**Bradley Winkley ne savait pas quoi faire aujourd’hui, il avait fermé la boutique qu’il avait ouvert récemment. Le tueur en série savait plus que quiconque qu’il devait avoir un cercle d’amis bien serré. Il devait connaître le plus de gens possible et recevoir la sympathie de ceux-ci. Il faisait souvent des venus dans divers commerces de la région, ce qui agrandissait ses connaissances sur le Skyline. Pour le moment, mise à part son faucheur, il n’avait tué personne, mais ça ne devrait pas durer bien longtemps. Le bon citoyen qu’il semblait être se rendu jusqu’au Devil’s Tail. Ce n’était pas la première fois qu’il se rendait en ces lieux. Il avait rencontré le propriétaire Jayden Wellington ainsi que sa copine Holly Westley. Brad avait même fait la connaissance d’une faucheuse un peu directe qui faisait le service ici même ; Jane Hansley. Enfin, l’homme pouvait par l’entremise de ce petit bar en savoir encore plus sur la population des morts qui se trouvaient ici. La petite animatrice qu’était Kaylee MacAllister ne lui avait pas menti, ce qui lui permettait de lui laisser la vie pour l’instant en tout cas. Bradley afficha un petit sourire lorsqu’il franchit la porte du bar. Il s’installa directement au bar et salua le barman, c’était un homme qu’il n’avait encore jamais vu, mais ça ne l’empêchait pas d’être sympathique. Winkley avait entendu dire qu’une ancienne serveuse d’ici, qui avait des problèmes avec le couple avait ouvert un nouveau bar à quelques rues de là, peut-être y ferait-il un tour. Brad commanda une bière et attendit un moment qu’une personne approchable apparaisse.**

Révisions encore et toujours. Depuis plusieurs semaines Juliet n'arrêtait plus, la tête plongée dans ses livres et cahiers. Foutoir sans nom que son appartement, transformé en temple de la psychologie au vue de rattraper son retard phénoménal, mais aussi d'appréhender les examens dans les meilleures conditions possibles. Consciente qu'elle partait avec un énorme handicap, elle redoublait d'effort pour être prête – autant qu'il était possible après plusieurs mois sans suivre aucun cours – le jour J. Stress immense l'envahissant, angoisse perpétuelle de rater cette quatrième année de faculté. Machouillant le capuchon de son stylo, la jeune femme laissa son esprit vagabonder. Aujourd'hui, elle n'arrivait à rien, c'est à peine si elle avait pu relire un chapitre dont le sujet principal était la schizophrénie. Maladie dont elle connaissait toutes les affres, étant elle-même atteinte par ce trouble du comportement. A quoi bon s'attarder là-dessus ? Pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, elle eût envie de sortir, de prendre l'air, penser un peu à autre chose qu'à ses cours. Changement radical, la bouteille ayant été remplacée par les cahiers et une alimentation saine. Nouvelle drogue que ses cours de psychologie. Culpabilisant légèrement, Juliet se releva pourtant, rangea quelques affaires avant d'enfiler une paire de chaussure et de quitter son logement.

Où aller maintenant ? Une idée lui traversa l'esprit. Le Devil's Tail, cela faisait tellement longtemps. Voir quelle sensation pourrait procurer cet endroit jadis fréquenté. Une sorte d'épreuve finale qu'elle s'infligeait à elle-même. Voir si elle était capable de résister à la tentation de la boisson. Tenter le diable en quelque sorte. Foulant le sol de ses chaussures à talons, elle alla s'installer directement derrière le comptoir du bar. Après avoir commandé un soda, elle jeta un regard à la ronde. Y avait-il un visage connu entre ces murs ? Malheureusement, oui ! Son regard se fixa sur le type assis non loin d'elle. Comment s'appelait-il déjà ? Peu importe, c'était le vendeur pot de colle - de cette boutique de vieilles horreurs - encore plus tenace qu'une sangsue. Bien vite, elle tourna la tête pour se concentrer sur autre chose...

Bradley Winkley continuait à siroter sa bière dans l’espoir qu’un habitant qu’il avait déjà monté un dossier tomberait sur lui dans ce bar qu’était le Devil’s Tail. Il ne savait pas du tout ce que cette soirée donnerait, mais de connaître d’avantage de gens l’aiderait, c’était une évidence pour le fou furieux. Brad souriait aux gens qu’il croisait et discuta un peu avec un homme près du bar qui devait quitter pour rejoindre sa femme, un idiot pensa t-il. Le brunet ne savait pas ce qu’avait les gens à prendre une bière en solitaire après le boulot et rentrer voir leur compagne par la suite, c’était décourageant, cela aidait beaucoup Bradley dans sa sélection Peut-être que ce genre d’homme idiot pourrait terminer en plusieurs morceaux, il ne le savait pas encore. De toute manière, la mémoire de Winkley était intacte, il pouvait se souvenir de beaucoup de chose, comme le nom de cette inconnu ; Marcel Bender. C’est perdu dans ses pensées qu’il n’aperçu pas immédiatement Juliet Lanster entrer dans le bar. La jolie jeune brunette l’avait rencontré directement dans sa boutique. Brad l’avait trouvé un peu méfiante, mais terriblement de son goût. Il ne savait pas s’il réussirait à l’amener droit dans son lit pour jouer avec son coeur, mais une chose était certain, il tenterait le défi. Bradley sourit et leva la main en l’air, hurlant de manière sympathique.

« Mademoiselle Lester ! Bonjour ! » L’homme souriait de pleine bouche et lui désigna la chaise situé à ses côtés. Le brunet apprécierait cette rencontre dans ce petit bar. Il n’aurait pas penser la revoir si rapidement, mais bon, le Skyline était vaste et les habitants restaient la plupart du temps dans leur secteur. Winkley prit une petite gorgée de sa bière, essuya sa bouche à l’aide d’une serviette et attendit que la belle arrive près de lui.

Et zut... elle qui voulait passer un moment tranquille, se délasser un peu, faire le vide après toutes ces révisions et ne surtout pas avoir à parler à des boulets, voilà qu'elle tombait sur Monsieur Sangsue. Comme si de rien n'était et surtout comme si elle ne l'avait pas vu, elle s'était installée tranquillement à une table. Du moins, c'était avant qu'il ne l'appelle. Durant un instant, l'étudiante feinta de ne pas voir d'où pouvait bien provenir ce son agaçant sortant de la bouche de l'antiquaire. Tournant la tête à droite puis à gauche, mimant ainsi de chercher qui pouvait bien l'appeler, elle reproduisit la scène plusieurs fois. Grotesque de la répétition poussée à son paroxysme. A croire qu'elle aurait pu faire carrière au théâtre. Jugeant que ce jeu stupide avait assez duré, elle se leva, en prenant toutefois son temps. D'un pas lent elle s'avança vers l'homme qui lui faisait signe. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui vouloir ? Lui vendre une de ces vieilleries pleine de poussière ? Si c'était ça, qu'il aille se faire voir immédiatement. Arborant un sourire puant l'hypocrisie, Juliet s'installa aux côtés de Bradley.

« Bonjour Monsieur... mince, impossible de se rappeler de son nom. Comment allez-vous ? ».

Méfiance toujours, alors qu'elle demandait un soda au barman. Ne sachant quoi dire et encore moins quoi faire, la brunette plongea son regard au sol. Belles chaussures. Tout en se perdant dans cette contemplation, l'étudiante en psychologie chercha un moyen de se défaire au plus vite de cette compagnie toxique que pouvait bien représenter le tenancier de la quincaillerie.

Bradley ne savait pas si sa personnalité réussirait à coordonner avec celle de Juliet Lester. Il savait que ça ne serait pas une partie de plaisir de lui donner de la compassion, s’il amenait à être imposant et énervant pour la jeune femme, ce serait le chao et il devrait aller voir ailleurs. Il ne voulait surtout pas d’ennemi, ce n’était pas du tout ce qu’il souhaitait faire. Brad souriait à la jeune femme qui ne semblait pas se souvenir de son nom de famille. « Winkley, Bradley, mais vous pouvez m’appeler Brad.. et je vais très bien, je ne sais pas si vous attendiez quelqu’un, mais puis-je m’assoir, évidemment, si je dérange, dites-moi le et j’irais vous observer de la table là-bas, vous voyez avec le gros monsieur et la femme enceinte… ah non c’est deux gros monsieurs, laissez tomber. » Winkley se mit à rire, mais de manière amusante et sympathique, pas dans l’excès, il ne savait pas si ça pourrait charmer la jeune femme, mais en pointant ce couple, il avait tenté l’humour avec celle-ci. Il attendait une réponse de la part de la brunette avec intension, pendant ce temps, il essayait de réfléchir à d’autres solutions. Brad était peut-être un sanglant tueur fou, mais il savait comment amadouer les gens, ce qu’il souhaitait faire plus que tout depuis qu’il était décédé. La découverte de la vie après la mort l’avait réellement comblé, il espérait pouvoir recroiser Kaylee MacAllister un de ses jours pour voir si malgré sa chirurgie, elle allait le reconnaître, bien sur, dans le cas contraire, il devrait la tuer elle également.

S'enquérir d'un boulet était décidément bien sa veine. Elle qui voulait passer un moment tranquille afin de pouvoir décompresser des cours et des examens qui approchaient à grands pas, et bien la voilà obligée de supporter ce balourd d'antiquaire. Celui-ci ne pût s'empêcher de lui redonner son identité. Quelle belle jambe cela lui faisait à présent. Qu'est-ce qu'elle en avait à faire franchement. En d'autres temps, d'autres lieux elle lui aurait certainement collé la figure contre le comptoir du bar. Mais depuis qu'elle se soignait, elle avait évolué, elle ne se montrait plus aussi agressive envers autrui. Dommage ! Un peu distraitement, elle écouta pourtant ce qu'il avait à lui dire. D'ailleurs il réussit même le pari osé de lui arracher un sourire, alors qu'elle regardait en direction des deux personnes indiquées. Il s'agissait en effet de deux hommes de corpulence plutôt forte, mais l'un des deux avait un visage et une allure plutôt efféminé. Peut-être que Bradley pouvait s'avérer de meilleure compagnie qu'elle ne l'avait d'abord pensé.

« Je n'attendais personne en particulier, vous pouvez rester ici, ça ne me dérange pas. ». Un mot cependant la fit tiquer. L'observer ? Depuis la table voisine, pourquoi ça ? Toujours sur ses gardes, elle demanda alors : « Pourquoi feriez-vous une telle chose ? Les deux gros monsieur sont tellement plus intéressants et attirants ». Elle tenta à son tour un petit trait d'humour. Tentative pas franchement réussie. Le barman lui amena enfin son verre de soda. Le liquide brun frappait les rebords alors qu'elle remuait les glaçons à l'aide de sa paille. Elle releva la tête et essaya d’entamer une début de conversation avec son voisin. « Est-ce que votre boutique tourne bien ? Vous arrivez vraiment à vendre toutes ces vieilleries ? ». Simple curiosité de sa part, elle ne voulait nullement le froissé.

Bradley Winkley avait bien repéré Juliet Lester et elle était réellement apte à l’amener loin. Il avait appris quelques informations sur son passé qui lui plaisait bien, c’était plus qu’une évidence pour lui qu’elle serait compliquée à manipuler, mais le psychopathe voulait tenter l’expérience. Il voulait l’amener dans son lit, la faire tomber amoureuse de lui et ensuite la détruire complètement. Oui, c’était malheureusement la mentalité du cinglé, il ne souhaitait qu’une chose, que le plus de gens meurs. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’il prévoyait d’enlever un enfant prochainement et de tuer une pauvre innocente. Il le faisait que pour s’amuser et pour détruire tout le monde. Tout semblait bien commencer, malgré qu’il ressentait la barrière que Juliet ne voulait pas lui faire franchir. Il sourit timidement et prit place devant elle. « Je vous remercie, c’est plutôt difficile de faire ses premiers pas dans la mort et encore moins quand on ne connaît personne. En tout cas, au moins, je n’aurais plus à subir les calvaires de ma voisine, vous ne pouvez pas savoir comment elle pouvait être peau de vache, toujours à me reprocher chaque petit détail, j’étais chez moi après tout, enfin, je peux vous payer le prochain verre Juliet ? » Il lui fit un petit sourire sympathique et prit une gorgée de sa bière. La prochaine phrase de la jeune femme avait eu l’effet escompté. Il ria et ajouta. « C’était une blague, je ne suis pas un psychopathe vous savez, ce n’est pas comme si je gardais des cadavres dans mon sous-sol, je voulais seulement vous faire un compliment, parce que vous êtes jolie.. Et je suis tellement stupide que je divague et bousille ce que je voulais dire... Vous devez me prendre pour un idiot. » Il voulut se taper la tête, mais il finit par rire de la situation. C’était évidemment un jeu, mais il était doué ! Et vint ensuite la question de la boutique. « C’est pas un supermarché, mais je fais quelques ventes à tous les jours, disons que j’ai toujours aimé voyagé et ce genre de bric-à-brac, je les partage de partout du monde des vivants, mais je comprends que ce ne soit pas très intéressant ! Même moi, je m’endors parfois en repensant à ça ! »

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