Mama, we all go to hell ...

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Un verre. Rien n’aurait pu lui faire plus plaisir. Un verre, un joint. De l’alcool, de la drogue. N’importe quoi. Juste de quoi s’envoyer en l’air cinq minutes. Juste ça. Rien de plus. Juste assez pour oublier Allan. Oui Allan. Pourquoi voulons-nous mourir ? Pour oublier. Enfin … Dans le cas d’Abi. Et qu’est-ce qu’il se passe ? Elle se retrouve dans un nouveau monde. Fucking life. Un monde où « la vie continue ». Ahahah. Mais quel foutage de gueule. Quand on veut mourir, c’est pour mourir. C’est pour sombrer, à jamais, dans un sommeil éternel. C’est pour éviter d’avoir à réfléchir. Et là ? Et là, on découvre qu’il y a une vie après la mort. Une vie qui, sans aucun doute, sera aussi pourrie que la précédente.

Voilà une raison pour tout vouloir abandonner, encore une fois. Mais pouvons-nous mourir deux fois ? Et si oui, pour aller où ? A nouveau sur Terre ? Quand s’arrêtera donc cette spirale infernale ? Abigail shoota dans une canette abandonnée, avant de lâcher un soupir.

Imaginons un instant qu’Allan soit ici, lui aussi. Et s’il avait pris un nouveau départ ? N’est-ce pas, dans un certain sens, le but de cette « après-vie » ? L’occasion de prendre un nouveau départ ? Et l’occasion, pour Allan, d’oublier Abigail ? Serait-il capable de la laisser tomber, comme ça ? De l’oublier ? Non. Non, il ne pourrait pas. Du moins, c’est ce qu’Abi préférait croire. Allan était trop doux pour cela, non ? Elle le veut juste pour elle, Allan. Et pas question de partager avec des autres. Oh non. Jalouse ? Non. Possessive. C’est différent. Il me semble, en tout cas.

Les larmes coulaient silencieusement sur son visage. Voilà le seul mot qui rime avec Allan, à présent. Des larmes. Encore et encore des larmes. Tu es si ridicule, Abi. Cesse donc de pleurer. Redeviens toi-même ; une petite fille, capricieuse, insolente, et effrontée. Redeviens cette gamine qui cache derrière un masque toutes ses émotions. Personne ne doit savoir que tu possèdes un cœur. Personne, sauf Allan.

Epaule contre épaule. Un choc, brutal. Abigail se retourna vivement, prête à incendier le malheureux. Un malheureux bien plus grand, et bien plus vieux qu’elle, d’ailleurs. Quelle importance ? Il en fallait un peu plus pour impressionner la jeune femme.

« Tu peux pas faire attention là où tu mets les pieds ? » demanda-t-elle, sèchement.

Elle le fixait, de toute sa taille. Plutôt petite, comparé à l’inconnu. Qu’importe. Elle prit soudainement conscience des larmes qui lui coulaient encore sur les joues. Elle les essuya rageusement, avant de porter à nouveau son regard sur l’homme. Une - mauvaise ? - idée lui traversa l’esprit. Enfin … Juste un mot. Et des milliers de possibilité pour l’obtenir.

**Aaron Thomas Webber s’était réveillée dès que son réveille-matin aille joué un succès de Céline Dion. Bien que le rouquin ne travaillait pas en cette journée de Week-end, il préférait profiter de sa journée et c’est pour cela qu’il avait mis son réveil aussi tôt. C’est donc en sifflant le succès qui continuait à tourner à la radio qu’il s’habilla et se dirigea vers le rez-de-chaussée où une odeur de café envahissait déjà les lieux. Évidemment, le jeune infirmier avait programmé sa machine. Il ne pouvait jamais bien partir une journée sans son délicieux nectar. Le rouquin se prépara des gaufres qu’il fit cuire dans une machine High-tech qu’il s’était procuré au centre d’achat tout près de l’hôpital où il travaillait. Lorsque son ventre était bien plein et que le ménage de sa grande maison de banlieue fut impeccable, il porta un petit chapeau de plage à sa tête de couleur beige brodés de petites lignes et prit chemin vers le centre-ville du Skyline. Aaron adorait prendre des marches, sentir l’air frais entrer à l’intérieur de ses poumons lui permettait de se sentir bien vivant, même si en l’occurrence, il ne l’était pas du tout. Rendu sur le chemin du centre commercial, Aaron conserva son sourire habituel, saluant quelques passants et cela, même si il ne les connaissait pas. Le rouquin avait toujours été quelqu’un de très sympathique, malgré sa personnalité plutôt étrange. L’homme avait son coté réservé et bien timide, mais dès que la connexion passait bien avec quelqu’un, il jetait rapidement sa gène par la fenêtre pour discuter de tout et de rien, ce qui avait tendance à effrayer les gens, vu que lorsque Webber parlait de ce qu’il aimait, il avait tendance à en dire trop et à paraître spécial vis à vis ses interlocuteurs. C’est donc en sifflant la chanson qui l’avait éveillé qu’il continuait à marcher tranquillement jusqu’à ce qu’il décida d’arrêter dans une petite libraire. Aaron y passa une bonne vingtaine de minute et y ressortit avec plusieurs tomes d’une saga romantique qu’il lisait avec passion. La lecture était une passion chez le rouquin. Il jubilait le long du trottoir, heureux de ses achats, jusqu’à ce qu’il fut distrait par la couverture de son roman. Il fonça dans une jeune femme dans la vingtaine qui ne semblait pas bien se porter du tout. L’homme glissa sur le sol, laissant tomber tous ses bouquins sur le sol. Il serra les dents de dégout face au gâchis qu’il venait de faire, mais se retournant rapidement vers la brunette qui semblait en colère, mais aussi triste. Aaron sentit son cœur se resserrer dans sa poitrine face à cette scène, il dit donc, en déposant sa main sur le bras de la brune.**

Oh, je m’excuse profondément mademoiselle ! C’est de ma faute, c’est vraiment de ma faute, je m’excuse... J'espère que vous allez bien au moins ?

**Dit l’homme avant de constater qu’elle pleurait vraiment. Sa bouche s’ouvrit sur le champ de tristesse. Il dit donc.**

Oh ne pleurez pas madame ! Je suis vraiment chagriné, je n’avais pas prévu de vous blesser ! Où avez-vous mal ? Je suis infirmier peut-être que je pourrais vous aider...

**Le rouquin regardait la femme avec une profonde angoisse. Il se sentait très mal à l’aise par la situation, tel qu’il avait complètement oublié ses bouquins qui trainaient sur le bord du trottoir.**

Mama, we all go to hell ...

L’inconnu avait posé sa main sur le bras d’Abigail. Cette dernière se dégagea vivement. Pour qui se prenait-il, à la toucher ainsi ? « Je m’excuse profondément ». Accompagné d’un « mademoiselle ». On se croirait au dix-neuvième siècle. Ahahah. Ridicule. Pourquoi faut-il donc user de la politesse ? Pourquoi se soucier des autres, hum ? D’ailleurs, s’en soucie-t-il vraiment, de savoir si Abi va bien ? Il serait bien le premier. Après Allan, évidement. Sa, enfin ses familles ? Rien n’a foutre. Du côté des parents comme de celui d’Abi. Pourquoi donc se préoccuper d’une fille qui partira au bout d’une année ?

Les larmes coulaient toujours sur les joues de la jeune femme, sans qu’elle ne s’en rende compte. L’homme le lui fit d’ailleurs remarquer. Ne pas pleurer. Elle ? Pleurer ? Abigail releva la tête. Pour qui se prenait-il, à la fin ?

« Je ne pleure pas ! Et je n’ai mal nulle part ! »

Avait-elle besoin d’un infirmier ? Non. Elle se recula, et remarqua alors les livres sur le sol. Des livres romantiques. Rien que la couverture lui donnait envie de vomir. Comment un homme pouvait-il lire ça ? Comment pouvait-on lire ça ? Il y a tellement de choses bien plus de choses intéressantes à faire que de lire un livre. Un livre d’amour, qui plus est. Comme si la vérité se trouvait dans un livre. Qui a déjà eu une vie de super héros ? Qui a eu la chance de trouver son prince charmant, d’avoir beaucoup d’enfants, et de mourir heureuse ? Personne. La vie n’est pas un roman.

« Vos livres sont par terre. »

Et on commence le vouvoiement. On fait un effort. Au fond … Il ne mérite pas vraiment ce qui lui arrive. Pas du tout, même. Mais qui peut-il, hum ? Rien. Rien du tout. Et tant pis. Qui est-ce, d’ailleurs ? Un infirmier, oui, mais ensuite ? S’il lui permettait d’obtenir un peu d’alcool … Mais un infirmier … Mmmmh … Difficile, peut-être. Qu’importe, il faut essayer.

« Abigail. Et vous ? »

Elle aurait pu lui tendre la main. Elle aurait pu. De la politesse. Et puis quoi encore ? Déjà qu’elle adopte un ton plus doux, et qu’elle le vouvoie ! Il ne faut pas trop lui en demander, non plus. Trop de politesse tue la politesse.

[Ce n'est pas terrible, ce que j'ai fait là. Je suis désolée.]

[HJ: Pourtant j'ai adoré ^^ et au passage, désolé du retard, avec ma perte de internet, c'est pas évident --' ]

**Aaron T. Webber s’était souvent fait harceler par des gens peu commode. Il se retrouvait toujours face à ce genre de situation de malaise où il fallait rapidement trouver une manière de se sortir de cette impasse, mais lorsqu’il tombait face à des gens peu sympathique, il ne savait jamais comment se comporter. Il n’avait aucunement le culot et la force de quitter rapidement la personne en question. Il se devait de rester là et de rectifier cette relation, mais c’était souvent quelque chose qui l’abaissait encore plus. Webber se sentait déjà peu à l’aise face à cette femme. Il racla sa gorge aussitôt qu’elle lui répondit sur un ton blessant qu’elle ne pleurait pas. Le rouquin ne souhaitait pas la blesser en faisant allusion à cela. Il se frotta le bras de malaise et regardait la jeune femme, cherchant quelque chose à lui dire pour rattraper cette erreur. L’infirmier dit alors.**

Oh...oh.. Je... Je suis navré d’avoir mal interprété ce que j’ai vu. J’ai tendance à désirer trop rapidement aider les gens. Mon métier doit avoir rapport là-dedans, mais acceptez mes pardons, s’il-vous plait très chère !

**Aaron avait envie de se mettre à pleurer pour vrai. Il glissait les mains le long de son pantalon en corde du roi brun. L’homme passait ses longues le long des lignes de tissus. Essayant d’éviter à tout prix les regards lancés par la jeune inconnue. Il fixait toujours le bout des souliers de la jeune brune jusqu’à ce qu’elle lui dit qu’il avait échappé ses livres. La panique envahit aussitôt l’esprit de l’homme, qui ne savait plus où mettre sa tête. Il bougea de gauche à droite à quelques reprises et fixa la femme avec un air mou. Le roux se pencha donc en parlant.**

Oh, oui, bien sur, évidemment.. Je.. Je.. Merci beaucoup !

**Aaron se pencha finalement pour agripper les bouquins, les dépoussiérer et les soutenir bien convenablement entre ses bras. L’homme se releva, passa une main dans ses cheveux qui s’était hissé vers le haut en raison de la pression. Thomas ne savait pas trop comment se comporter. Il regardait la femme, conservant un malaise éminent. Finalement, elle reprit un peu de calme et se présenta à lui. Le regard de Aaron changea aussitôt. Ses yeux formèrent des billes et un immense sourire accompagna ce visage. La femme repoussa sa main, mais ce n’était pas important. Il posa donc la main suivante sur le dessus de ses bouquins et dit.**

Je suis complètement ravi de faire votre connaissance Abigail ! Vous semblez être une femme plutôt ... Charmante ! Et excusez-moi encore pour mon avancement du départ. Ce n’était pas pour mauvaise intention ! J’ai souvent tendance à m’emporter quand je suis nerveux et je parle.. Je parle... Comme vous pouvez le voir présentement... Pardonnez-moi, je me tais !

**L’homme arrêta de souffler sur le coup. Il serra la machoir durement. Regardant avec un profond malaise la femme devant lui. Il parlait toujours trop, ce qui l’énervait beaucoup. Webber baissa la tête tristement et souffla un peu. Elle devait le prendre pour un cinglé.**

Mama, we all go to hell …

Qu’il était agaçant à s’excuser comme ça ! Peut-être que ça en aurait attendrit quelques-uns. Mais pas Abigail. Non. Il faisait pitié, ce mec. Il semblait à deux doigts de se mettre à chialer. Un vrai bébé. La honte …

Il n’osait même pas la regarder. Son regard fixait obstinément le sol. La jeune femme lui fit alors remarquer que ses livres étaient toujours étalés sur le sol. Il gigota alors de droite à gauche, leva la tête, avant de se pencher, bégayer, et lancer un remerciement. Abigail leva les yeux au ciel. Il allait la faire tourner chèvre, avec ses manies. Ça allait promettre.

L’homme ramassa enfin tous ses foutus bouquins, et Abi se présenta. Ses yeux s’illuminèrent, et il se mit à sourire. Il disait être ravi de faire la connaissance de la jeune femme. Elle semblait … charmante. Abi eut un léger sourire sans joie. Il s’excusa encore. Quel lourdaud ! Il lui expliqua alors qu’il avait tendance à s’emporter, et à parler lorsqu’il était nerveux. Ah ça oui ! La jeune femme l’avait bien remarqué !

Il s’interrompit alors, serra des dents, avant de baisser la tête. Abigail ne put retenir un rire. Il lui semblait ridicule. Un peu taré, peut-être. Enfin bon. Il ferait l’affaire. Quoi que … Un gars comme lui ne devait pas souvent tenir compagnie à la bouteille. Tant pis, elle lui ferait prendre des vices.

« Et vous vous appelez comment ? »

Elle lui adressa un sourire, et posa sa main sur le bras de l’inconnu. Commençons le jeu.

« Vous n’avez qu’à m’offrir un verre, si vous voulez vraiment vous faire pardonner. Et puis, nous pouvons aller déposer vos livres chez vous avant. Comme ça, vous en serez débarrassé. »

Elle lui adressa son plus beau sourire. Reste à prier qu’il serait d’accord. Et s’il ne voulait pas donner d’alcool à une mineure ? Eh bah tant pis, elle partirait. C’était aussi simple que ça. Mais s’il pouvait lui payer un verre, rien qu’un seul ! Elle en serait joyeuse. Elle commençait vraiment à en manquer. Il lui tardait de ressentir cette sensation de brûlure lors de la première gorgée. Ça lui ferait tellement du bien ! Au jeune homme aussi, d’ailleurs.

Abigail sortit alors son paquet de cigarettes. Elle en prit une, avant de tendre le paquet à l’inconnu. Peu probable qu’il en prenne une. Ou alors, il fume comme un pompier. Pourquoi ? Il était bien trop nerveux ! Enfin bref. La jeune femme sortit son briquet, alluma sa clope, et inspira la première bouffée. Hum … Tellement agréable …

**Aaron T. Webber se sentait si nul à coté de la jeune femme. Bien qu’elle soit beaucoup plus jeune que lui, le rouquin savait bien qu’elle avait le dessus sur lui. Il n’arrivait pas à comprendre ce qui poussait les gens à se comporter comme ça en sa compagnie, mais tant qu’il n’était pas seul, Webber était bien heureux. La proposition de rachetée son mauvais comportement fit sourire l’homme. Bien que les bars n’étaient pas les lieux qu’il préférait aller, Thomas passait quand même à l’occasion dans ce genre de lieu. Il aimait boire une coupe de vin de temps à autre, mais aussi une bonne margarita, ce qu’il allait sans doute prendre. Le sourire éblouit de Aaron ne semblait pas partager par la jeune Abi, mais il ne s’en plaignait pas. Il hocha donc heureux la tête et dit sur le coup de la joie.**

Oh, c’est une bonne idée ! Justement, le Devil’s Tail a ouvert ses portes cette semaine ! Je ne sais pas si vous êtes au courant, il a passé au feu lors du spectacle du groupe The Flamme, il y a quelques mois de cela, j’y étais justement, un vrai carnage, mais le nouveau bar est devenue un resto-bar, beaucoup plus chic que le précédent ! Je veux bien passer par chez-moi avant et nous pouvons passer le reste de la journée à boire quelques verres, si cela vous convient, évidemment !

**Dit l’homme. Il serrait toujours ses livres convenablement entre ses bras, observant la jeune femme avec ce sourire, presque terrifiant au visage. Il attendait une réponse de sa part. L’homme restait droit et regardait par moment les gens passer derrière lui. Le fait de retourner au Devil’s Tail allait lui remémorer divers souvenirs. Comme la mort du guitariste de son groupe préféré. Depuis, le groupe s’était reformé et avait retrouvé un nouveau membre, mais ce n’était pas pareil comme autrefois. Bien sur, Aaron adorait toujours le groupe de musique, mais il s’ennuyait du défunt. Il racla sa gorge timidement et dit.**

Si vous voulez, j’ai quelques items du groupe que j’ai pu sauver de l’incendie. Je peux vous en donner un, ça va faire un souvenir. Ce groupe était super et la mort du guitariste est vraiment une triste histoire ! Surtout, que j’ai vu la bande enflammée lui tomber sur le corps.

**Un silence rejoint l’homme aussitôt qui attendait une réponse de la part de Abigail.**

VERROUILLÉ