Charlie & Linda

Memories

Ça faisait peu de temps que Linda était arrivée au cieux. Elle l’avait décidé … et elle se rappelait chaque détails de sa traversée. Elle ne ressentait aucune tristesse, ni aucune peur à l’idée de mourir: Au contraire, elle était sereine. Elle s’habituait à cette nouvelle vie, toujours dans la solitude. Ça changeait peu dans le fond sauf que là la belle pouvait retrouver son fils. Depuis la mort de ce dernier, Linda n’a plus été la même du tout. Elle est devenue une autre femme. La jolie blonde n’était plus si gentille et agréable. Elle a fini par devenir froide et fermée. Elle s’était créé cette carapace pour ne pas qu’on comprenne le fait qu’elle était mal et déprimée. Quand Noah est partie, la vie de Linda a basculé. Son mari s’est tourné vers la boisson et elle vers un grand n’importe quoi. Il a réussit à s’en sortir seul mais les conséquences de cette absence de soutien furent lourdes car le mari de Linda a demandé le divorce ne reconnaissant plus cette dernière et se sentant abandonné. La décadence n’en fut que plus importante. Jamais, le blonde n’a su se reprendre en main, entre anorexie, automutilation, absences,déprime … Linda menait une vie triste et complètement folle. Un jour remarquant que sa vie ne rimait plus à rien , elle avait décidé de mettre fin à ses jour en sautant du haut d’un pont. Pas n’importe lequel car c’était celui que Noah dessinait souvent.
Ne sachant quoi faire et se ressassant sans cesse son décès et le pourquoi de celui-ci, la blonde décida de balader pour se changer les idées. Elle marchait sans but dans les rues. Elle n’arrivait pas à sortir tout ça de sa tête. Ses pensées s’accentuèrent quand elle aperçut en pleine ville un pont qui lui rappeler son histoire. Elle s’arrêta et se figea en regardant le vide … Elle se revoyait il y a peu de temps. La belle remarqua qu’elle n’était pas seule et voulut faire semblant de rien mais se résigna. L’homme qui se trouvait là avait étrangement une attitude similaire. Il restait là lui aussi sans bouger à regarder le vide et à penser. Il éveilla la curiosité de Linda.

- Excusez moi, ça n’va pas ?

Elle ne savait comment l’aborder et sortit la première chose qui lui vint à l’esprit.

23h16

Charlie ne dormait toujours pas. Ça faisait plus d’une heure qu’il tournait sur lui-même dans son lit, tourmenté par l’étrange inconnu. Dès qu’il fermait les yeux, il le voyait. Quand il les ouvrait, il disparaissait. Depuis plus d’une heure, il ouvrait et fermait les yeux sans cesse, comme obsédé par cette vision terrifiante. Habituellement, il parvenait à s’endormir, car les cauchemars ne se manifestaient qu’au petit matin. D’ailleurs, le repos était essentiel pour lui, bien plus que pour n’importe qui d’autre. Il était comme programmé pour dormir un minimum de dix heures par nuit. S’il ne dormait pas pendant ces dix heures, son état de santé s’en trouverait grandement affecté. Même sa médication n’y changeait rien. Il devenait hésitant, méfiant, impatient et parfois même agressif. Les hallucinations étaient plutôt rares – en raison de ses médicaments – mais elles n’étaient pas impossibles.

23h48

Incapable de trouver la paix, il pensa qu’une balade dans la nuit encore fraîche à cette époque de l’année lui permettrait de recouvrer ses esprits et de se détendre ce qui, par la suite, faciliterait son sommeil. Il enfila une paire de jean qui traînait, revêtit sa veste de cuir et mit ses bottes avant de quitter sa demeure. Il se mit en marche droit devant lui, longeant la petite route, ne sachant pas vraiment où il se dirigerait. Dans un état semi-conscient, il arborait une posture rigide et droite tout en marchant d’un pas ferme. Il ne s’arrêta enfin que lorsqu’il distingua le pont qui se dressait devant lui. Un violent mal de tête le fit tressaillir. Il porta ses mains tremblotantes à son visage en se tordant de douleur. Et soudain, plus rien. La douleur s’était évaporée.

Il releva la tête, hésitant, mais décida de continuer son chemin malgré tout. Il était inquiet et intrigué parce qui venait de se produire, car il ne comprenait pas. Lui non, mais son subconscient, lui, comprenait. Il avait eu la lourde tâche de garder enfouis les plus pénibles et horrifiants souvenirs du passé dans un recoin de la mémoire de Charlie. Charlie n’y avait jamais eu accès. Il ne savait pas. Et personne ici ne se savait non plus. Il ne devait pas savoir, il ne devait pas se rappeler.

00h26

Cette nuit là, accoté sur le rebord de la balustrade, fixant le vide d’un air absent, il ne pouvait pas se douter que sa présence sur ce pont était très dangereuse. Son subconscient aurait peut-être de la difficulté à garder enfermés ses souvenirs. S’il devait y avoir une fuite..., les conséquences seraient plus que désastreuses... quoiqu’imprévisibles malgré tout.

C’est alors qu’une douce voix féminine parvint à ses oreilles. Était-ce un songe? Était-il en train de rêver? Il tourna la tête et à travers la brume, il distingua une silhouette qui semblait se rapprocher de lui. Craintif, il se retourna face à elle et recula d’un pas. Était-ce l’inconnu qui hantait ses nuits? Quand elle fut assez proche, il comprit que c’était bel et bien une femme; ça ne pouvait pas être l’inconnu. Il ne rêvait donc pas.

« Que... que faites-vous ici à une heure si tardive...? » répondit-il à la jeune femme d’une voix chevrotante.

Une main sur la balustrade, il fixait la jeune femme d’un air interrogatif.

L‘homme paraissait comme surpris. Il reculait même d’un pas. Linda ne voulait pas lui faire peur, au contraire c’était de la bienveillance. Elle se demandait vraiment ce qu’un homme venait faire ici à cette heure ci. L’inconnu la fixa comme pour bien voir qui lui adressait la parole. Gênée, la belle détourna le regard. Elle n’avait jamais vu avant ce genre d‘expression de visage que l‘homme arborait, indescriptible ! Il n’était pas comme tout le monde. Linda avait envie de découvrir qui était cet homme.

- Je pourrai vous poser la même question, plaisanta-t-elle. Je … euh … rien. Elle stressait à l’idée de repenser au pourquoi elle était là. Elle se reprit pour ne pas paraître trop bizarre et ajouta: Je baladais et vous ? Vous me semblez pas très à l’aise. Je me trompe ?

Linda s’appuya elle aussi sur la balustrade et souffla. L’émotion était vive. Il faisait frais, la blonde tremblait de froid et aussi à cause de ce que lui rappelait le pont. L’homme à ses côtés semblait lui aussi avoir un lourd vécu. Rien qu’en voyant son visage dans l’obscurité, la blonde l’avait compris.

- Vous savez, vous pouvez me parler.

Elle avait envie de l’écouter et même de l’aider. Elle ne savait pour quelles raisons mais elle sentait que quelque chose les rapprochait. Ils n’étaient pas là par hasard. Il pouvait se confier car ce n’était pas certain que les deux se revoient un jour et puis s’il pouvait se libérer, c’était à faire.

Charlie observait la femme, méfiant. Il ne s’attendait pas à rencontrer quelqu’un ici à une heure si tardive. Ça le dérangeait, lui qui était venu chercher le calme et la solitude. Cependant, en cet instant, ils étaient là, tous les deux, sur ce pont. Il ne pouvait rien y changer, sauf s’il décidait de partir. Mais il ne pouvait pas partir en la laissant là. Il avait bien trop peur qu’elle l’observe et le suive jusque chez lui. Non, le mieux était de rester là, jusqu’à ce qu’elle décide de repartir d’où elle venait. La situation n’était pas agréable pour Charlie. Quand la jeune femme répondit à sa question, il n’a pas compris pourquoi cette dernière avait ri. Charlie ne connaissait pas ça, l’humour, les blagues, les plaisanteries. Il n’avait jamais saisi ce genre de subtilité dans le choix des mots, dans le ton de la voix. Il voyait tout au premier niveau.

Elle finit par bredouiller une réponse qui de toute évidence n’apparaissait pas sincère. Charlie, lui, n’y voyait que du feu. Par contre, il n’aimait pas comment la jeune femme la questionnait. Il avait l’impression qu’on lui faisait passer un interrogatoire, comme s’il avait fait quelque chose de mal. Il ne supportait pas. Il n’avait jamais vu cette femme auparavant, il ne la connaissait pas et voilà qu’elle voulait savoir ce qui le tracassait?

Charlie faisait preuve d’une sensibilité accrue si on le comparait au commun des mortels. Même s’il regardait maintenant les flots sous leur pied, il avait bien senti la femme frissonner à ses côtés. Il n’était pas certain de ce qui avait provoqué cela et Charlie voulait savoir. C’était plus fort que lui, ce désir de vouloir tout comprendre.


« Vous vous baladez au beau milieu de la nuit, seule? C’est dangereux, vous savez. Vous ne devriez pas faire ça. »

Il la regarda du coin de l’œil avant d’ajouter :


« Si vous avez froid, je peux vous prêter ma veste, mais ne vous attendez pas à ce que je me confie à une pure étrangère. Pour info, j’étais très à l’aise avant de tomber sur vous. J’aime bien le calme qui règne ici la nuit. »

Il enleva sa veste et la tendit à la jeune femme pour appuyer sa proposition. Indifférent, il se retourna pour regarder à l’horizon la rivière déchaînée, toujours appuyé contre la balustrade. Il se fichait bien de ce que pensait la jeune femme. Il ne savait pas ce qu’elle avait senti en lui, mais il était clair qu’elle faisait fausse route.

Linda aurait préféré ne rencontrer personne car c’était assez personnel comme instant. Elle n’était pas à l’aise ici et elle pensait à des choses plutôt tristes de son passé et de son présent même. Ce lieu représentait beaucoup pour elle mais apparemment elle n’était peut-être pas la seule à vouer un « culte » à ce genre d’endroit. Elle se demandait si l’homme qui se trouvait près d’elle avait le même genre d’histoire. C’était pour ça qu’elle l’interrogeait. C’était délicat à aborder comme sujet. Puis ça tombait cet inconnu se trouvait là par hasard, juste par ce qu’il passait par là et peut-être c’était-il arrêté pour réfléchir. Trop de questions ? Selon la blonde, il n’était pas là par hasard, ça se sentait. Puis le belle savait très bien lire en lui le fait que l’homme n’était pas sans avoir une histoire lourde par rapport à ce genre de lieu. Se méprenait-elle ?
De toute évidence, cet homme n’était pas à l’aise et ne semblez pas tout comprendre ce qui se passait. Il semblait ailleurs. Linda se dit qu’elle était sûrement trop directe avec lui. Elle préféra donc ne pas trop insister. Ce n’était pas son style d’importuner les gens comme ça, même si là elle avait une raison de le faire.
Finalement, il semblait s’intéresser à son cas car il posait une question et la mettait en garde du danger que c’est que de ce promener seule dans la rue.

- Oui comme vous voyez, répondit-elle sincèrement. Je ne trouvait pas le sommeil. Je sais mais je n’ai peur de rien… Puis vous aussi vous devriez faire attention. On n’sait jamais. Vous aussi vous êtes là seul en plein milieu de la nuit, argumenta-t-elle.

Il lui proposa sa veste mais la femme ne voulait pas déranger elle préféra refuser.

- Merci mais ne vous inquiétez pas ça ira, lui dit-elle avec un petit sourire en coin.

La suite de son petit discours sonnait plus avant-gardiste. Elle comprenait ce qu’il disait car si elle se trouvait à sa place la jolie blonde aurait sûrement réagit de la même manière. Elle ne se sentit donc pas offenser. Bizarrement, elle aimait la manière directe de parler de cet homme. Elle sourit même à ses paroles. Elle aussi était bien enfin pas tellement mais elle était beaucoup plus à l’aise seule dans ses rêveries. Pourquoi il ne l’était plus ? Que faisait-il ?

- Ok, je comprends. J’étais juste curieuse de savoir ce que vous faisiez ici. Excusez moi d’avoir été plutôt intrusive. Elle se sentait mal d’avoir gêné cet homme. Elle voulait se rattraper et pour cela elle décida d’être moins curieuse et plus naturelle. Vous savez moi aussi j’étais plus à l’aise avant de vous voir … C’est vrai que la nuit, c’est bien pour ça.

Elle regarda l’horizon en disant cette dernière phrase pensant à Noah et à sa vie … L’interlocuteur de Linda paraissait plutôt réfléchit comme homme. Il se plaisait à penser beaucoup. La blonde se ressassait pas mal les épreuves qu’elle avait subie.