Le temps avait passé depuis la dernière fois où Cassie, Linda et Jonathan Williams avait été ensemble. La situation avait disjoncté et Cassie avait quitté ses frangins rapidement sans laisser la chance à Jo de prendre la situation en main. Un moment plus tard, Jo avait décidé d’appeler ses soeurs. Linda était absente, elle devait travailler selon ce qu’il pensait et Cassie répondit. Il lui demande si de rendre une visite dans le Texas avec lui, lui ferait du bien. Elle approuva. John souriait tellement il était heureux qu’elle accepte. Il n’avait pas beaucoup de temps pour lui habituellement et il avait la chance de pouvoir avoir le reste de sa journée pour faire ce qu’il voulait. Il n’avait pas de surplus de travail à la ferme et il avait fait la traite régulière durant l’avant-midi. Le fermier demanda à Cassie si elle pouvait le rejoindre dans le tunnel blanc, ce qu’elle fit. Rendu là-bas, Le brun sourit à la vie de sa soeur. Il prit parole

Je suis heureux de te voir Cassie, nous ne sommes jamais retourné dans le monde des vivants depuis que je sais que tu es morte. J’ai hâte de voir papa et maman, bien qu’ils ne nous verrons pas. Dit l’homme en donnant la bise à sa soeur. L’homme commença à marcher pour quitter le long tunnel qui les mena directement au Texas, dans leur village d’origine. Jonathan observait l’affiche situé à l’entrée du village. Il était heureux de voir cet endroit où il avait vécu jusqu’en 2001. Il était mort dans la maladie et de ne plus voir tout ce qu’il connaissait depuis toujours l’avait tant blessé. Le fermier marchait tranquillement au coté de sa soeur Cassie. Après ma mort, tu es restée ici ?

Jonathan aborda un air compréhensif envers Cassie. Il était au courant pour sa dépendance à la drogue, même si il ne comprenait pas, il y avait déjà Linda pour la rendre mal à l’aise. Il ne voulait empirer la situation. Jo tenait beaucoup à Cassie et il l’aimait énormément.

Le village où ils avaient toujours vécu était calme, un peu plus de cinq cent habitants, des fermettes tout autour et un village qui avait de l’action lorsque les touristes chancissaient de venir visiter ce petit village merveilleux.

Cassie Williams reçut un appel surprenant en cette journée des plus banales: celui de son grand-frère. En effet, depuis quelques jours, Linda, Jonathan et Cassie ne s’étaient pas vraiment revus. Les deux sœurs s’étaient disputées devant Jo qui resta impuissant: des retrouvailles mouvementées en somme. La blondinette ne voulait pas affronter son grand-frère car elle culpabilisait de s’être mal comportée puis ses bons conseils ne la sauveraient pas. Il avait eu vent, grâce à Line, des problèmes que Cass rencontrait avec la drogue. Le brunet devait être bien déçu car il avait presque élevé sa sœur qui avait l’âge d’être sa fille. Il lui avait inculqué des valeurs justes. Or, la serveuse n’était pas une bonne élève. Depuis le décès de ce dernier, elle enchaînait encore plus ses conneries. Elle ne parlait pas de ses sentiments mais la mort de Jo l’avait bien atteint même si elle s’évertuait à montrer l’inverse. Cassie n’était pas un modèle en tout point. Jonathan désirait rendre une petite visite à ses parents. Ils ne les verraient pas mais le contraire si. La blonde accepta. Elle était heureuse de la proposition de son frère. Elle se décida à enfin aller le voir. Elle le rejoignit dans le tunnel blanc. Tout en se donnant une bise, Jo disait quelques mots. Sa sœur lui répondit aussitôt:

- Je suis également heureuse de pouvoir faire « ce voyage » avec toi! Merci de me l’avoir proposé. Elle marqua une légère pause. Revoir ses parents lui faisaient un peu peur car ils devaient être dans un état assez triste: perdre ses enfants est la pire chose qui puisse arriver. Cass s’en voulait déjà de les avoir quitté si vite et presque volontairement car si elle avait retenu Steve: ils ne seraient pas décédés d’un accident de voiture aussi tôt. Je suis contente de te voir, tu as bonne mine! J’ai autant hâte de retrouver papa et maman. Elle sourit comme par obligation. Le petit village restait le même. Cassie était morte depuis quelques mois mais rien avait changé. Ils passèrent devant le centre équestre des parents que Jo avait du tenir étant jeune. La question de ce dernier surprit légèrement la blondinette. Elle le fixa: Je suis restée ici un an puis j’ai bougé, je suis revenues quelques mois après pour repartir plus tard. En somme, je suis restée à leurs côtés un petit moment, même si ne je suis pas un cadeau… avouons-le, plaisanta-t-elle. Tu reconnais tout ce que tu vois? Le village n’a pas beaucoup changé et c’est t'en mieux. Elle sourit mais de joie cette fois-ci. Elle était contente de retrouver son grand-frère qu’elle aimait plus que tout.

Le village de son enfance rappela de bons souvenirs dans l’esprit de l’homme. Il se souvenait des journées à la ferme équestre, des promenades à velo jusqu’au village, de son mariage avec sa femme à l’église. Chaque endroit lui remémorait un souvenir particulier et cela blessa l’homme qui s’ennuyait de tout ça. Il sentait son cœur se resserrer dans sa poitrine et c’était un émotion qui le déstabilisait plus que tout. Jonathan était ravi d’avoir été accompagné par sa jeune soeur. Cassie était tout pour lui, comme Linda. C’était les seules personnes de proches qui lui restaient et il voulait entretenir une bonne relation avec chacune d’eux, bien dans l’autre sens, c’était beaucoup plus compliqué. Le pauvre fermier pensait jour et nuit à une solution pour les réconcilier, mais sans rien. Le brun marchait donc tranquillement, les mains dans les poches de ses pantalons sans dire un mot jusqu’à ce que la conversation prit entre les deux frangins. L’homme regardait au loin et dit avec un sourire.

Moi aussi, je m’ennui d’eux, je n’ai pas eu le temps de venir depuis Novembre, un peu avant ta mort... Avoua l’homme qui était beaucoup occupé avec les travaux à la ferme et tout ce que ce métier touchait. Jo se mit alors à rire lorsque la jeune blonde lui avoua qu’elle n’était pas un cadeau, au moins, elle était restée un moment au près de ses parents qui avaient souffert de sa mort et plus tard de celle de sa plus jeune pour conclure avec celle de leur dernière enfant. Les habitants du village devaient leur donner des commentaires sur le sujet, ce qui rappelait sans doute de mauvais souvenirs dans l’esprit des parents Williams. Non, le village est tout à fait le même, un peu de rajeunissement sur quelques maisons et quelques nouveaux bancs et décorations, mais c’est le même village que j’ai laissé il y a longtemps.

Jonathan prit une pause en guise de respect. L’homme était heureux de pouvoir marcher à nouveau dans ce village et était hâtif de revoir ses parents. Il savait bien que ce serait un choc de les revoir ainsi, dans un état de tristesse. Il marchait toujours auprès de Cassie. J’ai peur qu’ils soient tous dans une profonde dépression... Perdre trois enfants, je n’aurais pas pu vivre ça bien moi...

Le fait de passer cet instant difficile mais indispensable, ensemble, rapprocha davantage Jonathan et sa jeune sœur. C’était important de rendre visite à sa famille. Ils le savaient. Abandonner ses proches était le pire des sorts à infliger. Cassie l’avait fait par grande insouciance. En observant son frère et sa sœur, ça lui rappelait ses erreurs. Aussi, elle regrettait son geste. Elle culpabilisait grandement. La blondinette se montrait forte. Or, elle avait conscience de ses actes affreux. Mais elle n’avait jamais su affronter la vie… . Jo rendait souvent visite à ses parents. Mais depuis un certain temps, il n’en avait pas l’occasion. Il devait être occupé à la ferme. Cela voulait dire qu’il n’avait pas encore aperçu l’état de Rebecca et Jim depuis la mort de leurs deux filles. Cette idée lança une peur et des frissons à Cassie Williams. Cette dernière fixa Jo. Le brunet paraissait aussi décomposé qu’elle. John reconnaissait parfaitement le village. Celui-ci avait conservé toutes ses propriétés depuis le départ de la serveuse. C’était assez bizarre et familier pour la jeune femme de retrouver cet endroit.

- Tu venais souvent? Elle marqua une légère pause. Tu nous observais alors? Tu sais depuis ton décès tout a changé… . Tu ne dois pas te culpabiliser. On n’a pas su géré… comme tu as pu le constater.

Cass stoppa net sa phrase. Ils étaient trop proches de la maison familiale. Ils allaient bientôt pénétrer dans la demeure. Jonathan n’avait pas tord: leurs parents devaient en état de dépression. Cette image ne serait pas facile à accepter. La blonde frissonna de nouveau à cette dure pensée. Elle avait peur de ce qu’elle allait voir. Cassie regarda Jo quelques secondes, elle sourit nerveusement. Elle se demandait s’il était vraiment prêt à les voir. Elle n’était pas très bavarde. Mais quand une situation la perturbait, elle préférait se taire.

Son petit village natal lui rappela tant de souvenir, Jo se sentait déjà mal de revoir toutes ses choses qui étaient aujourd’hui derrière lui. Il marchait un pas après l’autre en sentant l’air du monde des vivants pénétrer dans ses narines. Il savait bien que le temps avait changé malgré les circonstances, mais il ne voulait pas voir ses parents dans un état complètement déprimés, cela serait plus dur pour lui que de ne pas venir les voir du tout. Il était venu souvent après sa mort, dès qu’il avait une minute, il allait au Texas, mais Jonathan n’était pas revenu depuis que Cassie et Linda étaient mortes, ce qui devait avoir vraiment changé les choses. Williams écouta sa soeur parler, c’était sans doute vrai ce qu’elle disait et ça allait chambouler autant le fermier que sa jeune soeur. Cassie pouvait parfois paraître si forte, mais il savait qu’à l’intérieur, cela lui ferait du mal. La question de la blonde fit sourire l’homme. Il sentait ses souvenirs remontés à la surface une fois encore.

Oui oui, je venais assez régulièrement, surtout quand je le pouvais, parfois j’avais trop de travail pour venir, comme dans les derniers mois, je n’étais jamais revenu, peut-être que ça me faisait peur, je ne sais pas... Avoua le fermier avec une mine affreuse. Il était triste et découragé, mais il fallait surmonter cette obstacle. Si il serait venu avant, il aurait vu que Cassie était morte et il aurait tout fait pour la retrouver avant que leur rencontre ne soit qu’un signe du destin. Sa soeur lui avoua une fois de plus que tout avait changé depuis son décès. John soupira et parla. Oui, j’ai bien vu cela, ma mort vous a tous affectés, ça m’a un peu perturbé et je ne suis pas venu depuis quelques temps après avoir vu ça, mais la vie a continué.. Je comprends, mais ils ont perdus leurs trois enfants aujourd’hui, c’est horrible et je n’arrive pas à y croire... Ils doivent être fou...

John ne disait pas cela pour être méchant, loin de là, il savait déjà que la vie changeait et que perdre un seul enfant était une épreuve presque inimaginable, quand tous les êtres que vous avez crées sont morts, il ne reste plus qu’à attendre de mourir soi-même. Williams marchait pour ensuite arriver devant la maison de son enfance où la chaise de bois était toujours sur le perron. Il sourit et dit. Ils n’ont pas jetés cette chaise depuis le temps. Peut-être que ce n’avait pas vraiment d’importance, mais Jo voulait faire un dose d’humour avant de déprimer face aux parents qu’ils avaient maintenant.

Jonathan semblait si nostalgique. Il était mort depuis tant d’années c’était un fait. Or, le brunet rendait des visites à ses proches en empruntant le tunnel blanc. Ils ne le voyaient pas mais lui: si. L’homme avait toujours compris la valeur familiale. Il tentait d’être présent, à l’écoute, d’être une aide pour ses proches qu’il espérait voir vivre longtemps dans un bon climat. Jo avait été comme un père pour Cassie. Il l’avait presque élevait. Avec Linda, c’était très différent: la mésentente avait pris le dessus. Rebecca et Jim restaient dévoués corps et âme à leurs enfants. Mais à cet instant il ne leur en restait plus un seul de ces derniers, ils étaient tous morts. Le grand frère de la blondinette parlait de ses visites dans le monde des vivants. Cass l’écoutait attentivement. Il évoqua une certaine peur de venir parfois. Aussi, son travail lui prenait beaucoup de son temps libre. Une ferme à entretenir c’était du boulot. Les enfants Williams le savait que trop bien.

- Peur? Pourquoi? Tu ne savais pas que Linda et moi étions mortes. Tu venais auparavant. Tu avais peur de quoi? Tu venais apparemment sans problèmes avant. Désole pour mes questions indiscrètes. Mais tu n’est pas très clair. Elle marqua une légère pause fixant l’air triste qu’arborait Jonathan. Je comprends désolé. Mais cette période a du t’affecter toi aussi John, pas que nous. Ça faisait quoi de savoir que tu étais mort? Et seul… .

Cassie avait bien vécu sa mort, pour cause: plus de libertés. La serveuse n’était pas attachée aux valeurs comme son grand-frère. Elle prônait plutôt la dépravation. Savoir qu’elle était décédé ne lui avait rien fait. La jeune femme n’avait plus rien à perdre. Elle n’était pas seule dans cette épreuve, elle avait Steve Johnson: son fiancé. Jo avait quitté le monde des vivants trop tôt. Le pauvre, il n’avait personne pour l’accompagner… .

- Si tu savais… . Les parents gardent tout. Tu devrais voir. Ils ont conservé des affaires t’appartenant quand tu étais encore un enfant. Elle rit. Je me demande vraiment quel genre de petit garçon tu étais, elle sourit, mise à part tes récits et ceux embellis de maman. L'humour allait bon train. Cassie stoppa sa marche à côté de la chaise que l’homme venait d’évoquer.

Jonathan était en face de la maison de son enfance avec une boule d’angoisse bien prit dans la gorge. Il ne savait pas pourquoi il ressentait cela. Il avait peur de voir comment leur parents avaient finis, maintenant que toutes les enfants étaient décédés. Quand il était encore le seul Williams de mort, il pouvait voir une lueur de joie dans leur yeux, sachant bien que Cassie et Linda seraient là pour les supporter. Il était triste de ne plus pouvoir leur parler et c’était surement ce qui l’avait empêcher de venir leur rendre visite depuis novembre. Ils avaient tous refaits leurs vies d’une certaine manière et sans lui, il n’était presque plus là pour eux et peu à peu, ils l’oubliaient tous, donc Jo avait préféré prendre un peu de recul et essayer de se faire une propre vie. Aujourd’hui, il était beaucoup mieux, il avait ses deux soeurs près de lui, il connaissait quelques personnes, il avait même prévu d’aller voir le groupe au bar dans pas longtemps.

C’est que vos vies avançaient sans moi, je commençais à me demander si j’avais toujours une place près de vous, je sais que vous m’aimiez autant même si j’étais partie, mais une partie de moi souffrait de ne pas pouvoir venir vous voir et discuter avec vous. L’homme était plutôt angoissé. Il retenait ses larmes de couler, le fermier ne voulait pas montrer ses faiblesses devant Cassie, c’était beaucoup trop lourd pour lui. Il sourit donc pour faire passer les choses. Ça me faisait plutôt mal de savoir que j’étais le seul ici, que je ne pouvais avoir un lien avec personne d’entres vous, j’ai été voir Tante Mireille un moment, mais elle est morte il y a quelques années dans l’incendie de sa maison.. C’est horrible je sais, j’ai voulu entrer dans la maison pour la sauver, mais je suis arrivé trop tard, elle vivait à quelques minutes de chez moi à la ferme. L’homme savait que Mireille, la soeur de Jim Williams était proche de la famille à l’époque où elle était en vie.

Jo se mit à rire lorsqu’elle lui avoua que les parents gardaient tout depuis qu’ils étaient enfants, il aurait bien aimé revoir ça. Le nez devant la porte d’entrée, il hésita encore une fois avant de pousser la porte et mettre un premier pas dans la maison. Une odeur familière trouva son nez, ce qui soulagea l’homme. Une percée de café ajouté à la tarte à la cerise de Rebecca, quel joie. Il marcha toujours et entra dans le salon. Rebecca était au fourneau et Jim devant la télé avec une bière en main. Un grand sourire heurta le visage de John. Il était heureux de les revoir, mais lorsque Jim se mit à hurler après sa mère, totalement saoul, il recula d’un pas. Non.... Dit-il seulement.

Jonathan Williams s’exprimait sur les raisons qui l’avait poussé à ne plus rendre visite à ses proches. Le fait qu’ils avaient su refaire leur vie sans lui, l’avait profondément touché. Cela pouvait se comprendre. Il ne sentait plus qu’il avait sa place dans le clan Williams. Or, la famille avait toujours Jo en tête. Chaque dîner, chaque réunion, chaque événement qui réunissaient la famille, était un moyen pour évoquer l’homme bon qu’était le brunet. Ce dernier souffrait du manque de ses proches. Ne pas passer des instants avec eux le rendait triste. A ce moment, il semblait comme ému et un peu perturbé.

- Maman évoquait toujours tes exploits et papa: ton courage pour vaincre la maladie. Linda parlait souvent de votre enfance et de ton acharnement face aux épreuves. Cassie se mettait volontairement à part. Le décès de son grand-frère l'avait fragilisé. Tu n’as jamais disparu de nos esprits. Nous n’avons pas cessé de t’aimer. Je peux comprendre le mal que ça peut causer de ne pas pouvoir juste discuter avec tes proches, juste les regarder. Je l’ai pas vécu mais je maintenant je peux me mettre à ta place. Je serai toujours présente pour toi. Tu peux compter sur moi frérot, je te lâcherai pas. Elle marqua une légère pause avant de reprendre: Tu n’es plus seul dès à présent, je te le promets. Ça ne devait pas être facile…. .

Jo parlait de leur tante Mireille, la sœur de Jim Williams. Le constat était dur. En effet, la femme avait péri dans un incendie. Le fermier ne se remettait pas du fait de ne pas l’avoir sauvé. Il était si bon! Cassie était touchée car il n’avait pas abandonné sa famille. Mireille était souvent fourrée chez les Williams. Cass l’aimait bien. Or, elle la trouvait trop entreprenante. A une époque, elle s’était même éloignée de sa tante. Mais à sa mort, elle l’avait regretté. Ces choses-là reste gravées dans la conscience… .

- Tu l’as revu? C’est vraiment admirable ce que tu as voulu faire! Elle méritait pas cela, comme toi, comme Linda… . Mais c’est le destin qui décide, parfois il fait bien les choses… .

Cass masquait le fait que sa mort la rendait finalement très heureuse dans un certain sens car elle se sentait moins coupable de ses actes, plus libre. Par contre, ses parents, sa famille, ses amis lui manquait. Il fallait vivre avec. Pour elle, la drogue l’aidait aussi à oublier cette souffrance.

Ils entrèrent dans la demeure. Cassie mit un bon moment à franchir le seuil de la porte d’entrée, tout comme son frère. La peur les habitait: celle de voir leurs parents mal en point après toutes ces pertes. Elle suivit Jo qui redécouvrait les lieux d’une certaine manière. Une fois dans le salon: le spectacle fut accablant: Jim était saoul, il traitait très mal sa femme. Jo était choqué, le « non » qui avait laissé s’échapper illustrait cette idée. Cassie n’en revenait pas non plus. Elle espérait que cette situation n’était pas quotidienne. Pauvre Rebecca! La blondinette s’imaginait des parents tristes mais pas détruits à ce point. La mère de Jo et Cass pleurait tout en se mordant la lèvre. Elle s’était brûlée en sortant sa tarte du four. Assise sur le sol, elle tenait une photo des ses enfants entre les mains.

Jonathan écoutait sa soeur radoté sur le passé. Il était heureux de voir qu’ils ne l’avaient pas oubliés comme il le pensait. Le fermier garda une dose d’espoir. Il était comblé par cette révélation de sa soeur qui aurait bien pu en parler un peu plus tôt, ça aurait été moins lourds pour les épaules de williams. L’homme d’un certain âge se tourna pour faire un calin à sa soeur, il l’a serra contre lui, le coeur battant, heureux d’être avec elle pour retrouver leur parent. Le temps avait tellement passé. Il était surpris de voir l’état de la véranda. Habituellement, ils balayaient le tout à chaque semaine.

Merci beaucoup, ça me fait du bien d’entendre ça maintenant. J’ai beaucoup peur pour nos parents et déjà que je sois mort depuis longtemps, j’ai de la misère à vivre avec ça, savoir que vous ne m’avez pas du tout oublié, ça me redonne le sourire. Merci, Merci bien Cassie !! Avoua l’homme avec un sourire. Il entra dans la maison. Sa soeur continua à parler de leur tante, ce qui était moins lourds pour Jo qui avait au moins passer un peu de temps avec elle lorsqu’il était totalement seul. Il était mort avant elle, mais ça ne changeait rien. Il l’appréciait énormément. Je sais que personne ne méritait ce destin, même si Linda l’a choisis, maman et papa doivent souffrir et j’ai peur de continuer à marcher pour les voir. Malheureusement, ce qu’il craignait était plus que la vérité. Jonathan tourna la tête vers l’émission de télé qu’écoutait leur père. Il tenait sa bière comme un ivrogne et n’osait même pas lancer un regard vers Rebecca qui pleurait déjà au loin. John était complètement à terre. Il ne savait pas comment réagir, il ne pouvait rien faire pour améliorer la situation. Il était mort et ses frangins aussi.

C’est trop dur à regarder, comment ils ont pu finir ainsi, maman et papa s’aimaient tant avant ! Dit Jo. Il regardait sa mère qui venait tout juste de se brûler avec sa tarte. John se morda la lèvre de tristesse. Il tourna le regard vers son père qui se mit à hurler à leur mère ; Fait attention Rebecca, j’ai pas envie d’aller à l’urgence pour une p’tite brûlure comme ça ! Tu es maladroite, ça n’a pas de bons sens ! John était choqué. Il marcha un moment et remarqua sa mère en train de regarder une photo de leur famille. Son coeur se fendit sous la pression. Il regarda Cassie et dit. On ne peut pas laisser faire ça !

Cassie appréciait ces instants de proximité avec son frère. Ils vivaient une dure épreuve et ils devaient affronter cette vision d’horreur à deux. Ensemble ils étaient plus forts. Ils savaient très bien dans quel état ils allaient retrouver leurs parents… . Cass serra son grand frère dans ses bras. Jonathan semblait soulagé par les dires de la blondinette. En effet, il venait de réaliser le fait que ses proches ne l’avait jamais délaissé après sa mort. Le brunet paraissait se sentir plus léger après une telle révélation. Comment les Williams auraient-ils pu oublier le membre phare de leur famille? Cassie n’était pas vexée par cela, juste étonnée que le brunet pensait réellement que sa famille pouvait le zapper aussi vite. La serveuse venait de lui enlevait une épine du pied. L’homme ne portait plus ce lourd fardeau qu’était la douleur de se croire oublié par ses proches.

- Ne me remercie pas, j’avance juste la stricte vérité. La serveuse fixait son frère tout sourire. Tu ne dois pas te culpabiliser pour ce qui arrive aux parents Jo, c’est le destin je te l’ai dit. Ce qui t’es arrivé a bien marqué l’histoire des Williams mais tu nous as manqué tout simplement, nous ne t’avons pas oublié, ni nous ne t’en voulons pour ce décès prématuré. Fallait vivre avec… Mais… On a su composer avec. De rien! Si la vérité te remonte le moral, t’en mieux frérot.

Elle marqua une légère pause réfléchissant aux paroles suivantes de son interlocuteur.

- Linda a choisi son destin, tu en es certain? Je suis là pour t’accompagner Jo en ce qui concerne papa et maman. Mais je dois t’avouer quelque chose… . Mon décès je le regrette pas, malheureusement je l’avais prévu. Je savais très bien que si Steve reprenait le volant: on allait périr car il n’était pas en état de conduire, ni moi d’ailleurs. On a pris la route à contresens et je te passe la suite… . J’appréciais cette liberté soudaine. Mais j’avoue que les parents me manquent. Je suis vraiment contente de te retrouver. Mais avec Line c’est plus dur, elle est toujours derrière mon dos.

Jonathan Williams ne supportait pas le tableau qui se dessinait en face de lui: ses parents étaient détruits par le décès de leurs enfants. Leur père devenait alcoolique et leur mère: soumise et déprimée.

- La perte de leurs trois enfants a du les dépasser, même les détruire. Cassie était touchée elle aussi mais elle le montrait moins que Jo. Qu’est-ce qu’on peut faire?

Jonathan n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Son coeur s’écrasait dans sa poitrine. Il ressentait cette vive douleur lui remonter jusqu’à la tête. Il avait envie de la faire partir. Le pauvre homme ne pouvait pas vivre avec cette image en tête. Il ressentait la peine, il voyait la colère, il redoutait le pire. Rebecca avait toujours été joyeuse et elle ne méritait pas d’autres problèmes en plus de la perte de ses trois enfants. Elle était la souffre douleur de son père désormais et il ne pouvait plus voir ça. Il était mort, il n’avait aucun impact sur leur vie maintenant. Il ne pouvait pas leur parler ou quoi que ce soit. Jo baissa les yeux. Il écouta la jeune femme parler à ses cotés, sans entendre ce qu’elle disait vraiment. Il ferma la bouche et serrait bien fort pour retenir les larmes qui semblait vouloir jaillir de son corps. L’homme reçut une accolade de sa soeur, ce qui lui fit le plus grand bien. John prit la main de la femme. Il la serra et se retira.

Je ne peux plus voir ça, on peut sortir s’il te plait ? Demande l’homme avec une légère hésitation. Il regardait ses parents au loin et fit demi-tour pour quitter la maison. Il passa devant son ancienne chambre ainsi que celles de ses soeurs et se remémora tant de bon souvenir. L’homme ne voulait plus rester là une seconde de plus. Lorsqu’il quitta la maison familiale, une envie de vomir lui vint, mais il essayait de la contrôler. Cassie l’accompagna et parla. Elle lui confia qu’elle voulait mourir elle aussi, ce qui attrista l’homme. C’est horrible ce que tu dis Cassie.. Je sais que ce n’était pas cent pour cent sur cette mort, tu ne pouvais pas vraiment savoir que vous aurez fini là haut ensuite.. Je suis triste pour nos parents, mais après tout, on peut rien faire comme tu l’as dit toi même. C’est fini ! Il faut attendre qu’ils meurent à leur tour... En espérant que ce ne soit pas trop long. John baissa la tête. Il s’assoit sur un banc de la galerie et soupira. L’homme regardait les pâturages au loin. Il ne savait pas si la ferme équestre était toujours entretenue ou bien si ils avaient vendus tous leur bétail. Tu sais si ils s’occupent encore d’animaux ? Demanda Jonathan avec un faible sourire.

Jonathan Williams semblait de plus en plus touché par la situation: ses parents se détruisaient devant ses yeux. Il prit la main de sa sœur pour la relâcher aussitôt. Le brunet désirait quitter les lieux. Cassie était assez triste et en colère de ne rien pouvoir faire. Elle s’efforça de s’approcher de sa mère pour lui caresser le visage mais c’était sans succès: sa main passa à travers. La blondinette versa des larmes, elle souffrait de cette impuissance qui la guettait. John emprunta un autre chemin que sa cadette. Il passa devant les chambres où tant de souvenirs s’accrochaientt aux portes de ces dernières. Cassie n’avait jamais vécu avec son frère, mais il l’avait élevé. En effet avec sa femme, ils s’en occupaient très souvent. Après la mort de Jo, tout avait changé…. . Par contre, Line et Cass passèrent six ans dans la même maison et la femme revenait autant qu’elle le pouvait pour rendre une petite visite à sa famille. Mais cela n’empêchait pas les désaccords entre les deux sœurs. Tant d’événements avaient eu lieu depuis le départ de John après que sa maladie l’avait emporté. Cassie accompagna l’homme jusqu’à l’extérieur juste à la fin de son trajet pour aller dehors. Cass n’avait pas bougé de la cuisine pour observer assez longtemps la tension qui régnait entre Rebecca et Jim. La serveuse avait confié son envie de mourir à son frangin. Il ne le prit pas vraiment bien. John était trop attaché à la vie, aux valeurs comme la famille, la loyauté, l’hospitalité, la politesse etc.

- Je n’en doutais pas John, je l’ai souhaité malheureusement… . Elle marqua une légère pause. Les paroles de Jo la touchèrent. Sa colère prit le dessus sur la tristesse. Je ne peux pas rester là les bras croisés sachant pertinemment ce qui se passe. Je sais pas pour toi mais moi je ne peux pas vivre avec cette pensée en tête. Elle donna un coup de pied sur le banc où son frangin venait de s’assoir. Elle fit de même en prenant sa tête entre ses mains: les coudes posés sur ses genoux. John lui posa une question inattendue. Cass répondit tout doucement pour se contenir: Les parents ont vendu le centre équestre depuis des années. Ils partagent des parts avec d’autres fermiers du coin. Papa s’occupaient encore des animaux. Maintenant… Je doute qu’il continue à faire cela.

Jonathan n’en pouvait plus. Rester dans la ferme ou il avait vécu toute sa vie le rendait presque malade. L’envie de vomir lui montait à la tête. Il voulait oublier cette pensée. Son père était si méchant avec sa mère, il n’arrivait pas à comprendre comment on pouvait finir comme ça. Lorsqu’ils mourraient, ils viendraient les rejoindre, mais jamais ils seraient heureux comme avant la mort des trois Williams. Le fermier avait du dégoût pour la réaction de son paternel. Il ne savait pas comment expliquer ce qu’il ressentait au fond de lui-même. Cass lui avoua ne pas être capable de rester là sans rien faire, mais c’était aussi ce que le jeune homme ressentait au fond de lui. Jo baissa les yeux vers le bois qui recouvrait la galerie et attendit un moment avant de parler. Il dit ensuite à sa soeur.

Moi aussi, je n’arrive pas à rester là, je voudrais les résonner mais on sait tous les deux que nous ne pouvons rien y faire. Imagine la réaction de Linda lorsqu’elle apprendra cette nouvelle. Elle va être choquée et j’ai peur qu’elle se sente plus coupable que nous... Elle semble bien maintenant, mais à quel prix.. Tu sais si elle vient leur rendre visite ? Demanda Jonathan faiblement. Jo voulait cacher la vérité à Line, mais était-ce vraiment la meilleure solution. Tu crois qu’il faut lui dire toi ?

Le fermier ferma la bouche. Il resta silencieux un moment. Cassie lui expliqua la situation de la ferme, ce qui perturba encore le défunt. John n’arrivait pas à croire ce qu’il entendait. C’était leur centre depuis toujours, comment ils avaient pu abandonner ça, même si ils prenaient de l’âge. Cass venait de le dire et c’était vrai. Ils n’en avaient sans doute plus la forme maintenant avec cette tragédie. Mais c’est horrible, ils ne peuvent pas finir leur vie comme ça... Les pauvres !

Jonathan avait raison, ils ne pouvaient rien faire pour aider leurs parents. Les deux adultes étaient bien morts, invisibles aux yeux des vivants. Ils ne pouvaient leur parler, ni les toucher. Il était difficile d’envisager une aide quelconque. C’était impossible! Ils devaient attendre le décès de leurs parents pour résoudre le problèmes. Souhaiter la mort de quelqu’un n’était pas envisageable, encore moins celle d’un proche… . Comment faire? Rebecca subissait « la maltraitance » de son mari. Elle restait soumise. Le couple était détruit. L’au-delà serait-il la solution? Jim paraissait en moins bonne santé que sa femme, il allait sûrement rejoindre ses enfants plus vite que Becca. Mais cette dernière déprimée, prenait-elle soin de sa santé? Les accidents arrivaient souvent sans prévenir… . Rien était donc à imaginer.
Linda Williams devait-elle savoir la vérité? Le droit à l’information dans une famille était capital: connaître l’avenir de ses proches, leur quotidien était faisable. Mais qu’en était-il pour les personnes déjà affaiblies moralement? La blondinette était déjà assez inconsciente… . La prof de sport négligeait sa santé. Cette nouvelle n’allait pas arranger son état mental. Trop d’un coup, ça risquait de la perturber. Cassie soupira de nouveau. La situation commençait sérieusement à la dépasser, malheureusement l’impuissance guettait son existence à cet instant.

- Malheureusement, on ne peut rien faire. C’est inacceptable… Je suis vraiment embêtée. Mais… Ils ne nous voient même pas… . La serveuse marqua une légère pause. Faut pas le dire à Line, comme tu dis: elle ne le supportera pas. Elle va jamais les voir… . Je ne pense vraiment pas qu’elle nous posera des questions à se sujet. Tu l’as appelé pour qu’elle vienne? Au pire on avisera, mais faut pas lui dire cash. A la prochaine remarque de Jo, Cass le fixa d’un air attristé. Si… . A moins qu’une lueur d’espoir fasse son apparition, la situation ne changera pas de sitôt: elle est trop bien installée. On fait quoi, tu veux rester?

Jonathan Williams avait la gorge nouée de chagrin. Ses parents comptaient beaucoup à ses yeux et de voir que la mort de leur trois enfants les avaient affectés à un tel point qu’ils n’étaient même plus les mêmes, presque plus vivant, c’était insupportable à regarder. John n’était pas venu depuis un moment, ce qui expliquait pourquoi il n’avait pas vu que Cassie et Linda étaient morte, mais il était trop occupé pour ça, il avait passé une seule fois, mais la famille n’était pas à la maison. Line avait vécue quelques mois après la mort de Cassie sur Terre et elle avait eue le possibilité d’aider ses parents, elle avait surtout vu qu’ils souffraient de la perdre de leur cadette. Jo n’arrivait pas à croire qu’elle s’était donnée la mort, ce qui avait crée un gouffre complet directement sous les pieds des deux Williams. Jo regardait sa soeur avec tristesse. Il ne voulait pas en vouloir à Linda, mais c’était déjà dur de savoir cette information. Il allait rester comme il était au naturel. Line était tout pour le fermier. Elle était restée après la dispute entre ses deux soeurs l’autre jour et Jo avait beaucoup apprécié.

Je pense aussi qu’il ne faut pas lui en parler... C’est horrible à cacher à Linda, mais ça ne ferait que rendre la situation encore plus compliquer qu’elle ne l’est déjà. La relation que j’entretiens avec Line est digne de celle que j’avais autrefois et je n’ai pas envie de la gâcher. Restons en là et si jamais elle vient leur rendre visite, on trouvera un moyen de régler la situation sans crée trop de dégât ... John soupira et passa à nouveau son visage entre ses mains. Il s’étira ensuite et se leva du banc. L’homme afficha un sourire à sa soeur, bien que ce n’était pas le meilleure moment pour ça. Il regard derrière lui, la porte d’entrée et hocha de la tête. Je veux bien rentrer... Ça nous donne rien de rester ici, ils ne sont plus les mêmes et ça va qu’empirer notre souffrance de les voir dans cet état.

C’est alors que Jo et Cass prirent chemin vers le tunnel blanc qui les conduirent jusqu’à leur domicile du skyline avec ce secret en tête.

Comme un accord, les frangins décidèrent de garder le secret pour eux. Line ne devait pas savoir que son père se saoulait, et que sa mère subissait les mauvais comportements de son mari. La déprime les habitait. La perte de leurs enfants les avait anéanti. Jo ne semblait pas satisfait de la réponse qu’il avait donné. Il s’en voulait de mentir à Linda. Paradoxalement: il se devait de le faire mais il culpabilisait. Sa relation avec sa cadette restait la même depuis toutes ces années d’absence. Apparemment, Jonathan conservait des liens forts avec la professeur de sport. C’était plaisant. La femme était restée avec John après ses difficiles retrouvailles avec Cassie. Cette dernière aimait son frère plus que tout, elle restait présente pour lui, mais elle supportait moins Linda. Celle-ci ne pouvait, arbitrairement et malheureusement, pas avoir connaissance de la situation de ses parents. Il ne fallait pas altérer sa santé mentale. Elle était déjà faible physiquement. Elle ne prenait pas soin d’elle. Elle se scarifiait. Elle passait des soirées à enchaîner les conneries comme boire non stop, se mettre en danger, etc. Aussi, elle ne mangeait pas beaucoup malgré son métier très physique. Etre coatch sportif demandait de la force, de l’endurance, de la patience, une forme à toutes épreuves etc.

- On ne sera pas obligés de lui dire qu’on sait. Elle peut leur rendre visite, ça change rien pour nous. Elle marqua une légère pause. On fait ça: on lui dit rien. Elle répondit au sourire de son frère par un clin d’œil. Allons-y, tu as raison: on va devenir barge et morose à force de constater la destruction qui entoure ce qui représente notre passé.

Les deux adultes quittèrent cet autre monde pour revenir dans le leur. Leur existence était à jamais marquée par la vision atroce de leurs géniteurs subissant la tristesse qui suivait la perte de trois êtres chers.

Terminé, verrouillé & archivé.