Le petit couple avait passé un nouveau pallier. Après être passer par la case "test" et la case "confession", ils entraient dans une nouvelle case, la case "intimité". Une atmosphère douce et chargée sensuellement les avait entouré. Zora sourit à son tour quand Ryan évoqua l'option déshabillage. Evidemment la question avait été purement rhétorique, la jolie brune n'imaginait pas un refus maintenant. Mais surtout, elle n'était plus vraiment dans le jeu. Elle avait envie de lui, il avait envie d'elle et ce n'était plus de simples inconnus à présent alors autant profiter de la soirée comme il se devait. Zora eut un hoquet de surprise quand sans prévenir, Ryan la souleva et la porta jusqu'à sa chambre. Ce soudain accès de force et de maîtrise excitait encore plus la jeune femme. Ryan était encore plus sexy quand il prenait les choses en main. Il la déposa doucement sur son lit et lui demanda une nouvelle fois mais d'une façon plus direct si elle voulait vraiment aller jusqu'au bout. Ryan lui donnait encore une porte de sortie mais une fois de plus, Zora allait la refuser. Pour toute réponse, elle enleva son haut et dit seulement, doucement mais fermement et en souriant :

"La ferme..."

Ryan referma la porte de la chambre et s'approcha. La jeune femme l'attrapa par la nuque et l'embrassa fougueusement. Un tout nouveau jeu pouvait commencer. Un jeu charnel qui allait libérer pas mal de choses. L'un et l'autre avaient besoin de s'éclater tout en trouvant du réconfort et c'est exactement ce qu'ils firent jusqu'à tard dans la nuit. Zora s'endormit ensuite très rapidement, épuisée physiquement mais aussi psychologiquement par toute sa longue journée. Qui aurait cru qu'une journée pouvait commencer aussi mal pour finir aussi bien !

*A la suite de cette épuisante soirée, les deux jeunes gens s'endormirent quasi instantanément. Quelques heures plus tard, Ryan ouvrit les yeux. Il faisait déjà jour et heureusement pour lui, aujourd'hui était un jour de repos. Il regarda autour de lui et constata que Zora dormait encore à poings fermés. Il se leva, passa quelques vêtements et entra dans son salon. Il chercha son paquet de cigarettes puis se dirigea vers la fenêtre de la cuisine.
Il savait ce qui arrivait, cela faisait bon nombre de jours qu'il n'avait pas touché ni à une cigarette ni à une quelconque drogue. Il remarqua qu'il tremblait. Il espérait que la cigarette couperait un peu le sevrage. Il ouvrit la fenêtre et alluma sa cigarette. Presque instantanément, son corps se détendit. Il regarda vers le salon et constata que Zora venait d'y entrer, encore endormie. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire tout en tirant sur sa cigarette.*

Bien dormi? A ce que je vois, oui.

*Une chose était certaine, ils avaient passé une sacré soirée. Il ne s'en serait pas douté en se levant le matin. Il avait à vrai dire passé une terrible journée et voir sa voisine débarquer n'avait pas été une superbe perspective. Mais il avait terriblement changé d'avis après quelques minutes. Et la voir face à lui ce matin le rendait bien plus heureux qu'il ne l'aurait cru.
Il éteignit sa cigarette, le tremblement étant devenue plus faible, il n'en voyait plus l'utilité. Par contre, il n'arrivait toujours pas à détacher ses yeux de Zora qui lui souriait en retour...*

Zora ouvrit les yeux après quelques heures de sommeil réparateur. C'était bien une des rares fois où cela lui arrivait. En général, après une aventure d'un soir, elle dormait une heure ou deux et filait en douce sans que l'homme ne constate quoi que ce soit. Mais cette fois, elle n'était pas pressée de partir. Elle se retourna dans le lit et s'étira avec un soupir de bien-être, souriante. Elle se sentait vraiment bien, reposée, prête à repartir à l'attaque de la vie ou plutôt de la mort, alors que la journée de la veille avait été plutôt déprimante. Elle se leva enfin et enfila une chemise à Ryan qui traînait dans un coin de la chambre avant de le rejoindre dans le salon. Il était là, près de la fenêtre à fumer une cigarette et la jolie brune resta un instant à l'observer, le sourire aux lèvres. Elle croisa les bras et finalement, il se retourna. Elle se sentait quand même un peu gênée, ce qui n'arrivait jamais. Il fallait qu'elle reprenne le dessus.

"Hum...Oui. Trop bien à vrai dire, je risque de m'y habituer..."

Zora s'avança finalement vers lui et pour se défaire de sa gêne, elle déposa lentement ses lèvres sur celles de son charmant voisin. C'était juste un baiser furtif, loin des baisers enflammés de la veille, mais il fit quand même frisonner la jeune femme. Puis elle recula d'un pas et regarda la chemise qu'elle portait.

"J'espère que ça ne te dérange pas...J'ai pris le premier truc qui me tombait sous la main, j'étais un peu au radar..."

La journaliste n'était pas du matin. D'ordinaire, elle avait un mal fou à se lever et à ouvrir les yeux. Ce matin était quelque peu différent.

*Il continuait à la regarder: elle était encore plus jolie que la veille. Le jeune homme ne savait pas si c'était seulement une impression ou le fait d'être passé au stade supérieur. Elle s'avança vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres. Une chose était claire: l'attirance qu'il ressentait pour elle n'avait pas disparu. Il n'avait certainement pas envie d'en rester là, comme cela avait pu être le cas avec d'autres femmes. Mais cette décision appartenait également à Zora.
Lorsqu'elle prononça quelques mots, Ryan semblait un peu plus soulagée. Elle n'était pas partie en courant pendant son sommeil et ne s'était pas esquivée, le jeune homme avait bon espoir qu'il pourrait continuer à voir sa jolie voisine.
Il prit la main de la jeune femme et posa son autre main sur sa hanche.*

Je t'en prie, habitue toi...

*Il la regarda intensément. Elle était encore dans le vague ce qui faisait rire Ryan. Lui était plus matinal: en tout cas il l'était lorsque sa soirée ne lui avait pas détruit le cerveau. *

Non évidemment, t'es encore plus sexy avec mes vêtements de toute manière, faudrait que t’envisage de changer de style définitivement, tu sais.

*Il cherchait à faire ressortir la lionne en Zora dès le matin. Il n'était pas sûr qu'il serait bien reçu mais il était prêt à prendre le risque. Il essaya de redevenir sérieux et lui embrassa tendrement la joue.*

Alors on fait quoi maintenant?

Zora sentit son coeur s'accélérer quand Ryan posa sa main sur sa hanche et qu'il l'attira doucement vers lui. C'était pas du tout ce qu'elle s'attendait à trouver et à ressentir quand elle avait frappé à sa porte la veille au soir. Et cela commençait un peu à la paniquer. Mais elle ne voulait pas décevoir Ryan, elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle n'avait pas envie de passer du temps avec lui. Si ça avait été le cas, elle serait déjà partie. En même temps, elle savait qu'elle n'arriverait pas longtemps à cacher la panique qui commençait à l'envahir. Jamais elle n'avait vraiment vécu d'histoire et sa nouvelle relation avec Ryan prenait bien un chemin qu'elle ne connaissait pas et qui l'effrayait. Elle ria sincèrement cependant quand il lui conseilla de changer de style de vêtements.

"N'insiste pas ! Tes fringues sur moi sont juste bonnes pour faire des pyjamas..."

Elle lui adressa un clin d'oeil pour pas qu'il ne se vexe. Ce n'était pas parce qu'elle n'était pas fan de ses vêtements sur elle qu'ils n'étaient pas très sexy sur lui. Bref, son angoisse apparut de nouveau quand il lui demanda ce qu'il faisait maintenant. Elle ne savait pas si il voulait parler des quelques minutes qui venaient ou si c'était de leur relation qu'il voulait parler. Elle tenta quand même de répondre en cachant son trouble.

"On ne t'attends pas pour travailler ? Parce qu'un petit dej ça pourrait être sympa et..."

Sa phrase fut interrompue par une sonnerie. La sonnerie de son téléphone portable qu'elle avait glissé la veille dans la poche du pantalon que Ryan lui avait prêté. La sonnerie de la réalité. Elle lâcha alors la main de Ryan et fouilla le pantalon qui avait passé la nuit sur le canapé. Elle regarda le nom de son interlocuteur.

"C'est le proprio...Excuse-moi.'

Pour un peu plus d'intimité, elle partit répondre dans la salle de bain.

*Ryan sentait la gêne de la jeune femme. Elle ne savait probablement pas comment réagir. Le jeune homme pensait qu'elle n'avait pas dû vivre d'expériences similaires. Son innocence ravissait le jeune homme. Néanmoins, une chose était sûre, il n'était pas plus rassuré qu'elle sur la suite des évènements. Il avait vécu une unique fois une histoire des plus sérieuses et l'expérience avait été plus que traumatisante. La fuite n'était pas dans sa nature cependant. Il affronterait son attirance pour Zora quoiqu'il arrive. Mais la jeune femme devait probablement prendre du temps pour réfléchir à tout ça. Peut être n'était elle pas prête ou même peut être qu'elle ne ressentait aucun sentiment pour Berkley.
La jeune femme prit quand même le temps de répondre au pique de Ryan. *

De jolies pyjamas tout de même. Même si je peux comprendre que tu préfères sans.

*Il lui rendit son clin d'oeil. Lorsqu'ils entraient dans le jeu, leur gêne disparaissait. Ils étaient tous les deux bien plus dans leur élément.
La jeune femme avait commencé une réponse lorsque son portable sonna. Elle courut répondre et s'enferma dans la salle de bain pour pouvoir avoir son intimité. Il semblait que son problème d'eau allait être réglé rapidement.
Avec Zora, hors de la pièce, Ryan pouvait relâcher la pression. Le tremblement était vite revenu, il n'y avait malheureusement pas de solution miracle, il fallait attendre le jour où tout cela s'arrêterait: soit la prochaine dose ou les mois de sevrage... Il fallait qu'il se concentre, sa tête allait exploser. Il alla s'asseoir sur le canapé, essaya de se vider la tête mais c'était peine perdue. Dans ces moments là, il s'en voulait d'avoir osé touché à la drogue un jour. Il était en sueur et tremblait de froid en même temps. Il retourna vers le lavabo et se mouilla tout le visage. Il fallait reprendre le contrôle avant le retour de Zora...*

Zora sortit finalement de la salle de bain après environ un quart d'heure. Stupide proprio ! Son problème d'eau n'était toujours pas réglé. ça lui faisait une excuse pour revoir Ryan mais elle espérait qu'il ne remettrait plus la question de leur avenir commun sur le tapis. Ils ne se connaissaient pas franchement et pour le moment, Zora voulait juste passer du temps avec Ryan sans se précipiter et sans réfléchir. Elle aimait bien être avec lui mais de là à imaginer une relation sérieuse...Elle s'avança donc dans le salon sans voir Ryan d'abord.

"Ce type est vraiment un con !! Il commence par me dire que mon appart' a un problème d'eau - sans blague ! - et en plus, ça sera pas résolu avant ce soir ou demain ! Franchement il..."

La jolie brune stoppa son monologue quand elle releva la tête. Ryan n'avait pas l'air dans son assiette. Il était de dos, face au lavabo de la cuisine mais elle voyait bien qu'il tremblait. C'était plutôt léger comme tremblement mais tout de même visible. Elle fit un pas en avant et constata qu'il était en sueur. Elle fronça les sourcils et demanda, une pointe d'inquiétude dans la voix :

" Ryan...ça va ?"

La question était superflue, il était clair que ça n'allait pas. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer en quelques minutes pour qu'il se retrouve dans cet état ? Elle croisa les bras nerveusement et attendit qu'il se retourne pour lui répondre. Allait-il être honnête ou allait-il lui mentir ?

*Ryan avait perdu la notion du temps. Il avait du mal à se concentrer, il avait mal partout et les tremblements ne cessaient pas. C'était sa troisième crise de la semaine. Il avait espéré qu'elle ne se passerait pas ce matin même si certains signes s'étaient montrés au réveil. Il attendait patiemment que tout ça passe: cela pouvait durer quelques minutes comme toute une journée. Il n'avait pas craqué jusqu'ici même si la douleur était difficilement supportable. Il savait que c'était surtout psychologique et qu'il fallait lutter. Il avait toujours eu peu de volonté et plusieurs fois, dans ces conditions, il avait eu envie de voir son dealer. Mais il se doutait qu'il ne serait pas très bien accueilli. En bref, il était dans un beau pétrin et le sevrage n'était pas une partie de plaisir.
Avec tout ça, il ne s'était pas rendu compte que Zora était de retour dans la pièce, s'énervant sur son idiot de propriétaire. Le jeune homme s'essuya le visage de sa main tremblante puis se retourna pour faire face à la jeune femme. Il devait avoir une sacrée tête et il se doutait pertinemment que Zora avait compris qu'il n'était qu'un sale type. Ce n'était qu'une question de secondes avant qu'elle détale, assurément. Si cela arrivait, il était fort probable qu'il craque et qu'il saccage tout son travail.*

T'inquiètes pas, ça va passer. Il faut savoir souffrir quand on essaye d'oublier son passé de junkie...

*Il n'était pas possible de lui mentir, tout ceci était évident. Il était marqué par la drogue: il avait des bons jours comme hier et des plus mauvais comme aujourd'hui. Ryan savait que son corps commençait à le lâcher, 10 ans de consommation, c'était la limite. Mais c'était quand même difficile d'arrêter seul.
Et voilà, en quelques secondes, il avait déçu Zora, ce qu'il ne voulait absolument pas. Elle était toujours en face de lui cependant, peut être allait elle choisir de le frapper, il l'aurait sacrément mérité si c'était le cas...*

"Je vois..."

C'est tout ce que Zora avait réussi à dire. Elle se doutait qu'il y avait des ténèbres dans la vie de Ryan mais elle ne savait pas vraiment sous quelle forme. Maintenant, elle était fixée. C'est vrai qu'elle aurait pu être déçu, c'est vrai qu'elle aurait pu détaler comme un lapin. On avait vu mieux comme début de relation que de baby-sitter un junkie sur la pente du sevrage. Mais la jolie brune était une femme surprenante, le jeune homme n'avait pas encore compris à quel point. Elle s'approcha en silence et prit Ryan dans ses bras. Elle le serra fort et posa sa tête sur son épaule. Elle sentit bien que son voisin était surpris mais il finit par légèrement se détendre. Zora le serra fermement histoire de limiter les tremblements.

"Tu n'es pas mon premier junkie...Et si c'est encore une de tes ruses pour me faire déguerpir, c'est raté..."

Ryan ne put pas le voir mais Zora sourit à sa dernière remarque. Son charmant voisin ne savait rien de l'histoire de la jeune femme, de son passé, des gens qu'elle avait pu rencontré. D'ailleurs, elle n'en avait jamais parlé à personne, pas même à ses parents qui auraient fait une crise de nerf rien qu'à l'idée, mais lorsqu'elle avait eu sa période rebelle à Londres, des junkies, elle en avait connu un certain nombre. La plupart n'avait jamais voulu décrocher mais d'autres avaient bien essayer. La journaliste espérait que Ryan ne trouverait pas ça trop bizarre mais Zora était touchée. Elle n'était peut-être pas aussi mauvaise qu'elle pouvait le penser.

*Au bout d'une bonne vingtaine de secondes d'intense peur, Ryan fut très surpris. Zora le prit dans ses bras tendrement mais également avec une certaine force. Par ce geste, elle lui faisait bien comprendre qu'il était hors de question qu'elle parte dans l’immédiat. Le jeune homme ne s'attendait certainement pas à cela: elle avait seulement prononcé deux mois avant de choisir de le soutenir. C'était vraiment une femme forte et avec un caractère exceptionnel. Il finit par se détendre et recommença à respirer plus doucement.
Elle lui révéla tout de même qu'elle avait déjà fréquenté des gens de son acabit, junkies... C'était une grande famille, il fallait croire qu'ils luttaient tous contre les mêmes démons même si Ryan se disait qu'il y avait deux types de junkies: ceux qui voulaient s'en sortir et ceux qui préféraient périr que d'arrêter. Il espérait faire partie de la première catégorie.*

Quand je te disais que tu m'aimais beaucoup, rien de ce que je fais ou dis ne te fait déguerpir.. Plus d'une l'aurait fait, tu sais. Je vais finir par vraiment m'accrocher moi..

*Il disait ça sur le ton de l'humour, ce n'était pas le moment de faire paniquer sa charmante voisine. Il se détacha de ses bras, les tremblements étant relativement contenus pour le moment malgré quelques spasmes persistants. Il la regarda avec un sourire franc. Il était clair que sa plaisanterie pourrait s'avérer vraie si les choses continuaient à évoluer dans ce sens. Ryan restait quelqu'un de fragile et s'attacher avait surtout été synonyme de destruction pour lui jusqu'ici. C'était donc non sans appréhension qu'il s'imaginait réellement sous le charme de Zora. Pourtant, il cachait ce trait derrière ce regard dévorant et ce sourire ravageur pour se montrer bien plus sûr de lui qu'il ne l'était en réalité...*

Zora serra Ryan encore un moment puis en sentant que ses tremblements se calmaient et qu'il retrouvait son aplomb ainsi que son humour croustillant. La jeune femme lâcha le jeune homme en souriant et lui asséna un petit coup de poing sur l'épaule.

"On se calme Cassanova !! Je t'ai dit que j'aimais les défis...Et puis bon...Apparemment j'aurais encore besoin de l'eau de ton appart' aujourd'hui alors..."

La jolie brune continuait de sourire mais elle détourna le regard. Evidemment, elle aimait bien Ryan, à sa grande surprise. Non pas qu'il n'avait rien pour plaire, non mais disons qu'il était loin des hommes qu'elle avait pu fréquenter à la fin de sa vie. Néanmoins, la présence de Ryan la projetait dans son passé et dans son adolescence plus précisément. Elle avait perdu des gens à cause de la drogue, c'était en partie pour ça qu'elle était sortie de sa spirale rebelle et qu'elle avait radicalement changer de comportement. Il en aurait été le premier surpris si il avait su mais l'addiction de Ryan marquait un point. La jeune femme n'avait d'abord vu qu'un jeune homme drôle et charmant avec qui elle pourrait passer de bons moments. Maintenant, la vision qu'elle avait de son voisin était un peu différent mais pas dans le sens où il le croyait. Elle ne s'en était pas rendu-compte mais elle gardait le silence depuis plusieurs minutes à présent, tournant le dos à Ryan et elle se rendit alors compte que des larmes avaient coulé le long de ses joues.

*Ryan avait retrouvé le sourire, ses tremblements s'étaient amplement calmé et le retour de son humour le remettait d'aplomb. Lorsque la jeune femme lui donna une tape sur l'épaule, il fit semblant d'avoir mal, il ne fallait pas froisser la lionne après tout. La réaction de Zora était à la hauteur de ses espérances, elle l'avait appelé Casanova: vu sa vie sentimentale, il était certain que c'était très ironique mais elle ne pouvait pas le savoir.*

Ah c'est pour ça que t'es restée en fait... Totalement par intérêt! C'est le défi combien de temps je vais pouvoir supporter cette saleté de voisin pour pouvoir me laver? Tu prends des risques avec moi, je te préviens.

*Puis il se mit à rire encore une fois. Ce n'était même pas par rapport à sa petite plaisanterie mais surtout le soulagement qu'il ressentait. Il avait réussi à résister à l'envie de recommencer et Zora ne l’avait pas abandonné.
Sa charmante voisine s'était détournée, perdue dans ses pensées. Lorsqu'il revint à lui, probablement après une bonne minute, elle était toujours ailleurs. Il se rapprocha lentement pour ne pas la surprendre. Il jeta un coup d'oeil et réalisa qu'elle pleurait. Il ne comprenait pas pourquoi mais il se doutait que cela n'avait pas un rapport direct avec lui.*

Wow! Tu vas bien? Je suis désolé si je t'ai déprimé... A moins que ce soit l'idée de devoir vivre à mes côtés aujourd'hui...

*Il était plutôt inquiet d'un coup. Il ne voyait vraiment pas ce qu'avait Zora, si tout cela avait un rapport avec son ancienne vie. Il se sentait un peu coupable d'être responsable de ses pensées certainement sombres. Il essuya la dernière larme qui coulait sur sa joue puis déposa un baiser sur le front de la jeune femme se voulant rassurant même s'il avait encore le ventre noué..*

Zora ne se rendit compte qu'elle pleurait que quand Ryan s'approcha en lui demandant si tout allait bien. Comme la fille forte qu'elle était, elle se dépêcha d'essuyer ses larmes d'un revers de main mais une lui avait échappé. Ryan l'essuya et lui embrassa le front, comme pour lui dire qu'il était là si elle avait besoin de parler. Au lieu de lui dire clairement, il essaya de détendre l'atmosphère par une de ses petites blagues dont il avait le secret. Mais la jolie brune se sentait soudain oppressée. Tous ses souvenirs qui remontaient, toute la journée de la veille qui l'avait épuisé et ce qu'elle croyait pouvoir ressentir pour son charmant voisin...Tout ça c'était bien trop pour Zora. Vraiment, vraiment !, trop. Il était temps de mettre les voiles. Elle s'écarta doucement mais fermement de Ryan, l'air hésitant, elle bafouillait.

"Je...Je dois y aller. Je suis désolée."

Zora se précipita dans la salle de bain avant que Ryan ne dise quoi que ce soit. Elle ne ferma même pas la porte et commença à remettre ses vêtements sales de la veille. Il fallait qu'elle sorte de cet appartement, de cet immeuble même. Il fallait qu'elle prenne l'air, qu'elle se retrouve, qu'elle retrouve sa carapace qui était en train de fondre au soleil. Et ça, elle ne savait pas comment le gérer. Il lui fallait prendre du recul. La journaliste avait l'esprit complètement embrouillé. Elle ne pensait plus à rien à part fuir, elle avait le cerveau vide. Elle ne pensait plus à Ryan, à la nuit qu'ils avaient passé ensemble, son problème d'addiction à lui, son romantisme enfoui à elle...Elle oublia tout et voulut qu'une chose : sortir. A présent, elle cherchait ses chaussures sans se rappeler qu'elle n'en avait pas en arrivant...

*La réaction de la jeune femme fut inattendue. Elle se dégagea des bras de Ryan et le jeune homme sentit que Zora n'était plus elle même. Elle commença à courir vers la salle de bain, récupérer ses affaires pour partir. Berkley n'y comprenait plus rien. Tout allait si bien il y a quelques minutes et maintenant la jeune femme n’avait qu'une seule idée en tête: fuir le plus loin possible de Ryan. Il ne savait pas s'il devait la retenir ou l'interroger pour obtenir des réponses. Aucune de ces options ne semblait appropriée, Ryan savait qu'elle avait besoin de réfléchir ou tout du moins de s'aérer pour oublier ses pensées.
Il était quand même effrayé de ne jamais revoir sa charmante voisine. Ils avaient passé un agréable moment mais le jeune homme avait ressenti une connexion qu'il ne voulait absolument pas briser.
Il s'approcha de la porte de la salle de bain, Zora était en recherche intensive des chaussures, totalement paniquée.*

T'es sûr que ça va? Je peux faire quelque chose?

*Zora abandonna la recherche. Elle passa devant Ryan et courut vers la sortie de l'appartement. Ryan ne bougea pas et se contenta de la regarder avec un air perdu et quelque peu triste. Arrivée à la porte, elle se détourna vers Ryan, son visage ne laissait rien entendre. Le jeune homme restait planté là, uniquement concentré sur son visage, par peur de ne jamais le revoir...*

Zora se rappela finalement qu'elle avait laissé ses chaussures dans son propre appartement la veille. Elle était vraiment confuse. Cela ne lui arrivait jamais. Et encore moins devant des gens, qu'ils soient des inconnus ou non. Bref, elle passa finalement devant Ryan en sortant de la salle de bain qui lui demandait si ça allait et si il pouvait faire quelque chose. La première question était stupide : évidemment que ça n'allait pas !! Sinon elle ne serait pas en train de fuir comme si l'appartement était en feu. Si il pouvait quelque chose ? A part la laisser partir, il n'avait rien d'autre à faire. Elle se dirigea vers la porte d'un pas décidé mais une fois ouverte sur le couloir, Zora n'était plus sûre de vouloir la franchir. Elle se retourna lentement et observa Ryan. Elle ne s'était jamais senti aussi bien avec un garçon qu'elle venait à peine de rencontrer. Mais tout ça...C'était...Elle n'arrivait même pas à mettre de mots dessus. Elle n'était même pas sûre d'être prête à le revoir. Cependant elle ne voulait pas partir comme ça, comme une voleuse. Elle s'approcha précipitamment du jeune homme et l'embrassa une dernière fois, fougueusement. Elle rompit le baiser ensuite en fermant les yeux.

"Je suis désolée..."

Elle n'ajouta pas un mot et partit en courant, traversa le couloir et se réfugia dans son appartement. Elle se changea rapidement, enfila ses chaussures et prit son sac à main avant de sortir. En passant devant la porte de Ryan, Zora ralentit ses pas. La porte était de nouveau fermée. Son coeur s’accéléra de nouveau et sortit de l'immeuble. De l'air, de l'air.

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