Une fois encore, mes amis, tous à la brèche !
L’Écossais se sentait par moments comme un Hamlett depuis que Len l'avait éconduit sur le parking du supermarché quelques temps après qu'il soit arrivé ici. Skyline était un endroit qu'il détestait la plupart du temps, et quelquefois il trouvait la force, la motivation et la raison qui faisait qu'il ne le détestait qu'un peu. Un tour au parc pouvait parfois suffire ; il doutait que cela suffirait cette fois. Il sentait lorsque ça n'irait pas. L'atmosphère, le bruit de fond ... Généralement, lorsque de sales mioches en bas âge jouaient à se lancer des crottes et de la boue, c'était déjà très mal parti.

L’Écossais marcha un peu pour trouver un endroit tranquille, où il pourrait méditer tranquillement et se reposer l'esprit avant de s'en retourner à son ignoble non vie inintéressante dont il ne pouvait même pas s'échapper. C'était vraiment le comble de l'horreur, en fait, la Mort.
Il passa par des endroits saturés de jeunes couples et de leurs mioches qui sentaient encore le talc et la merde parfumée à la crème hydratante. Ailleurs, il croisait des couples de sales gosses à peine pubères, en train de s'embrasser avec la bouche tellement ouverte qu'on aurait cru qu'ils s'avalaient mutuellement leurs vomis après une soirée trop arrosée. Quand ils auraient les lèvres tellement gercées que ça leur ferait mal, ils comprendraient qu'être un morfale n'est en rien sexy ou cool. C'était tout juste jeune ; ce qui n'avait rien d'un argument mélioratif.

Finalement, il arriva au bout du parc dans lequel il s'était aventuré. Il y avait là un point d'eau qui devait sûrement alimenter le quartier. Il avait été aménagé pour inviter au repos, avec un banc en pierre et une large balustrade du même matériau, basse, érodée par le temps. On se serait cru dans un coin de l’Écosse. C'était charmant. Il aurait aimé s'arrêter ici, mais il y avait déjà quelqu'un, une jeune fille aux cheveux bruns et lisses qui semblait perdue dans sa propre contemplation de l'étendue aquatique. Ça pouvait paraître égoïste, mais il préférait être seul et, là, il n'y avait qu'un banc, même pas un autre banc ou une séparation au milieu, non, un banc deux places.
Après tout, si disait-il, si elle regardait l'eau, elle ne l'ennuierait pas. Elle avait sans doute ses propres affaires auxquelles penser.
Alors il s'approcha, doucement, pour qu'elle ne tourne pas son attention vers lui, et il s'assit, autant au bord que possible. Il inspira, puis expira profondément, et tenta de s'abimer dans ses pensées ; mais la présence d'une étrangère à côté de lui le perturbait, et il n'arrivait pas à se lâcher avec une interférence pareille près de lui.

Alors, un peu frustré, il se tourna vers la perturbation en question, discrètement, jaugeant s'il devait s'en aller, la dégager, ou bien essayer de s'habituer à sa présence. Il observa son visage de profil, et l'expression qu'elle affichait en observant la surface de l'eau le saisit à la gorge.
Il y avait dans ce regard la saveur âpre d'un souvenir douloureux, et la rancune de la victime impuissante, deux choses que le policier avait trop souvent vu en tant que flic, et qu'il avait déjà bien trop vu avant de le devenir.
Tout d'un coup, il n'avait plus envie ni de partir, ni la faire partir. Il n'avait pas non plus envie de s'habituer à ça. Si on arrivait à s'habituer à ce genre de regard, à rentrer et dormir sans un triple verre de whiskey après, alors on était aussi perdus que les gens dont les actes les provoquaient.
Incertain, l’Écossais décida de tapoter l'épaule de la jeune femme. Elle parut surprise et lui lança un drôle de regard, attendant sans doute la raison de cette interpellation inattendue et peu orthodoxe. Sur le coup, le policier n'eut rien à dire, mais il essaya de sourire et chercha à engager une conversation plus légère. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ?!


« Bonjour, excusez-moi, je voyais que vous aviez l'air un peu seule, alors ... Enfin ... Je me suis dit qu'on pouvait discuter au lieu de ruminer de mauvais souvenirs. »

Aujourd'hui était une journée idéale pour mener à bien le conseil de Zach, ne pas rester enfermé dans son appartement bien grand mais trop grand enfaite. Déborah commençait à se sentir mal à l'aise dans une si grande maison, elle n'aurait pas du avoir les yeux plus gros que la tête mais disons qu'a son arrivée, elle n'avait encore réalisée qu'elle allait vivre seule à présent.
Elle se prépara à sortir, elle mit ses chaussures et prit ses clés, elle ferma la porte après être sorti du domicile et se colla à la porte clause. Elle avait en face d'elle la rue, la grande rue où passait beaucoup de monde, certains avait le regard dès début, celui que certains ont en arrivant au Skyline, elle avait été comme eux, apeurée, triste et complètement perdue.
Elle se jura d'aider les nouveaux à s'intégrer, elle ne voulait pas que certains soit comme elle, sans personne à qui parler pendant des jours. Cela pourrait aider de venir les voir, elle souriait à sa nouvelle résolution et descendit les marches qui menait au trottoir de sa rue.
Lys ne savait pas vraiment où se rendre, elle décida de se balader et de s'arrêter dans un endroit où elle ne s'était pas encore rendu depuis son arrivée.
Le lieu qui finit par retenir son attention fut le parc, un magnifique parc, beaucoup de monde profitait de la belle journée qui se présentait à eux et les amourettes étaient de sorties! Déborah se rendit compte qu'elle, elle n'avait pas eu réellement de relation amoureuse. Elle regarda les amoureux assis sur les bancs et se rappela une chanson française de Monsieur Brassens, un homme qui avait de belles chansons.
Déborah se mit à chantonner, elle avait prit sa guitare avec elle, elle chercha donc un banc libre où elle pourrait s'installer et se mettre à chanter. Elle trouva un coin sympa près de l'eau et se mit à chanter pour seul accompagnateur : sa guitare. ( petit plus : https://www.youtube.com/watch?v=ic_wbt63LD8 )

Elle avait le sourire, elle se remettait à revivre, elle se sentait bien dans le parc, elle pensa donc de faire de ce coin, l'endroit de sa renaissance ! La chanson toucha à sa fin, en tournant la tête, elle vit deux gamins entrain de s'amuser à se pousser, à rire si fort que Déborah rigola de leurs bêtises. Les deux enfants sont passés près d'elle et l'un deux à chercher à foutre l'autre dans l'eau ce qui eu l'effet d'un électrochoc pour Mademoiselle Lys.

Flashback ON : Une journée qui se présentait bien, une fête d'anniversaire qui allait être énorme, une ambiance de folie, sa meilleure amie qui avait réuni tous ses amis pour fêter ses un an de plus dans le monde des vivants. Tout se présentait comme il fallait et il avait fallu que les garçons de la bande soient un peu trop excité par l'alcool, Déborah se retrouve dans la piscine malgré sa peur de l'eau. Elle s'était fait poussée par l'un des garçons et avait plongé sa tête dans l'eau et ne l'avait pas remonté à temps pour la laisser reprendre son souffle.
Quelques minutes plus tard, les ambulances arrivent mais Déborah était déjà partie en direction de Skyline. Flashback OFF.

Déborah sursauta, en effet un homme l'avait sorti de ses “rêveries”, Lys attendit que l'homme parle et il finit par le faire. Déborah lui fit un sourire malgré la surprise de son interpellation :

« Bonjour, parlons si vous le voulez mais dite moi de quoi vous voulez discuter ! Je m'appelle Déborah. »
Elle lui tendit la main afin de serrer la main de l'homme assis près d'elle mais terriblement au bord du banc, elle fit les grands yeux et lui parla en rigolant :

« Vous avez peur que je vous morde que vous vous mettez autant au bord du banc ? Rapprochez vous ! Je ne mords pas... enfin, je n'en ai jamais eu l'occasion. »

Déborah lui fit un sourire, elle aimait bien la tête du garçon.

En engageant cette conversation, Caleb ne s'était pas attendu à recevoir une appréciation particulièrement engageante. Il avait été maladroit, mais la jeune brunette qu'il avait à côté de lui ne sembla pas se formaliser. C'était une chance pour lui. Soit elle l'avait trouvé mignon et s'était montré gentille pour cette raison, soit elle était vraiment sympathique, et ce dernier point serait bien sûr le meilleur des deux. Avoir retrouvé Len l'avait perturbé, et il n'était pas sûr de vouloir se reperdre dans des aventures sans lendemain comme il l'avait fait depuis qu'elle était morte. Dans sa tête, les choses étaient assez confuses. D'un côté, ses vieilles habitudes, sa vie de célibataire écorché lui collaient à la peau. De l'autre, il nourrissait naïvement l'espoir de pouvoir renouer des liens réels avec l'amour de sa vie ~ et accessoirement, selon toute vraisemblance pour l'instant, l'amour de sa mort ; mais ça sonnait bizarrement. Il espérait vraiment pouvoir reconquérir son cœur, n'avait pas l'envie d'abandonner. Bien sûr, c'était un homme jeune et dynamique, et il avait l'appétit sexuel qui allait avec. Il pensait néanmoins pouvoir se contrôler, et, s'il n'avait pas l'intention de renoncer à vivre pour des espoirs chimériques, il n'avait pas encore agi dans le sens contraire. Elle lui avait dit d'aller son chemin, mais lui ne pouvait pas s'y faire.
Quoi qu'il en soit, il se laissa embarquer par l'apparente gentillesse de la jeune femme à côté de lui, et, quand elle l'encouragea à se rapprocher, il fut hésitant, mais, les lèvres pincées et avec un raclement de gorge contrit, il s'exécuta tout de même, lentement. Il se rapprocha, jusqu'à ce que leurs épaules se touchent presque.


« Oui. Je me suis mis au bord parce que ... Disons que j'étais sorti dans l'idée de rester seul, mais ... »

Il laissa la phrase en suspens et ne la finit pas. Le banc n'était pas large. Cette proximité le gênait au moins autant qu'elle le motivait à continuer, pour des raisons diverses. La belle brune à ses côtés était à son goût. Physiquement, même si elle était plus jeune et si, naturellement, son visage était bien différent, elle avait beaucoup de points communs avec Len. Sans se l'avouer mais tout en en étant toujours conscient, il avait toujours choisi ses partenaires ~ il se refusait à parler de petites amies ou même d'amies ~ parce qu'elles avaient des points communs avec elle. Plus d'une l'aurait giflé en l'apprenant, mais lui ne pouvait rien y faire. Il n'en parlait pas et n'y pensait pas, et c'était mieux comme ça. Il se serait torturé, autrement, et il n'était pas certain d'être assez psychomasochiste pour le supporter. En même temps, la proximité l'invitait davantage à parler, à engager la discussion. Peut-être était-ce ce qui le gênait vraiment, dans le fond ? Il choisit de s'efforcer de laisser de côté sa gêne, sexuelle autant que sociale. S'il se montrait gêné envers toutes les demoiselles à son goût qu'il croisait, après tout, il n'aurait jamais la moindre chance de vivre une mort épanouie ... Il sourit, un sourire radieux qui avait l'habitude de radoucir les malfrats et de faire chavirer les cœurs des demoiselles, puis reprit.


« Je vais peut-être vous braquer, mais je vous observais à l'instant, et je n'ai pu m'empêcher de voir votre expression. »

Tout en gardant un air amical, il se fit un peu plus sombre, plus sérieux, avant de reprendre, un peu hésitant. Il ne lui dirait pas qu'il était flic, c'était rarement le genre de chose à dire pour créer un contact.


« J'ai souvent eu ce regard ces derniers temps. Disons que ma mort a été quelque peu inattendue et violente. Mais j'en oublie mes manières. Je m'appelle Caleb. »

Déborah n'était pas spécialement attirée par l'homme mais il avait une présence qui rendait à l'aise la belle, elle lui fit donc un sourire en voyant qu'il se rapprochait d'elle malgré son air gêné, Lys n'avait pas pour habitude de croiser des gens comme lui. Qui n'ose pas vraiment se coller à elle, elle pensa alors qu'elle ne lui inspirait pas grande confiance mais son air souriant à présent, la rassura et l'a fit sourire à son tour.
Il avait donc envie de rester seul mais cette envie ne resta pas longtemps quand il vit Déborah, s'était une chose intéressante. Il finit par dire à Lys qu'il avait remarqué son regard avant qu'il ne l'interpelle, pas étonnant, elle devait avoir une tête qui tirait vers la tristesse et la colère, elle n'avait pas pour autant envie de lui dire mais elle le regarda et ne pu s'empêcher de lui dire dans les grandes lignes, ce qui l'a perturbé. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle allait se confier mais la tête de l'homme, lui inspirait confiance, elle sourit et parla :

« Je repensais à ma mort, ce n'est pas joyeux comme sujet de conversation, non ? Mais si vous tenez vraiment à savoir ce qui s'est passé, je vais vous servir volontiers... On m'a poussé dans une piscine, on m'a empêcher de mettre la tête à la surface... j'ai paniqué, j'ai peur de l'eau... ils ont fini par me remonter à la surface mais ils n'ont pas réussi à me sauver... je suis morte avant que les secours n'arrivent. »

Déborah regarda Caleb, elle n'avait pas réagi quand il lui avait dit son prénom et lança un bref :

« Enchanté de te connaître ! » Elle lui fit un léger sourire et tourna la tête vers la surface de l'eau, quelques poissons passaient et avaient l'air de se plaire dans cette eau, si seulement Déborah n'avait pas peur de l'eau... le jour de sa mort, elle aurait peut être réussi à survivre. En effet, quand on as peur de l'eau et que nous sommes contraints de s'y retrouver et quand plus quelqu'un appui sur notre tête pour ne pas nous laisser respirer, la panique prend vraiment bien le dessus.

Caleb écouta la jeune fille posément. Il ne lui avait rien demandé explicitement, mais elle s'était livrée sans attendre. Peut-être en ressentait-elle le besoin, sur l'instant. Il écoutait sans rien dire, atterré en son for intérieur, mais conscient qu'elle était loin d'être la seule à avoir eu une mort stupide en apparence. Tant de gens perdaient la vie de façon stupide qu'on se demandait parfois si ceux qui n'en faisaient pas tant n'étaient pas bizarres, plutôt que privilégiés.
Dans son cas à lui, le policier n'aurait su dire si sa mort était stupide, ou juste malheureuse. On avait sans doute beaucoup souffert de son départ. Mais il y avait toujours les commentaires du genre quand même, c'est vraiment trop bête qui laissaient en suspens la question : mourir de cette façon en service, bien que ce soit possible et, en l'occurrence inévitable, est-ce stupide ?
Tout en repensant à cela, il écoutait, et ne se sentait pas le cœur à blâmer, ni à minimiser. C'était effrayant, de mourir, car on perdait rapidement sa peur de la mort, ce qui était une bonne chose, mais aussi, et surtout, on oubliait à quel point son ombre était amère aux cœurs des vivants.
Et puis, finalement, elle finit par lui adresser une sorte de réponse à sa présentation. Il ne connaissait toujours pas son nom ; peu lui importait, au final. Il lui sourit, et puis il y eut un silence. Elle s'était retournée vers l'eau, elle avait retrouvé son air grave. Elle devait y repenser, après l'avoir sorti. Et si elle avait été bonne nageuse, et si ce train avait eu une minute de retard, et si ... et si ... Voilà la grande question sans raison ni sens qui taraude souvent les morts et les vivants. Il y avait là, au moins, une chose qui ne changeait pas d'un état à l'autre.


« On se dit souvent que les choses sont mal faites, mais, dans le fond, ce qui est fait est fait, et, sans ça, on ne serait ni où nous sommes ni vraiment les mêmes. »

Il avait parlé d'un ton tranquille, apaisant. Il espérait la convaincre d'écouter, d'y repenser, et, si ce n'était tout de suite, peut-être plus tard, peu importait quand.


« Tu as l'air d'être encore sous le choc. Tu as essayé d'aller voir quelqu'un ? C'est pas bon de ruminer de telles choses. Ça nous ronge, ça nous rend malade. Tu ne veux pas pardonner ? »

Déborah était en effet encore perturbé par sa mort, elle regarda silencieusement l'homme auprès d'elle, elle l'écoutait parler, bien que des cris d'enfants se faisait bien entendre et qui venait un peu de leurs cotés. Déborah avait écouté Caleb avec attention, à présent elle décidait de réfléchir silencieusement, elle avait pris chaque parole, pour des paroles sages et gentilles. Sa voix était agréable, l'écouter était pour elle, un délice.
Elle se tourna vers les enfants, elle ne voulait pas qu'ils s'en aillent, elle les regarder sans dire un mot, elle était repartie dans ses rêveries.
Elle finit par se décider après avoir regarder les enfants un bon moment, de se remettre en face de Caleb. Elle ne s'était pas mise en face de l'eau, elle avait tourné son corps de façon à être en face de l'homme, elle avait à présent une de ses jambes sur le banc, ce qui provoqua un rapprochement de plus avec Caleb. Il avait déjà pas eu très envie de se coller à elle mais maintenant, la miss prenait ses aises et touché à présent Caleb, elle ne s'était pas tournée de cette manière pour se rapprocher de lui mais seulement pour prendre une autre position, pour paraître plus à l'aise, sans doute.

Après avoir ouvert et fermé sa bouche à maintes reprises, Lys s'autorisa à prendre la parole à son tour :

« Tu parle de consulter un psy ? Si cela et même si ce n'est pas ce dont tu parle, je n'en ai pas clairement parlé jusque maintenant, je n'en ressent pas vraiment l'utilité et j'aimerai en faire baver, serait ce qu'un peu, foutre la frousse à ce qui m'ont fait cela... Il y as des chances pour que je les laisse vivre... un peu. »

Déborah s'est tut après avoir parlé en faisant une longue phrase, elle ne tenait pas vraiment à ce qu'on s'étale sur sa vie mais si cela lui permettait de rester en charmante compagnie, elle ferait avec évidemment.

Il y eut un moment de flottement après que Caleb ait parlé. La jeune femme se mit à regarder ailleurs, silencieuse ; mais elle ne se tournait plus vers l'eau. L’Écossais réalisait qu'elle réfléchissait, qu'elle essayait de faire le point dans sa tête. Alors il se tut, il attendit. C'était à lui de regarder le lac. Il observa sans dire un mot. Lui, ce lac le ramenait très vaguement aux lacs d’Écosse, cette terre natale si lointaine, où tant de rêves avaient été refoulés du pied et où la Mort avait frappé bien tôt. Avait-il le mal du pays ? Un peu. Il se demandait parfois pourquoi, à sa mort, on l'avait envoyé ici, et pas dans un environnement familier. L'idée de vivre sa mort comme on l'avait vécu le séduisait, mais même l'outre-monde avait ses limites. Des fois, oui, il avait un peu le mal du pays, mais il se calmait tout de suite lorsqu'il réalisait qu'au final, ici, il vivait aussi bien, sinon mieux, que là-bas. Et puis, même si elle l'avait repoussé, rejeté après tant d'années d'attentes et d'espoirs, Len, elle aussi, était ici.

Il finit par sentir la jambe de la jeune fille toucher la sienne. Elle s'était tournée vers lui, et ils étaient maintenant en contact. Le policier ne fit rien pour l'en empêcher. Même s'il trouvait ce contact peut-être un peu trop intime, il ne lui en nourrit pas rancune, et la laissa faire. Maintenant qu'ils avaient établi un contact, de toute façon, il ne pouvait pas la fuir. Il avait envie d'aller au bout de cette discussion. Il sentait, au fond de lui, qu'un peu d'aide lui ferait du bien ; qu'elle en avait besoin pour ne pas faire de bêtise. Il ne lui avait toujours pas parlé de son métier, car il avait peur de saboter son travail et de la faire fuir. En tant que confident, il avait une meilleure marge qu'en tant que flic.
Apparemment, elle était perdue dans ses projets de vengeance. Les craintes de Caleb se confirmaient. Il se retint d'user l'argument du je suis flic et je t'ai à l’œil, parce qu'il commençait à l'apprécier. En revanche, il ne retint pas l'expression préoccupée qui marqua son visage presque instantanément.


« Tu sais que de tels actes peuvent t'attirer de gros ennuis, à toi ... ? Même si tu les faisais souffrir, et les tuais, encore, et encore, à chaque réincarnation, est-ce que tu crois vraiment que le jeu en vaudrait la chandelle ? que tu te sentirais mieux ? »

Il lui lançait un regard entendu. Il ne croyait pas du tout que la vengeance allait pouvoir la guérir du mal qu'elle sentait en elle. Alors, sans révéler son métier, comme toujours, il se décida à révéler un peu des circonstances de sa mort.


« Tout à l'heure, je disais que ma mort avait été violente et inattendue. J'ai croisé un type, dans la rue, que je ne connaissais pas. Il a sorti un flingue et m'a abattu. J'ai agonisé pendant un moment. Pourtant, je ne le cherche pas. Je ne crois pas qu'aller le tuer après sa mort et le faire souffrir me soigneront. »

Déborah commençait à réaliser que la vengeance n'était pas une solution mais elle continuait de penser que leurs foutre la frousse serait ce que cinq minutes, elle adorerait ! Cela n'était pas tellement sympa de la part de la miss mais avait envie de leurs faire peur pour leurs montrer que je les surveille encore. Si Déborah se rendait compte que ses "amis" n'avaient pas fait exprès, cela pourrait tout changer mais elle n'était pas sure qu'ils n'aient pas pensé à sa peur de l'eau. Peut être que l'alcool en était pour quelques choses mais comment savoir si elle ne vas pas les voir et les provoquer un peu ?

« J'ai envie de leurs faire peur, voir s'ils se rendent compte de ce qu'ils ont fait ou qu'ils s'en fichent complètement, cela pourrait être bien de savoir, quand ils viendront ici, je pourrais peut être les pardonner sans avoir à faire de long discours pénible en tête à tête avec chacun d'eux. »

Déborah avait toujours sa jambe contre Caleb, elle ne semblait pas être gênée et il n'avait pas l'air d'être choqué non plus. Déborah écoutait l'homme, il avait eu une mort subite et remplis de questions :
Pourquoi lui ? Qu'as t-il fait ? Qui est il vraiment ?

« Tu est qui pour avoir été tué ainsi ? Un flic qui aurait enfermé un mec cherchant à tout prix la vengeance ? Un simple citoyen ? Qui aurait été pris entre deux flingues ? »

Lys ne voyait pas vraiment pourquoi on aurait tué un homme, aux abords si gentil mais peut être que la miss se trompait sur la personne, il était peut être un mec qui était tout sauf adorable !

Avertissement potentiellement funeste pour leur discussion que la dernière phrase de Debie. Visiblement, elle commençait à se poser des questions sur son identité. Aujourd'hui, on essayait toujours de mettre une étiquette sur tout et tout le monde. C'était à la fois tranquillisant et horriblement arbitraire. Une fois qu'on avait une étiquette collée sur le front, il était plus que difficile de la retirer, ou de la remplacer par une autre. Bien souvent, on ne pouvait que nuancer l'étiquette qu'on nous avait donné, dans l'espoir qu'on nous autorise à en changer pour une qui nous convenait, sinon mieux, moins mal.
Caleb réfléchit rapidement, comme à l'accoutumée. Il avait l'habitude, tant en tant que taulard qu'en tant que flic, de réfléchir vite et sans en donner l'air. Il pouvait, bien sûr, expliquer qu'il était flic, mais Debie se fermerait à lui. Au mieux, elle s'en allait mais, persuadée qu'il l'aurait à l’œil, renoncerait à commettre l'irréparable. Au pire, et plus sûrement, elle s'en irait en le mettant au défi de l'arrêter. Il ne voulait pas qu'elle se ferme. Il sentait bien qu'il avait réussi à immiscer le doute. Elle ne changeait pas d'avis, mais elle comprenait, elle était réceptive. Elle n'était pas mauvaise, dans le fond ; il était même certain qu'elle avait bon fond. Son jeune âge et son flot d'hormones y faisaient beaucoup. A son âge, on pardonnait difficilement. Comme le répétait souvent le révérend, en prison, le dimanche, apprendre le Pardon était une des tâches les plus difficiles à cerner et à accepter pour se rapprocher de Dieu. Caleb n'était pas spécialement croyant, mais il admettait que les fondamentaux de toutes les religions aspiraient à faire de tous les êtres humains des êtres meilleurs.


« Je crois bien qu'il était paniqué. Un mec paniqué avec un flingue en mains ... Il aurait pu tirer sur n'importe qui, je suppose. Ça ne court pas les rues là où j'ai vécu. On a tendance à ne pas faire assez attention aux gens à l'allure suspecte, parce qu'on se dit qu'ils ne peuvent guère nous faire de mal. »

Il sourit. Répondre sans répondre était un truc vieux comme le monde. Elle devrait se contenter de ça. Elle était jeune ; elle n'était pas stupide, mais son manque de vécu suffirait, à priori, à faire passer la pilule. Caleb lui-même, lorsqu'il était à peine majeur, malgré son expérience particulièrement dure, n'était pas vraiment à même de discerner les formulations destinées à jouer sur les mots ou à satisfaire sa curiosité sans rien révéler.

Déborah avait des envies de vengeances, elle sentait au fond d'elle que cela ne servirait à rien et ne sentait pas vraiment de force à faire preuve de cruauté envers ce qui, plus tôt avait été ses meilleurs et seuls amis. Elle soupira un instant et écouta Caleb qui lui répondit concernant son meurtre. Elle sentit qu'il tournait autour du pot pour ne pas répondre clairement à Déborah mais elle fit mine de rien. Si il ne désirait pas vraiment lui répondre, il avait certainement ses raisons, elle n'allait pas insister parce qu'elle n'aime pas qu'on lui parle de chose avec insistance.

Elle changea de positions pour remettre ses deux pieds au sol, elle regardait encore les enfants jouaient, l'eau face à eux faisait un bruit doux et qui avait pour mérite, de calmer la brunette. Elle regarda Caleb, pour lui faire un bref sourire et décida de changer de sujet, elle ne tenait pas à partir maintenant, elle pouvait peut être devenir ami avec Caleb, qui sais ?

De la neige se mit à tomber doucement, elle regarda la neige avec un léger sourire :

« Aime tu la neige ? Quand j'étais petite, je m'amusai à faire l'ange par terre, quand la neige recouvrait le sol... Ho, c'était rare d'avoir de la neige là où j'habitais... la ville n'était pas géniale pour recevoir de la neige qui tienne... »

Elle leva la main pour y voir tomber de la neige, elle souriait de plus belle, ses envies de vengeances s'évaporaient peu à peu, ses pensées ayant mis de coté ses souffrances pour qu'elle pense un peu à la neige.

A n'en pas douter, elle finit par souhaiter mettre fin à cette conversation. Elle s'était détournée, avait fait à nouveau face au lac. Caleb ne ressentait pas de perte ou de déception, mais sa jambe lui sembla souffrir du froid soudainement là où le genou de Debie avait appuyé quelques instants. Du coup, il frissonna légèrement et se frotta. Ses dents semblèrent devoir claquer, mais n'en firent rien. C'était juste une sensation brutale, comme si un courant d'air s'était infiltré et était venu bousiller un petit cocon de chaleur bien douillet.
L’Écossais regarda finalement la neige qui tombait, assez brutalement. C'était une vision étrange à ce moment de l'année, mais les neiges précoces arrivaient, ces derniers temps. N'avaient-ils pas connu dix années d'hivers rudes en Europe, tout récemment ? L'eau, sous cette forme cristallisée, avait le don d'hypnotiser les gens et de les exciter, de les pousser à donner le meilleur d'eux-même. Et, apparemment, l'effet fut le même sur Deborah Lys. Elle abordait d'ailleurs l'enfance, les anges dans la neige. Caleb sourit en y repensant, lui aussi.


« J'ai fait quelques anges dans la neige avec Len. Les siens étaient magnifiques, mais les miens étaient toujours ratés. Je les trouvais très laids. Je n'aimais pas faire des anges. J'étais plutôt du genre à dévaler les petites pentes sur une luge improvisée, ou à me lancer dans des batailles de boules de neige avec tous les gamins du quartier. »

Un rictus illumina son visage, avant qu'il se mette brutalement à éclater de rire, comme les souvenirs lui revenaient.


« Le sol n'était pas propre, alors la neige était sale. Ma mère me criait dessus quand je rentrais, complètement trempé et de la neige crasseuse dégoulinant de ma parka. Cinq minutes après, elle me faisait un chocolat chaud, que je vidais en me brûlant à moitié l’œsophage. Les hivers étaient froids, mais j'adorais cette période. »

Repenser à cette époque où tout était encore simple, où il était encore en liberté, lui faisait le plus grand bien, à lui aussi. Il jeta un regard à Debie, la fixa peut-être un peu trop longtemps pour paraître neutre. Elle était magnifique quand elle était heureuse. L’Écossais décida que la clarté de son visage serait son moteur pour aller mieux jusqu'à nouvel ordre, aussi grava-t-il ce souvenir dans sa mémoire.

Déborah regardait le lac qui commençait à geler avec la neige qui tombait et le temps qui s'était refroidi, elle écoutait Caleb racontait ses souvenirs d'enfance et se mit à rire à ce que Caleb lui disait. L'ambiance se faisait meilleur quand on ne parlait pas de vengeance, elle était donc contente d'avoir décidé de ne pas continuer sur cette discussion. Elle regarda finalement Caleb, l'examina et lui adressa la parole :

« Huuum, je t'imagine bien faire des anges ratés et être pleins de neige sale.. »
Elle se mit à rire de bon coeur et proposa à Caleb de faire les bons enfants et de s'amuser un peu :
« tu as vu toute la neige qui vient de tomber ? dit-elle émerveillée. ça te dit, une bataille de neige ?? »
Elle tira la langue, cela lui rappelai son enfance, avec ses amis, quand elle n'avait pas à se soucier de son apparence, quant elle était qu'une gamine pleine de vie finalement.
Elle se leva d'un bond, pris de la neige dans ses mains, fit un boule avec la neige, pas trop dure pour ne pas blesser Caleb. Le but était de passer du bon temps, pas de se faire mal.

Elle s'éloigna un peu de lui et lui balança la boule, qui atterri sur son bras gauche. La neige s'éclata contre son blouson, elle rigola fortement et reprit une boule.

« Allez viens, lève-toi !! »
Déborah avait vraiment envie de s'amuser comme une gosse, un moyen de voir Caleb, pleins de neige... sales comme il avait dit.

Bonjour,
Le sujet suivant n'a pas eu de réponse depuis un moment, nous vous laissons jusqu'au 06 mai 2012 pour y répondre, sinon le sujet sera verrouillé, merci de votre compréhension.

Ah mais oui ! On le termine au final, ou pas ?

Nous pourrions peut être l'arrêter, non ? parce que bon, les choses ont changées depuis ^^

Un post de clôture pour faire un point et fini ?

Si tu le souhaite tu le fais ? puisque c'est moi qui avait posté en dernier ^^ ça serait plus logique

C'est parti !


Post de clôture :

L'Écossais s'était joint à la demoiselle dans son soudain accès de vie. Comme deux gosses, ils jouaient dans la neige, se jetant des boules, parfois juste des giclées de poudreuse. Ils s'amusèrent bien, oublièrent le temps, les heures qui passaient. La soirée et le froid mordant arrivant, Caleb avait fini par offrir un chocolat chaud à Debie dans un bar, non loin de là. Ils avaient discuté plus légèrement. Finie, la mort, bonjour les projets d'avenir. Le policier avait été heureux de l'aider à oublier hier pour l'amener à penser à demain.
Cal' raccompagna Deborah jusque chez elle, et lui laissa le temps de disparaître avant de prendre le chemin de son propre domicile. Il attrapa un gros rhume pendant la nuit, mais ne regretta jamais cette journée passée. Il se jura de veiller sur Debie, pour l'empêcher de faire des bêtises, l'empêcher de gâcher la nouvelle chance qui s'offrait à elle. La mort était pleine de temps, et d'espoir. Il espérait pouvoir un jour profiter de ce temps, et sentir cet espoir jaillir sur son existence.