it is sometimes an appropriate response to reality to go insane
« june, riley, cassie & helen »

Enfin le son strident des secours, des portes qu'on ouvre, de la ferraille posée à terre. June allait être secourue. La voir dans cet état était au delà de ce qu'elle pensait pouvoir supporter. Riley s'occupait d'elle et bien que semble-t-il en colère contre son inactivité, il n'avait émit aucune remontrance. Il était trop urgent de maintenir June dans un état convenable et ne pas la laisser sombrer. Soudain, saisissant plus encore le contexte dans lequel ils évoluaient et la position délicate de son amie blessée, Helen s'accroupit juste à coté de June. Sa main dans celle inerte de la jeune femme, la brune tenta de lui parler. Elle sombrait et se laissait aller, il fallait qu'elle reste parmi eux le temps que les secours prennent le relais et même encore après. Elle devait résister à l'appel de la fatigue et du sommeil fatal.

June, ma June, reste avec nous. Il ne faut pas que tu dormes, pas encore. Pas maintenant June. Tu m'entends ? Thomas a besoin de toi et il faut que tu fasses encore un effort. Reste avec nous.

Piètre prestation que celle-ci, très faible pouvoir d'incitation. Il fallait malgré tout que June ne parte pas. Les yeux fermés, elle serait plus sensible au sommeil. Helen serrait fréquemment la main de son amie. Une pression qui, elle l'espérait, pourrait lui laisser un lien avec ce monde-ci.
Enfin, après ce qui lui paru un long moment, les secours pénétrèrent dans la maison accompagnés de Cassie qui était allé les attendre dehors. Ils demandèrent à Riley de s'éloigner, ils pouvaient prendre le relais. Une question suivit, d'autres viendraient sans doute plus tard. La police était là pour mettre les choses au clair. La procédure standard lorsqu'il s'agissait de blessure pouvant être d'origine criminelle et cela surtout si … inimaginable mais enfin … surtout si June ne survivait pas à la blessure … Pour dire, même une crise cardiaque éveillait l'instant d'enquêteur du policier ! Toute mort, toute blessure suspecte.

HELEN ▬ Non, il y a aussi son fils, Thomas.

Et le premier des deux policiers patrouilleurs pénétra dans la maison à cet instant.

AGENT DE POLICE ▬ Il a vu la scène ? Comment cela est-il arrivé ?

Fournir une réponse. Dire les choses clairement, ne pas s'embrouiller. Helen avait du mal à remettre les évènements à leur place dans le temps et risquait de paraître … suspect ?

AGENT DE POLICE ▬ Vous êtes de la famille ? Je vais devoir relever vos identités et vous convier à passer plus tard au poste pour une déposition. La procédure dans ce genre de cas est toujours complexe et nous préférons que tout soit clair.

Alors voilà … June était relayée au rang de cas ?! Un cas parmi tant d'autres. Tout juste supportable pourtant Helen hocha vaguement la tête compréhensive. L'homme ne faisait que son travail.

HELEN ▬ Non, nous … nous sommes des amis. Nous … euh, il y a son mari à prévenir, nous devions parler à June. Elle … elle n'allait pas bien. Nous …

Regard paniqué à Cassie et Riley. Il était bien bon son bégaiement, soudainement apparu … elle en perdait son parlé. A vrai dire, elle ne savait plus quoi faire et regrettait déjà son attitude tout au long de l'épreuve qu'ils venaient de traverser.

Spoiler:

Depuis combien de temps était-il là en train d'essayer coûte que coûte de faire stopper l'hémorragie ? Riley n'avait plus la notion du temps, il avait l'impression d'être installé là depuis plusieurs jours tant son corps était douloureux. Douce impression que son crâne allait imploser. Cassie continuait à parler et peut-être à s'agiter, mais il n'entendait plus rien, trop concentré sur sa tâche actuelle. Comme si le fait de détourner les yeux pouvait engendrer la mort quasi immédiate de son amie, comme si la vie de June dépendait uniquement de son bon vouloir mais aussi de son regard. Jamais il n'auraient dû la laisser ainsi aussi longtemps, tout ça était uniquement de leur faute. Pourquoi avaient-ils attendu tout ce temps avant de prendre le taureau par les cornes ? Maintenant, il était trop tard, si jamais elle venait à s'en sortir, elle traînerait toujours derrière elle cette mélancolie éprouvée, comme des satanées de canettes accrochées derrière une voiture de jeunes mariés. Pourrait-il encore la regarder dans les yeux si jamais elle réchappait à cette blessure ? Rien n'était moins sûr. Désespérément, il essayait de stopper du mieux qu'il pouvait le sang de couler. Le linge employé pour arrêter ce flux d'hémoglobine se teintait petit à petit de rouge, jusqu'à transpercer le tissu. Totalement obnubilé par cette vision, il n'entendit pas les secours se déployer dans la maison des Donovan. C'est uniquement lorsqu'un infirmier le força à se lever et commença à prendre en charge June qu'il réalisa qu'il n'était pas seul avec elle. Le mot police parvint difficilement jusqu'à ses oreilles. Mauvais souvenirs remontant en masse à la surface. Tout défilait à une vitesse vertigineuse autour de lui. A son tour de rester planté là et de ne plus savoir quoi faire, quoi dire tandis que la nausée le gagnait peu à peu. Un agent de police prit la parole, le faucheur fût incapable d'aligner deux mots cohérents, le son resta bloqué dans sa gorge. Assister à la scène en tant que simple spectateur, mais ne pas pouvoir intervenir, se contenter de regarder. Nausée toujours plus présente. Un relent, il porta sa main à sa bouche avant de courir jusqu'à l'extérieur de la maison et de vomir tripes et boyaux. Trop, s'en était trop pour lui. Ces visions, cette folie, cet atmosphère putrescible à l'intérieur de la demeure. Il n'était pas prêt d'oublier cette petite visite. Il se sentait incapable de retourner à l'intérieur de la maison et d'affronter les policiers, cela lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Il tomba à genou et vomit de plus belle.

« La tristesse est un mur élevé entre deux jardins. »

La situation bougeait enfin. Les secours étaient présents. La police s’affairait également à comprendre la réalité des faits: une jeune femme agonisant, autour trois personnes autant choquées qu’impassibles à première vue. Les flics pourraient penser que l’un d’entre eux ou même la totalité des amis de Donovan aurait pu attenter aux jours de la belle en la poignardant vaillamment. Dans quel but? Une enquête serait en court. Les interrogations fusaient déjà. Thomas fut évoqué dans la conversation. Fallait-il le chercher? Cassie Williams jeta un regard à son petit-ami. Riley Thompson semblait si perdu, occupé par des pensées. Soudainement, il courut à l’extérieur de la demeure de June. Inquiète, Cassie le suivit, elle s’approcha de lui pour poser une main rassurante sur son épaule. Il vomissait sans s’arrêter. Cette vue restait dégoutante. Comment aider le faucheur? En lui parlant? L’entendrait-il? Il paraissait ailleurs. Précédemment, Helen Cosovic cherchait un soutien en la présence de ses amis. Elle était seule à répondre aux questions de la police. La pauvre avait vu sa grande amie se faire du mal. June n’était plus la même. Cela devait être dur à supporter. Au lieu de cela, impossible de reprendre son souffle, Helen faisait office d’interlocutrice. Ses potes l’avaient laissé tomber. Cassie souhaitait soutenir son chéri qui était en proie à une souffrance de source inconnue. La situation n’était pas rassurante. La barmaid devait consoler le canadien. Partir de cette manière serait mal vu, il devait répondre de leur présence en allant voir les flics et accepter ce rendez-vous au poste au lieu de s’enfuir comme des voleurs ou éviter la conversation pour accompagner June. Avant, il fallait se montrer diplomate et non le suspect potentiel. Les deux qui avaient connu la prison se terrait dehors. Etrange, les poulets pouvaient les considérer tels de potentiels tueurs. Riley pouvait vomir faute d’assumer le pseudo-meurtre qu’il venait de faire. Chaque hypothèse avait l’air bonne. Seuls les trois amis, ainsi que June, possédaient la vérité de leur côté. Présentement, Cassie engagea une discussion avec Riley:

- Chéri, il faut te reprendre. Je sais la situation n’est pas marrante, alors il faut relever la tête et aider June. Elle a besoin de nous, on pensera à nous plus tard. On doit confirmer nos identités auprès de ces flics et rester avec Helen, elle a besoin de nous également, c’est ta meilleure amie et elle ne va pas bien. On va accompagner June si possible et se montrer présents: on ne doit pas s’abandonner les uns les autres, il va falloir être fort. Tu comprends? Elle se mit à sa hauteur en l’attente d’une réponse de sa part.

Spoiler:

Abandonné, verrouillé & archivé.