin arrivée. Elle toqua plusieurs coups à la porte de l'artiste.

Arnkatla étouffa un gémissement de douleur. Elle avait vu pire bon sang ! Elle respira profondément et reposa un linge sur sa blessure. Celui-ci se tînt vite de rouge et elle se fit violence pour se relever et en cherche un autre, dans la cuisine. Boitant au moitié, elle cogna son pied contre l'un de ses toiles. Elle jura à voix basse et avait atteint la cuisine lorsqu'elle entendit plusieurs coups frappés contre la porte d'entrée. Elle sourit soulagée et se dirigea vers la commode de l'entrée pour aller y chercher ses clés. Elle fouilla avec précipitation avec une seule main, l'autre toujours plaquée contre sa jambe, retenant au passage, un pan de sa robe, qui était tenté du même rouge que le linge qui n'épongeait plus grand chose. Elle commença à s'énerver, face à ses recherches infructueuses lorsqu'elle aperçut qu'elle les avait laissé sur la porte. Elle se maudit en silence et s'empressa d'aller ouvrir.
Elle sourit, sincèrement lorsqu'elle vît que son coup de téléphone était arrivé à destination.

- Bonjour docteur Donovan.

Elle la laissa entrer et refermant cette fois sa porte à clé, se dirigea vers le salon. Les visiteurs étaient rares pour ne pas dire inexistants, aussi Arnkatla vivait dans un joyeux fouillis organisé, essentiellement composée de toiles vierges ou non, de pots de peinture, de pinceaux et de morceaux de tissus. L'ensemble avait un côté assez chaotique et Arnkatla adressa au docteur un regard d'excuse pour le bazar qu'était sa maison. Elle prit place sur le canapé et l'invita à en faire de même. Avec un geste lent et mesuré, elle retira le linge de sa jambe pour lui montrer la blessure pour laquelle elle lui avait demandé de venir.

- Ca n'arrête pas de saigner ! J'aurais surement du m'en occuper avant mais ...

Elle se tût et revît la scène dans le parc. Cette rencontre qui aurait pu être purement fortuite et accidentelle l'avait grandement perturbée. La jeune femme en question ne lui avait pas fait grand chose et semblait vraiment désolée sur le coup mais toute cette histoire avait réveillé les années de frustration en sommeil de la jeune peintre.

- Bref, je suis navrée de vous avoir dérangée mais comme vous voyez, j'ai bien peur que ça dépasse mes compétences.

Elle sourit timidement. Maintenant qu'elle était là, elle était gênée. Elle n'avait jamais eu de problèmes avec le docteur Donovan bien sur, c'était même l'une des rares personnes qu'elle appréciait sur le Skyline mais la mort lui avait volé le peu de sociabilité qui lui restait et elle fuyait les gens plus qu'autre chose. Avec le temps, elle avait fini par se persuader qu'elle pouvait gêner. Ce que ses voisins ne contredisaient pas, loin de là.

En attendant que le jolie brune ouvre, June était très stressée à l’idée de passer trop de temps en dehors de murs certains, sécurisés. La femme remit ses cheveux en place comme pour s’occuper et éviter de penser à son mal être. En fait ça l’invitait à ne pas regarder autour d’elle. Le médecin se concentrait sur cette « activité » bêtement. Arn ne mit pas trop de temps à ouvrir. Juny était fortement inquiète pour cette patiente qui semblait si mal. Qu’avait-elle de si grave ? C’était ultra urgent à ses dires et le doc ne voulait pas la laisser ainsi. A l’ouverture de la porte, June arbora un sourire forcé mais sincère. Elle n‘avait plus l’habitude de faire ce genre d’expression et malheureusement ça paraissait faux alors que le plaisir de voir l’artiste était bien là. Avant, la brune savait faire semblant, mettre un masque, de plus en plus ça devenait difficile. A quoi bon sourire quand on est pas heureux ? Se forcer renvoyait en pleine figure toute l’ampleur du mal être ressenti. Arnkatla se montrait ennuyée mais elle n'avait pas à l'être. Elle avait eu raison d'appeler. Elle avait bien fait d'ailleurs car en découvrant la belle , June comprit que ce n'était pas un infime soucis. Même si ça l'était elle serait restée bien sur.
June Donovan entra et dit bonjour en même temps à sa patiente. Elle se voulait discrète et attendait plus amples explications. Chez Arn, ça sentait l’âme d’une artiste née. La bazar régnait mais ce n’était rien et ça soulignait bien la vivacité de la femme. June ne jugerait pas. Juny répondit au regard gêné de la jolie, elle lui démontra que ce n'était pas grave du tout. Elle était très avenante. June suivait la brunette qui l'invita à s’asseoir sur le canapé. Elle s'exécuta. Son air se voulait inquiet.
Le médecin grimaça en voyant ce que Arn lui montra. Sa jambe était en piteuse état. C’était pas très réjouissant. La belle s’activa directement pour soigner sa patiente. Elle ne la lasserait pas avec ce soucis. C’était pas très beau à voir mais June avait l’habitude de ça. Elle se leva.

- Que s’est-il passé ? Elle la regarda droit dans les yeux. Je peux me permettre d’aller prendre une serviette dans votre salle de bain pour stopper l’hémorragie. Ça sera déjà ça. Elle n’y alla pas de suite attendant un accord et voulant la rassurer. Vous ne me dérangez absolument pas. Je suis là, pas de soucis. Soyez tranquille. Et n’hésitez pas à m’appeler en cas de problèmes. C’est bien de l’avoir fait là.

La grimace qui apparut sur le visage de June à la vue de sa jambe, confirma les craintes d'Arnkatla. Cet état la mettait mal à l'aise. Elle n'avait pas pas envie de passer plusieurs jours enfermée chez elle, en guise de convalescence. Cela n'avait rien à voir avec une quelconque vie sociale évidemment, celle-ci étant pour le moins inexistante mais elle n'aimait pas rester chez elle. Le résultat d'une vie passée sans cesse à parcourir le monde extérieur.
Quand le docteur Donovan lui demanda ce qu'il s'était passé, Arnkatla se repassa la scène dans sa tête. Elle était en train de peindre dans le parc comme souvent ces derniers jours. L'endroit était généralement calme et sa variété propice à l'inspiration. Elle gardait un souvenir assez flou de la collision mais pas de la colère et de la frustration qu'elle avait éprouvé à ce moment-là. Toutes ses émotions étaient alors devenus disproportionnées au point que le dialogue n'avait pu avoir lieu entre la jeune femme qui l'avait renversée et elle. Elle tentait de se rappeler comment elle était tombée, dans quelle position mais les détails lui échappaient. Elle n'arrivait pas à se souvenir si sa jambe avait seulement percutée le sol ou autre chose.

- Rien de particulier. Juste un accident dans le parc.

June lui demanda ensuite si elle pouvait aller chercher une serviette dans la salle de bain. Arnkatla approuva sans broncher. Il ne devait plus lui rester beaucoup de serviettes mais il était clair qu'elle allait encore en avoir besoin.

- Oui bien sur. C'est ... la première porte à droite.

Elle sourit au propos suivant de la jeune femme. Elle voyait bien qu'elle n'était pas au mieux de sa forme et ça n'avait pas l'air d'être du à une quelconque maladie physique. Elle n'osa pourtant pas en parler. Elle avait peur d'être indiscrète ou d'appuyer là où il ne fallait pas. Elle resta donc silencieuse et attendit qu'elle revienne de la salle de bain. Elle jeta un nouveau coup d’œil à sa jambe. Encore une nouvelle cicatrice en perspective. Elle observa ensuite la pièce. Elle avait vraiment devoir ranger un peu. Si elle devait rester là les jours à venir, elle saurait au moins quoi faire pour s'occuper. Elle aperçut une toile qui menaçait de tomber pour se fracasser. Se refusant à perdre une nouvelle toile pour la journée, elle se leva, un peu brusquement. Elle finit par l'attraper et la remettre en place. Elle sourit et recula légèrement. Dans son bazar, elle ne remarqua pas ce sur quoi elle trébucha. Elle ne réussit pas à se rattraper à cause de sa jambe instable et s'étala sur le sol pour la seconde fois de la journée.

- Skítur !

Elle s'assit et ramena sa jambe blessée vers elle. Sa chute avait entrainé plusieurs pots à pinceaux avec elle provoquant un certain vacarme. Elle espéra ne pas avoir inquiéter la jeune médecin.

- Tout va bien.

- Faudra que vous me racontez ? June était inquiète et tenait à savoir comment cela avait pu arriver. Ce n’était pas d’une cause naturelle car on avait pas ce genre de blessure en ne faisant rien. Quelqu’un avait du en être l’auteur. Peut-être que la jolie avait vécu une dure épreuve … La brune n’était pas du tout zen en pensant à tout cela mais elle ne voulait pas que ceci transparaisse. Elle revêtit son visage de docteur, de personne totalement neutre pour ne pas faire flipper sa voisine.

Arnkatla était bien amochée. Ce n’était pas rien. June n’avait pu cacher sa mauvaise surprise à la vue de cette jambe abîmée. La brune devait souffrir le martyr. Il fallait y mettre un terme. Le médecin n’était pas rassurant, elle devrait l’être mais ce n’était pas facile quand on était face à cela. Il était clair que cette blessure était grave. En recevant cet appel, elle ne se doutait pas que la situation était si urgente, pourtant ça avait été annoncé.
La brunette autorisa June à aller chercher une serviette pour stopper cette hémorragie sanglante. La belle dit un « merci » rapide et courut vers le lieu indiqué. Sous la panique, elle s’était d’abord trompée de porte et elle avait ouvert celle de la chambre d’Arnkatla mais elle s’était reprise et elle avait réussit à trouver cette fameuse salle de bain. Le médecin fut rapide et prit une serviette en en faisant tomber deux trois au passage. Ce n’était pas voulu mais c’était à cause de la précipitation et du manque d’attention.

- Je suis là, je suis là.

June arriva dans la pièce principale pour y découvrir la jeune femme au sol. Le fracas avait été audible mais jamais elle n’aurait pensé que c’était la jolie qui était « étendue » sur le sol. Son visage était tout paniqué et des tremblements survinrent.

- Que s’est-il passé ? Elle tenta d’asseoir mieux Arn dans un premier temps. Puis, elle appuya doucement la serviette sur la zone qui saignait. Il va falloir que vous restiez assisse ou allongée un bon moment car vous risquerez de tout aggraver. Elle souffla. J’ai eu peur. J’espère que ça va. Vous n’avez pas mal ailleurs ?

Arnkatla se contenta d'un hochement de tête. La scène était encore trop floue pour elle, il paraissait difficile de la décrire à son médecin. Sans compter que les détails dont elle se souvenait avait un côté presque ridicule à ses yeux. Elle laissa donc la jeune femme partir en direction de la salle de bain prendre une serviette. Arnkatla en avait alors profité pour remettre en place une toile qui menaçait de tomber mais elle finit elle- même par s'effondrer au sol. Les coupables n'étaient autre que des pinceaux qui trainaient. En temps normal, elle aurait réussi à se maintenir sur pied mais pas cette fois. Pas avec une jambe dans cet état.
Cette situation la rendait furieuse. Elle avait survécu à l'Afrique et aux terroristes. Elle avait résisté à la prison et aux dictateurs. Mais non, il fallait qu'elle se blesse dans la mort en train de peindre. L'activité à première vue la plus inoffensive du monde. Elle détestait son impuissance tout comme elle détestait sa vie actuelle. Elle n'était qu'une pauvre ermite folle et désespérée. Qui dans cette vie se soucierait d'elle si elle venait à mourir une seconde fois ? Elle était à bout de nerfs. Sa précédente crise menaçait de refaire surface.
June finit par revenir dans la salle de bain, mais sa vue ne suffit pas à la calmer. Bientôt des tremblement survinrent. Étaient-ils du à la blessure ou bien à son état psychologique ? Surement un peu des deux. La jeune médecin l'aida à s'asseoir et commença à presser la serviette sur sa jambe. Arnkatla tenta un sourire.

- C'est rien, je suis juste une bordélique maladroite !

Son ton se voulait léger mais son regard ne trompait personne. Elle serra les dents.

- D'accord. Je pense que je peux faire ça. Non ça va. Juste la jambe. Ne vous inquiétez pas, je suis dure au mal.

En temps normal oui mais dans le cas présent, c'était moins sur. Elle s'adossa au canapé et ferma les yeux. Elle devait essayer de calmer ne serait-ce ses nerfs ou elle menaçait d'exploser. June pouvait sans doute soigner sa jambe mais elle ne voulait pas lui imposer le reste. Elle avait sans doute suffisamment à se préoccuper de son côté. Une larme, traitresse, vint pourtant perler sur sa joue. D'un geste vif, elle l'essuya avant de jurer intérieurement.

June fut impressionnée de ce qui était arrivé à sa voisine. La pauvre! Elle semblait si gentille. C’était dommage qu’il puisse arriver malheur à tous, même les plus nobles. Il ne s’agissait pas d’un petit bobo, loin là malheureusement. Ça aurait été mieux. En tout cas grâce à cela, la belle brune pouvait en avoir plus sur le petit univers de Arn. Elle qui aimait la peinture, c’était souligné par le style de la maison. Elle aurait bien sur préféré lui parler dans d’autres conditions car là c’était malvenue. June tenterait de faire au mieux, bien que l’endroit rêvé serait plutôt les urgences. La belle souffrait tellement. Son visage en disait loin … Le médecin était attristée par cette vue. Donovan commença ses soins. La peintre tremblait. La panique était lisible. Elle devait se calmer car ça ne l’aiderait pas.

- Il faudrait que vous vous détendiez. Je sais pas facile … June détendit l’atmosphère sur le coup en répondant aux paroles de la femme. Il faudra ranger alors à l’avenir. Elle laissa échapper un rire léger et gêné. Bien, ne bougez plus. Arn annonça n’avoir mal qu’à la jambe. C’était un bon point. Vous êtes une courageuse. June regarda avec délicatesse la blessure. Je pense que c’est une belle fracture. Vous avez chuté ? La larme ne passa pas inaperçue. Ça va aller ? Je pense appeler les urgences. Il vous faut une opération.

En entendant les mots de June, Arnkatla se força à se calmer. Une fois dans la journée mais pas deux. Elle avait vu pire bon sang ! Il était temps qu'elle apprenne à faire face. Elle rit nerveusement quand elle entendit la suite. Oui, il faudrait vraiment qu'elle range. Mais pour l'heure, la maison ressemblait surtout à son état d'esprit. Un énorme fouillis ! Peut être que mettre de l'ordre chez elle, l'aiderait à mettre de l'ordre dans sa tête. Mais pour l'heure, elle pensait à autre chose. Elle concentra ses pensées sur la douleur pour tenter d'en atténuer l'impact. Elle resta muette ce temps là, laissant la médecin faire son travail, c'était sans doute mieux de la sorte. Elle réagit toutefois au mot "facture"

- Vous croyez ? Oh c'est pas vrai ! - Elle reposa la tête sur le rebord. Combien de temps aurait-elle besoin d'être immobilisée ? La pièce close allait la rendre folle. - Oui dans le parc sur mon matériel, on m'a percuté. - Elle retenait des gémissements de douleur mais la sueur perla bientôt sur son front. - Les urgences ? Quoi ? Non pas l’hôpital, s'il vous plait !

Elle se maudit intérieurement. Tout sauf l'hosto. Elle ne voulait plus avoir à y mettre les pieds, pas morte en tout cas. Pourtant quand June parla de chirurgie, elle comprit qu'elle ne pourrait pas y échapper. Elle soupira, vaincue mais toujours aussi réticente.

- C'est vous le médecin, j'en ai peur !

La blessure était telle qu’il fallait d’urgence se faire soigner en hôpital. June serait faire les soins pour ne rien empirer mais elle ne pouvait faire mieux. C’était assez grave en fait. Ça ne relevait pas du petit bobo qu’on pouvait se faire en tombant. La dégradation était bien trop importante maintenant. C’était même impensable qu’elle se soit fait cela toute seule … La belle devait tant souffrir. June ne se concentrait plus que sur cela. Elle regarda Arnkatla d’un air neutre, celui des médecins qui savaient ce qu’ils faisaient et qui stressait quand même légèrement le patient qui ne comprenait pas forcément ce qui allait se passer ensuite.

- J’en suis même sure … N’ayez pas peur. Ça arrive et ça se répare. June savait ce qu’elle avançait bien sur. Et ben on vous a absolument pas raté.[/ib] C’était une personne robuste à croire… La brune était impressionnée de ce qu’une personne savait faire comme dégâts. Le matériel y était pour aussi. [b]Je vais appeler. Calmez vous et ne bougez pas trop. Vous serez prise en charge, ne vous inquiétez pas. C’est important à ce niveau là de vous faire faire soigner par une structure qui s’occupe de cela. Arn était mal. June appela donc et signala tout cela. Elle accompagna la femme pendant ces longues minutes d’attentes. Elle tentait de la distraire etc … L’ambulance arriva toute bruyante chez la peintre. La jolie se fit emporter en direction de l’hôpital.


HJ : Je pense qu'on peut clôturer :à J'ai franchement bien aimé. C'est triste pour Arn :/