Un soleil plombant était rivé au dessus de la tête de chaque mort ce matin. Évidemment, Aaron ouvrait les yeux dès 6 heures et demi sous un grand succès d’une chanteuse qu’il adorait réellement « Celine Dion » Le sourire au lèvre, le rouquin enfila ses pantoufles en flanelle mauve et sifflota jusqu’au rez-de-chaussée. Il se prépara un pain aux bananes pour le petit-déjeuner, une recette qu’il tenait de sa grand-mère. Lorsque le tout fut parfaitement à point, le roux se coupa un petit morceau, ajouta un morceau de beurre et un coulis à la framboise qu’il avait préparé précédemment. L’estomac plein, il prit la décision de compléter le ménage qu’il avait mis de côté la veuille pour regarder l’épisode qu’il s’était préalablement enregistré de Amour & Trahison, un saop opéra de la chaîne qu’il adorait suivre. À tous les mois, il leur écrivait ses commentaires sur l’émission, étrangement, Aaron n’avait jamais reçu de réponse, mais il continuait à le faire dans l’espoir qu’un membre de la production voit réellement ce qu’il pensait de cette émission. Il achetait à tous les coups chaque parution sur l’émission ; il possédait une étagère complète dans son sous-sol de vieux magasines qu’il découpait parfois pour monter des albums de plaisance, ce qui lui faisait passer le temps. Webber n’avait pas beaucoup d’amis et il s’ennuyait souvent, ce qui l’amenait à faire beaucoup d’activités en solitaire. Enfin, l’infirmier devait profiter de sa journée. Il décida d’aller faire les boutiques au centre-ville, mais pour ne pas utiliser sa voiture inutilement. L’homme décida qu’il serait bien plus avantageux pour le Skyline qu’il opte pour l’autobus de transport en commun. Le rouquin enfila une chemise à carreau mauve et bleu et un pantalon propre. Il prit son sac à dos qu’il glissa sur ses épaules et marcha jusqu’à l’arrêt le plus proche. Le rouquin entra ensuite dans le bus et prit place sur un banc libre. Il prit tout de même la chance de discuter avec la femme assise à côté en ajoutant. « Le banc est libre j’espère madame ? » Bien sur, un énorme sourire combla le visage du jeune homme lorsqu’il ajouta ses quelques paroles.

Alpha venait de se lever. Les pensées encore embrumées, elle se dirigea dans le salon où elle alluma une cigarette. D'un coup d'oeil vers la fenêtre, elle pu constater que le soleil était bien décidé à briller pour tout le reste de la journée sur Skyline. Après avoir allumé la télé pour écouter les informations matinales en fond sonore, elle prit la direction de la cuisine et entreprit de faire réchauffer une tasse de café. La caféine l'aidait à ne pas être de trop mauvaise humeur le matin. Parce qu'il faut le dire, Alpha, à son réveil, n'est pas quelqu'un de très chaleureux. Elle écrasa son mégot dans le cendrier et engloutit en quelques secondes la liqueur noire. La journée de la veille avait été particulièrement épuisante, le boulot n'avait cessé de la réclamer et elle avait entreprit de poser deux jours de congés pour pouvoir se reposer et avoir à nouveau les idées claires. Elle retourna dans le salon et éteignit la télé qui ne débitaient que des nouvelles sans intérêt. S'affalant dans le canapé elle fuma une seconde cigarette tout en pensant à ce qu'elle allait bien pouvoir faire de sa journée. Elle n'était pas vraiment habituée au calme et à la sérénité des journées, les siennes étant plutôt marquées par les crimes en tout genre, les traques, les planques et les arrestations. Alpha ne se posait jamais, elle était toujours en perpétuel mouvement. C'est le genre de femme qui court après le temps, comme si elle cherchait à le rattraper. Continuant de fumer lentement sa cigarette, elle se leva et appela son travail. La police était toute sa vie. Et toute sa mort également. Elle n'avait jamais cessé de trouver une folle adrénaline dans son métier et elle ne se lassait pas du danger. Son supérieur lui répondit : "Alpha ?" "On a du nouveau pour l'enquête ?" s'empressa-t-elle de demander. "Non, toujours rien. Mais vous êtes en congés. Vous devriez en profiter pour penser à autre chose qu'au travail, allez donc faire un tour au centre commercial !" lui rétorqua-t-il. Alpha n'était pas vraiment une grande fan des centres commerciaux, mais après tout, pourquoi pas ? Elle prit donc une douche rapide, enfila un jean et un tee-shirt, tout ce qu'il y a de plus basique et quitta son appartement.

Dehors, la chaleur était seulement supportable grâce à une petite brise fraîche. Alpha marcha quelques minutes, tout juste le temps pour fumer une troisième cigarette jusqu'au filtre, et monta dans le bus qui venait de s'arrêter. La jeune femme détestait les transports en commun. Les gens étaient serrés, il faisait chaud, et un mélange de parfum et de transpiration était notable dans presque tout les bus et métro. Alpha s'assit au fond du bus là où il y avait le moins de monde. Le bus démarra et elle regarda avec attention le paysage qui défilait devant ses yeux. Les immeubles qui bordaient la route semblaient pencher dangereusement tant ils étaient haut. Un peu plus loin dans une petite banlieue, les grandes bâtisses avaient laissé place à de petites maisons pavillonnaires où l'on pouvait apercevoir quelques enfants faire de la balançoire ou du vélo dans leur jardin. Si il y avait bien une chose qu'Alpha devait reconnaître c'était qu'elle appréciait pouvoir ainsi contempler la ville. Le bus s'arrêta à nouveau et laissa descendre un bon nombre de passagers, aussi vite remplacés par de nouveaux qui grimpaient à leur tour dans le car.

« Le banc est libre j’espère madame ? »

C'était un jeune homme souriant et aux cheveux roux qui m'avait adressé la parole. Elle le regarda un moment et, étant plutôt de bonne humeur, le laissa s’asseoir.

« Il est libre oui mais si vous souhaitez vraiment vous asseoir ici, commencez par m’appeler Mademoiselle. Je ne suis pas mariée et pas si vieille que ça si ? »

Le chemin entre la maison et le bus n’était pas bien long. Aaron vivait dans ces quartiers résidentiels où les maisons n’étaient pas bien éloignées les unes des autres et où tous les voisins de connaissait bien. Il adorait son secteur, il s’y sentait comme chez soi également, comme s’il aurait toujours vécu là, bien qu’il soit décédé que depuis 2007. Le jeune infirmier adorait sa voisine Linda Williams, c’était une charmante femme, elle avait été présente pour lui la semaine dernière lorsqu’un voleur avait fait intrusion dans sa propriété et Webber lui en serait reconnaissait pour toujours. Il aimait avoir des voisins de confiance, donc, en cas de problème comme ce voleur ou bien un manque de sucre, il savait où aller. Aaron avait choisis le bus plutôt que sa voiture vu qu’il adorait marcher. Il aimait prendre l’air et profitait du moment présent. Il ne fallait pas oublier qu’Aaron avait été amnésique durant quatre mois où il ne se souvenait même pas d’avoir été vivant et mort. C’était fou comme histoire, mais il s’y était fait. Bref, Aaron quitta son quartier banlieusard vers le centre-ville. À l’intérieur du bus, il demanda à une jeune femme en toute politesse s’il pouvait prendre place à ses côtés. La brunette accepta, mais répliqua en lien avec la formule de politesse qu’il venait d’employer. Les joues du rouquin rougissent aussitôt. Aaron racla sa gorge de timidité et dit.

« Oh, pardon, mademoiselle, je ne voulais surtout pas vous manquer de respect, je n’insinue surtout pas que vous êtes vielle. Vous êtes une très jolie jeune femme et je regrette d’avoir utilisé le mot madame.. Pardonnez-moi je vous en prie, mais si c’est beaucoup trop lourd pour vous, je peux prendre un autre siège vous savez… » Aaron était complètement rouge, il sentait la chaleur lui monter au cerveau et pour en ajouter une goutte, le chauffeur l’observa avec insistance via le miroir pour qu’il prenne rapidement place. Webber vit ce regard et décida de se laisser tomber sur le banc sans plus attendre. Il avala sa salive, maladroitement, plissa les yeux, souhaitant presque vouloir disparaitre en ce moment. Oui, Aaron allait beaucoup trop loin, mais on l’avait tellement rejeté dans la vie qu’il se comportait automatiquement ainsi.

TOPIC ABANDONNÉ, TERMINÉ & VERROUILLÉ