**Jayden Michael Wellington avait passé une journée assez calme. Il avait travaillé la veille comme à son habitude et son réveil avait été repoussé jusqu’à l’heure du dîner. L’homme avait toute suite profité du reste de sa journée pour prendre une bonne douche et aller faire un tour chez sa copine ; Holly M. Westley qui ne travaillait pas ce soir-même. Donc, lorsqu’il conclut sa visite chez la belle rousse, il prit chemin à pied jusqu’au Devil Tail’s, son bar. Jayden avait une voiture et ce serait sans doute plus simple pour lui de s’y rendre avec, mais lorsqu’il travaillait jusqu’aux petites heures, c’était assez régulier de le voir revenir avec quelques verres en trop. Durant son service, l’homme faisait divers travail, il ne faisait jamais le même job durant une longue durée, donc il pouvait boire quelques bières à un moment ou à un autre, sans parler des verres qu’on lui payait gentiment, ce que le rebelle ne pouvait guère refuser. Après une dizaine de minutes, Wellington entra dans son commerce. Il prit la porte arrière pour ne pas rester dans le bar et discuter un peu trop avec des clients, ce qui lui arrivait souvent. Jayden entra dans son bureau pour régler quelques trucs dont il n’avait pas la veille. Lorsque le tout était conclus, le jeune brunet se rendit jusqu’à la salle. Il n’y avait pas encore beaucoup de client, ce qui était assez normal. À quatre heure de l’après-midi, les clients n’étaient pas encore en train de boire une bonne bière, mais cela n’allait sans doute pas arriver bientôt. Le jeune barman afficha un sourire pour dire salut à quelques habitués qui buvaient déjà une bière au comptoir. Selon le comportement de ceux-ci, Jay pouvait bien comprendre qu’ils ne venaient pas d’arriver, souvent, ces personnes restaient en ces lieux à l’ouverture le matin jusqu’à la fermeture. Peut-être que la mort n’était pas la meilleure chose pour tout le monde. Certains n’avaient plus la présence de leur femme, leur enfants et leur famille, donc plus rien n’était important pour eux. Les heures passèrent et Wellington se fit convoqué par deux-trois vendeurs. Il alla donc signer les papiers et installa les boîtes dans l’entrepôt et retourna alors derrière le comptoir où quelques nouveaux clients venaient d’arriver. Il constata qu’un homme plus âgé était sur le coin du bar, c’est alors avec un sourire qu’il s’avança de lui.**

Une bière ?

**Proposa l’homme, même si le client pouvait bien prendre ce qu’il désirait. L’homme avait tendance à deviner ce que les clients désiraient.**

Vous êtes-vous déjà réveillé subitement, en sueur, car vous croyiez que quelqu’un se dressait juste au-dessus de vous à vous observer dormir? Ce quelqu’un, voyez-vous, observait Charlie toutes les nuits sans relâche, épiant ses moindres faits et gestes au rythme de sa respiration irrégulière. Charlie avait bien cherché, par tous les moyens, à le faire fuir; en vain. Au réveil, son image s’évaporait jusqu’au prochain songe – et il était là, à chaque fois. Qui était-il? Ce n’était pas une personne qu’il avait connue à tout le moins. C’était un espion, un agent double, qui récoltait toute sorte d’information sur lui pour lui nuire. Il en était sûr. Il n’y avait pas d’autres explications possibles.

Donc ce matin-là, ses draps avaient été arrachés du lit et sa nuque était humide. Dans un état second, il se redressa rapidement – malgré un tremblement certain au niveau de ses bras et ses jambes – se leva, fit machinalement son lit puis se dirigea vers la salle de bain. Il s’occuperait de l’inconnu plus tard. Douché, il se redirigea vers sa chambre pour s’habiller. Il ouvrit la porte du placard : on pouvait y voir ses 4 ensembles bleu marin, fraichement lavé, pressé, tous identique, à l’effigie du commissariat de Skyline. Au sol, deux paires de bottes lacées noires, en cuir. Dans ce petit coffre fort, son badge, son arme. C’était par mesure de sécurité. Il ne laissait jamais son arme à portée de main. Tant pour les autres que pour lui-même. Il revêtit son uniforme, enfila ses bottes, pris son badge et son arme et se rendit au travail vers 9h00 du matin. C’était jour de patrouille aujourd’hui. Puisqu’il n’avait pas une tête à se faire embêter, son patron le laissait patrouiller seul, lui ayant fait jurer d’appeler du renfort si cela s’avérait nécessaire. Il ne fallait pas se croire invincible, personne n’était immortel, même ici.

Au volant d’une voiture de police, il avait sillonné les quartiers environnants toute la journée, jusqu’à la fin de son quart de travail. La routine : quelques personnes ivres laissées à elles-mêmes dans les ruelles avoisinantes du Devil’s tail où ils avaient trop fêté et qu’il fallait raccompagner; de petits voyous qu’il fallait ramener à l’ordre avant qu’ils ne commettent de délit, des personnes âgées qui avaient encore une fois perdu leur chemin. Il n’y avait pas eu de vol qualifié, de voie de faits ou d’homicide. C’était une calme journée à Skyline... Vers 18h00, Charlie finissait sa journée de travail. Il se doucha, revêtit un jean bleu foncé, une chemise blanche dont il avait replié les manches et garda ses bottes. Il ébouriffa un peu ses cheveux qui étaient aplatis sur sa tête, enfila sa veste de cuir noir, ramassa son uniforme et partie en voiture en direction du Devil’s tail.

En fait, ce soir, il était encore en fonction, mais il devait passer incognito – il avait gardé son arme dans son dos, sous sa chemise et sa veste. Le commissariat avait en effet eu vent d’une histoire de trafic de drogue. Apparemment, les dirigeants du gang en question rodaient parfois au Devil’s tail. Il devait vérifier si ces informations étaient véridiques et procéder à des arrestations si cela s’avérait nécessaire.

Il arriva au bar vers 19h30. Accoudé au comptoir, un peu à l’écart, il attendait que le serveur vienne vers lui.

Une bière ?

Il fixa l’homme en penchant légèrement la tête d’un côté et de l’autre, comme s’il était en réflexion.

« Hum... Va pour la bière... et t’aurais pas un truc à grignoter? Je meurs de faim. »

Il scruta rapidement la salle – il y avait plusieurs personnes accoudées au bar et dans la salle – et revint vers le serveur, attendant sa commande. D’où il était, le propriétaire du bar ne pouvait pas voir que Charlie cognait frénétiquement son pied contre les barreaux du tabouret sur lequel il était assis. Il était un peu fatigué et la fatigue, ça le rendait un peu nerveux et impatient. Il prit une grande respiration et essaya de se calmer. Il parvint à esquisser un léger sourire.

**Jayden M. Wellington avait encore une fois vue juste. En fait, l’homme aimait bien faire de petits défis avec sa copine qui travaillait aussi au Devil Tails comme serveuse. Le jeune couple avait misé sur le nombre de proposition véridique. Donc, à chaque client, lorsqu’un membre du couple était de service, ils essayaient de proposer une boisson spéciale au client et cette fois-ci, Jayden avait encore l’avance. La soirée ne venait que de commencer et il avait déjà 3 points d’avance sur la belle rouquine. L’homme qui semblait savoir se tenir accepta la bière qu’il lui proposa donc Jay se retourna avec un petit sourire au lèvre en signe de triomphe. Il se pencha, ouvrit un réfrigérateur sur le sol et en sortit une bouteille. Il dépocha le bouchon de la bouteille et la déposa sur le comptoir. Il jeta d’un habile geste ce dernier jusqu’à la poubelle un peu plus loin. L’homme leva les sourcils lorsqu’il constata que c’était encore un succès pour lui. Il leva ensuite le regard vers l’homme. Wellington était mort depuis déjà quatre ans et même si il connaissait beaucoup de gens, il n’arrivait jamais à se rappeler où il avait vu les gens. Pour ce qui était de cet homme, ce n’était pas difficile, vu que sa tête ne lui disait vraiment rien, mais lorsqu’il regardait un duo d’homme assis sur un banc à la table à l’avant du comptoir, il se demandait vraiment où il avait déjà croisé l’un de ces hommes. Jayden devait voir avec ceux du village, les clients du bar, ceux qu’il avait vu dans sa vie terrestre, ce qui faisait beaucoup. Wellington avait parcouru les rues longtemps et avait croisés une grande quantité de gens. Il avait même déjà vendu de la drogue à une riche femme d’affaire et mère de famille de cinq enfants. Leur famille était si respectée à Denver qu’il était presque improbable que ce soit elle, mais contrairement à toutes les commérages, c’était bien cette femme et elle l’avait choisis comme dealer à cet époque, mais bon, ce n’était plus ce que Jayden faisait désormais, il s’occupait de ce bar et cela lui convenait bien. L’homme venait tout juste de déposer la bière à cet homme et lui dit alors avec un petit sourire amusé.**

Voilà, mec ; et pour les grignotines, tu choisis, là-bas dans le fond, arachides, saucisse ou oeuf mariné, croustille et on sert aussi ailes de poulet et des rondelles d’oignons si tu veux manger plus gros, sinon, on a un tas de menus sous le comptoir, tu peux commander, c’est toi qui voie !

**L’homme leva les sourcils et sourit à l’homme. Pendant ce temps, un autre homme lui demanda une bouteille de bière et un sac de croustille au ketchup, ce qu’il s’empressa de servir. L’homme ne lui donna qu’un maigre pourboire, ce qui permit à Jayden de lever les sourcils de dégoûts face à cette maigre somme, mais cela ne sembla pas changer la décision de l’ivrogne qui retourna à sa table. Jay lança un sacre discret et se retourna vers l’homme au bout du comptoir avec un grand sourire.**

Vous avez choisis ou vous voulez que je trouve pour vous ?

**Bien sur, ce n’était qu’une petite blague. L’homme poussa un petit rire pour démontrer cela à l’homme. Parfois, son mauvaise humour pouvait rendre les gens mal à l’aise ou même insulter, donc en tant que propriétaire des lieux, il devait rapidement reprendre le dessus.**

Charlie fut soulagé de voir que le serveur n’avait rien remarqué quant à son tremblement. Non, ce n’était pas le temps d’attirer l’attention sur lui ce soir. Il devait rester discret, décontracté, tout en restant à l’affut de tout ce qui paraissait suspect. Bon, la soirée était encore jeune et il y avait peu de chance qu’il se passe quoique ce soit maintenant. Il avait bien le temps de manger un peu. Il prit alors la bouteille de bière dans une main et en but une gorgée tout en réfléchissant à ce qui rassasierait son gésier. L’énumération du serveur lui fit retrousser les lèvres de dégout : saucisse ou œuf mariné? Par chance, le serveur ne l’avait pas vu, étant parti servir un autre client. Il n’avait jamais vraiment aimé traîner dans les bars. Il n’aimait absolument rien de ce genre d’endroit : le lieu – souvent sombre et crasseux, la clientèle – qui abuse trop souvent de l’alcool, l’alcool lui-même – en général, ça n’est jamais bon de mélanger médicament et alcool... mais bon, cette fois, il n’avait pas trop eu le choix. S’il ne prenait pas d’alcool alors qu’il était dans un bar... ça aurait l’air étrange. De plus, il était en service, mais son patron lui avait dit qu’il pouvait bien s’en payer une, question d’avoir l’air plus décontracté. Il avait suivi son conseil, mais pour l’instant, ça ne fonctionnait pas vraiment.

Il décida alors de tirer un menu de sous le comptoir pour voir ce que le bar avait à lui offrir. C’était un menu classique, style bistro. Il trouverait bien quelque chose qui ne soit pas mariné dans le vinaigre... Il tournait les pages rapidement, lisant les grandes catégories. Il releva les yeux quand il vit le serveur revenir vers lui.

« Vous avez choisi ou vous voulez que je trouve pour vous? »

Et là, le serveur s’était mis à rire. Charlie ne comprenait pas ce qu’il y avait de drôle. Il faut dire que Charlie était plutôt du type antisocial et il n’était certainement pas quelqu’un de très humoristique. En fait, c’est qu’il avait beaucoup de difficulté à prendre les choses qu’on lui disait au deuxième degré. Pour lui, il n’y avait jamais de sous-entendu. Il ne cherchait pas plus loin que les mots. Et dans « Vous avez choisi ou vous voulez que je trouve pour vous? », il n’y avait rien de drôle.

Il haussa les sourcils et plissa le front d’un air suspicieux. Il déposa le menu sur le comptoir et s’adressa au serveur, étant, en effet, incapable de choisir. Rien dans le menu n’avait attiré son attention.

« Je vais prendre les rondelles d'oignons. Merci. »

On aurait dit un robot qui parlait. Mais c’était ça Charlie. Quelqu’un d’un peu déconnecté de la réalité. Quelqu’un aux abords pas très sympathiques, plutôt froid. Mais Charlie n’était pas fondamentalement méchant ou désagréable. Il n’était simplement pas attiré par les autres. Il avait beaucoup de difficulté avec la vie en société... ce qui expliquait qu’il s’était trouvé une maison en retrait de la vie trépidante du centre-ville où il ne se sentait pas vraiment à son aise.

Il fixa le serveur dans les yeux en attendant une réponse de ce dernier. Cela pouvait paraître intimidant, mais cela n’était pas dans ses intentions.

**Jayden venait de donner la bière dont l’homme avait demandé. Il faisait son travail et sans plus, le brunet voyait bien que cet homme n’était pas d’allure très sociable, bien qu’il pourrait essayer de l’amadouer un peu plus, le brunet préféra ne rien faire. Ce mystérieux inconnu n’avait pas sourit et rit lorsqu’il l’avait fait, soit il n’avait aucun sens de l’humour, soit il avait passé une mauvaise journée ou il n’était pas un homme très sympathique, de toute manière, il ne devrait pas le côtoyer longtemps, il allait continuer à le servir et faire son travail comme si de rien n’était. Tandis qu’il avait été servir d’autres clients, l’homme avait pu faire le choix de ce qu’il voulait manger. L’homme décida de prendre finalement une rondelle d’oignon. L’homme leva les sourcils avec un grand sourire et prit alors les menus pour les remettre sous le comptoir. Il remonta ensuite son regard vers l’homme et y répondit finalement.**

Parfait ! Une rondelle d’oignon pour monsieur, je vais aller vous partir cela, ce ne sera pas bien long..

**Jayden quitta alors le comptoir pour aller dans la petite cuisine située un peu plus loin. Il y avait un homme qui s’occupait de faire griller des rondelles d’oignons, des frites et des ailes de poulet pour les clients, mais bien sur, ce n’était pas son seul job au Devil Tail. Ce n’était pas régulièrement qu’on en mangeait, donc si Wellington ne voulait pas le payer inutilement, il avait dut lui confier quelques autres tâches, comme de vérifier les réserves et remplir les frigidaires. Malgré cet emploi un peu emmerdant, l’homme aimait bien la compagnie de Jay et c’était pareil de son coté, donc le travail se faisait avec une touche d’humour comme le faisait Wellington la plus part du temps. Il donna alors la commande et retourna dans le bar pour regarder si tout se passait bien. Il fit un sourire pour saluer un homme qui passa par là pour aller à la salle de bain et c’est là que l’homme lui dit que sa commande était prête. Le brunet se retourna agrippa le panier et se dirigea vers le comptoir. Il déposa celui-ci devant l’homme avec un sourire amusé.**

Et voilà, fraîchement frit ! Ça va vous faire 6,50$ cher monsieur !

**Jayden afficha un sourire en montrant bien ses dents. Il attendit alors que l’homme lui tende un billet. Il ne savait pas pourquoi, mais quelque chose lui disait que cet homme avait quelque chose à cacher. Wellington ne pourrait pas y mettre sa main au feu, mais cet intuition le hantait depuis l’arrivé de celui-ci. Pendant ce temps, les deux hommes qui parlaient devant le bar s’échangea de la marchandise illicites, mais bien sur, avec la conversation des deux hommes, rien ne put se faire voir.**

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