1er juin 2011. Jour très spécial pour Abby. Abbygail Drew. C'était une jeune femme un peu spéciale, look gothique, vie chaotique, et passion pour les sciences. Elle pouvait choisir le jour de sa mort, et pourtant, en ce levant ce matin là, elle ne savait pas qu'elle n'allait jamais se recoucher dans les draps noirs de son lit cercueil, mais plutôt dans un linceul blanc d'un nouveau cercueil. 5 ans. Déjà 5 ans que son frère adoré l'avait quitté, tué par leur propre père, père cruel qui battait ses enfants et violait sa petite fille. Depuis l'adolescence, Abby avait perdu goût à la vie, mais son grand frère, Shawn Drew, était toujours là pour la protéger comme il l'avait promis à la maternité, il la soutenait, la gardait en vie malgré elle.
Actuellement, la jeune femme vivait dans une chambre universitaire, dans le campus proche de la fac de sciences. Car oui, Abby continuait des études en biologie, comme son frère l'aurait voulu. Mais depuis 5 ans la jeune femme vivait sur une autre planète, maigrissant à vue d'œil, ne sortant jamais, ne souriant même plus. Elle passait sa vie le nez dans les bouquins, la rendant brillante dans ce qu'elle faisait, mais c'était juste pour oublier qu'elle n'avait plus aucune raison de vivre, pour passer le temps, se changer les idées. Elle avait même arrêter de boire, fumer et se droguer, tellement elle vivait comme un zombie, presque inconsciente de ce qui l'entourait.
Sa chambre était petite et sombre, mais elle s'en fichait. Elle se leva machinalement, refit son lit, prit une douche et s'habilla. Une jupe noire, des bas rayés noirs et blanc, un top noir avec tête de mort blanche, et son sac de cours en forme de cercueil. Un coup de brossage pour coiffer ses fins cheveux noirs de jais en deux couettes hautes, en laissant sa frange tomber sur son front pâle, encadrant son visage blanc et laissant ressortir ses yeux verts pomme cerclés de maquillage. Ajoutant à tout ça quelques bijoux, elle enfila ses new-rock et sortit en direction des salles de TP, sa blouse blanche sous le bras.
Aujourd'hui, c'était dissection. Il fallait être vraiment sadique pour aimer ça, mais Abby s'y était habitué. Elle regarda le poussin jaune dans la cuvette face à elle et soupira. Elle joua quelques seconde avec son scalpel, celui qui lui servait parfois pour entailler sa propre peau des avants-bras. D'un coup de ciseau elle ouvrit le volatile, sans cesser de penser au scalpel, enfoncé plus profondément dans son bras que pour les auto-mutilations. Pourquoi n'avait-elle toujours pas mit fin à sa vie ? Pour essayer de continuer sans Shawn ? Ou n'avait-elle tout simplement pas vu le temps passer ? Un peu des deux surement.
A la fin de ce TP de 4h, la jeune femme rentra faire une pause dans sa chambre. Elle s'affala sur le canapé, contente de ne pas avoir de colocataire, comme une bonne partie des étudiants. En vérité elle n'avait plus de contact, personne ne voulait côtoyer une gothique aussi flippante ! Et tant mieux pour elle. Après avoir écouté quelques chansons, elle jeta un œil à son emploi du temps. Prévu cette après-midi, 3h avec M. Raden. Biologie moléculaire. Matière qu'elle détestait plus que tout... Après un long moment de réflexion, elle choisit de sécher le cours. Tant pis, elle le prendra sur internet !
Elle profita de cet après-midi de libre pour nettoyer à fond sa trousse à dissection et ses ustensiles. Le scalpel et les lames de rasoirs défilèrent entre ses mains fines. Elle ajouta machinalement une cicatrices à ses collection, laissant couler le sang dans l'eau retenue dans le lavabo, et regardant la goutte écarlate se diffuser dans l'eau transparente et former des nuages de fumée sanglante. Après un long soupire, elle se décida, sur une impulsion suicidaire. Elle fila sous la douche toute habillée, alluma l'eau, puis se trancha vivement les veines d'un coup sec et expert. Le sang s'échappa de son corps à vive allure. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres, elle ne sentait même pas la douleur, trop heureuse d'aller rejoindre son frère dans l'inconnu qui l'attendait.
Au bout de quelques minutes, elle s'effondra, trempée, baignant dans son propre sang, le débit accéléré par l'eau coulant sur la plaie. A moitié inconsciente, elle entendit des cris et sentit des bras autour d'elle. Les autres étudiants furent alertés par l'eau rougeâtre qui s'échappait sous la porte de la chambre. Ils avaient défoncés la porte et avait appelé l'ambulance. Mais elle avait déjà perdu beaucoup de sang et avait l'impression de suivre l'action d'ailleurs. L'ambulance l'emmena droit à l'hôpital, où elle sentit son corps mourir. Mais étrangement, elle était toujours là.
Elle s'élevait petit à petit au dessus de son propre corps, regardant les médecins et infirmières s'agiter autour de son petit corps frêle. Elle les entendit crier d'apporter du sang O négatif. Mais elle savait que c'était trop tard, et eux aussi, elle avait perdu beaucoup trop de sang. Ils la choquèrent trois fois, puis ils abandonnèrent, au son d'un bip continu.

« Heure du décès : 15h23. »

Abby était là, à contempler son corps inerte recouvert d'un drap blanc, debout près de la table. Avait-elle fait le bon choix ? Que se passait-il maintenant ? Allait-elle errer là jusqu'à la fin ? Ou y avait-il quelque chose après ?

Raphael était en train de lire un roman chiant au possible lorsqu'il entendit : Heure du décès : 15h23. Il leva alors le nez de son bouquin, encore peu habitué à ce genre de chose. Ah oui, c'était un de ces signals qui le stressaient au possible car ça menait forcément à devoir interragir avec quelqu'un qu'il ne connaissait sûrement pas. S'il n'étais pas déjà mort, il finirait par faire un infarctus, il n'y a pas de doute. C'est même étonnant qu'il ne soit pas mort de cela... Quoiqu'il est décédé relativement jeune. C'est fou ce qu'il y a de personnes qui perdent la vie alors qu'ils sont dans la fleur de l'âge. C'est vraiment dommage non ?

Le rouge venait de mettre sa veste pour sortir et il se rendit dans le monde des vivants. Tiens un hôpital... Il était même dans un bloc. Il regarda autour de lui et là il put un corps recouvert d'un drap avec, de l'autre côté de la table une jeune femme aux cheveux noirs qui regardait la scène avec un air légèrement perdu. C'était elle qu'il devait conduire dans l'autre monde, il en était tout à fait certain.
Le jeune homme se déplaça d'un pas plutôt lent pour se retrouver à côté de la fille, s'en approchant, très intimidé. Il rougit un peu, essayant tout de même de ne pas devenir pivoine. Il prit une grande inspiration et parla d'une voix douce et emplie de gentillesse :

« Bonjour je-je m'appelle Raphael et euh... Désolé... » Il se frotta la nuque, baissant un peu les yeux, pensant peut être que le sol allait lui donner un peu confiance en lui. Il repensa alors à ce qu'on lui avait dit de dire : « Une-une nouvelle vie vous attend, juste de l'autre côté. »

Il releva timidement les yeux vers le visage de la femme, rougissant un peu. Il n'avait pas d'autre choix que de la ramener avec lui mais il se voyait très mal la prendre brusquement par la main et l'emmener de force. Il aurait voulu lui prendre la main et la rassurer mais il n'osait vraiment pas faire ça, il avait vraiment trop peur qu'elle s'enfuit en courant ou qu'elle le repousse méchamment. Elle n'avait pas l'air bien méchante, mais on ne sait jamais...

HJ : Désolée, c'est pas super u_u

Abby était là depuis 2 minutes, à regarder son petit corps inerte, camouflé sous un draps blanc, sans vie. Avait-elle bien fait ? Allait-elle retrouver son frère ? Ou au contraire avait-elle compromis les retrouvailles à jamais ? La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, stressée. Elle n'était pas du tout croyante. Alors qu'en était-il ? Enfer ou paradis ? Ca existait vraiment ? Ou était-ce une invention des humains ?
Elle soupira, puis sursauta, quand l'apparition d'un homme troubla ses pensées. Etait-il là depuis le début ? Etait-il rentré par la porte ? Ou était-il apparu comme par enchantement ? Elle ne le savait même pas, trop occupée à réfléchir. La nouvelle morte l'observa quelques secondes, avant de remarquer qu'il la voyait. Silencieuse, sans la moindre émotion visible, elle le regarda s'approcher d'elle. Il semblait bien timide, réservé et anxieux, angoissé.
Abby fronça les sourcils, puis écouta le jeune homme prendre la parole, rougissant en même temps. Il ne devait pas être très à l'aise !

« Bonjour je-je m'appelle Raphael et euh... Désolé... Une-une nouvelle vie vous attend, juste de l'autre côté. »

La jeune femme ne pu pas s'empêcher de réagir, franche et directe. Pas beaucoup plus à l'aise que le dénommé Raphael, elle ne rougissait pas pour autant, et ne laissait aucune émotion visible sur son visage. Mais la voix douce et gentille rassura la jeune femme, l'encourageant à répondre.

« Salut. Je suis Abby. Et ne t'excuse pas, je me suis suicidée, j'assume. Et de l'autre côté de quoi ? Je suis un fantôme pour le moment ? Je vais pouvoir retrouver mon frère ? Tu es une sorte de passeur d'âme ? Un faucheur ? La mort ? »

La jeune femme attendit les réponses. Puis une idée lui traversa l'esprit. Comment était le monde vu par un fantôme ? L'idée germa dans son esprit. Elle ne connaissait pas les règles ou coutume des habitant de « l'autre côté », ni si ces faucheurs devaient respecter un règlement, ou un délais. Sur une impulsion, la jeune femme fila à travers le mur, hors de la salle de bloc. Comme un bon vieux fantôme classique. Contente de pouvoir crapahuter dans la monde des vivants avant de le quitter pour de bon, elle afficha un faible sourire.
A peine ayant quitter la salle d'opération, elle pensa à Raphael, qu'elle avait laissé sur place. Elle passa la tête à travers le mur, elle s'adressa au mort, avec un petit sourire malicieux.

« Tu viens ?! »

Sans attendre sa réponse, elle repartit dans l'hôpital, en direction de la sortie des urgences. Bizarrement Abby n'était pas vraiment perturbée par sa mort, surement car elle l'avait choisie. Et puis elle était en état de choc, alors son état de zombie amorphe disparu pour la journée. Elle espérait ne pas trop contrarier Raphael, et puis en même temps elle voulait le décoincer, le connaitre un peu plus, et surtout le sortir de sa routine, ca devait pas être bien joyeux de venir chercher des morts choqués par leur mort tous les jours !


HS : T'inquiètes, je fais pas beaucoup mieux, c'est le temps de démarrer mdr J'espère t'inspirer un peu au moins !

« Salut. Je suis Abby. Et ne t'excuse pas, je me suis suicidée, j'assume. Et de l'autre côté de quoi ? Je suis un fantôme pour le moment ? Je vais pouvoir retrouver mon frère ? Tu es une sorte de passeur d'âme ? Un faucheur ? La mort ? »

Oh, elle s'était suicidée ? Raphael ne fit pas de commentaire, le pourquoi de la chose l'aurait bien intéressé mais cela ne le regardait absolument pas alors se taire était encore la meilleure solution. Hors de question de passer pour un curieux malpoli qui se mêle de tout. Il lissa une mèche de ses propres cheveux entre deux doigts. Pourquoi ? Comme ça, simple réaction due à la nervosité probablement ; il ne s'en était même pas rendu compte.
Bon, il serait peut-être temps de lui répondre, non ? Si, quand même, évitons de la faire poireauter même si elle n'avait pas l'air de trop se torturer avec ces questions que le faucheur n'était pas étonné de l'entendre poser. Après tout, c'est normal de vouloir savoir.

« Oh, ton frère est décédé..? Oui, en effet, si tu cherches un peu il y a de grandes chances que tu le trouves de l'autre côté. Tu es une âme hors de ton corps, je ne connais pas la définition exacte d'un fantôme, je suis désolé. Il ne pouvait encore pas s'empêcher de s'excuser, Je suis un faucheur, en effet. Nous sommes plusieurs à occuper ce rôle, mais c'est à moi qu'on a demandé de venir te chercher... J'espère que tu n'es pas déçue... Comment pourrait-elle être déçue ? Il y avait de grandes chances pour qu'elle ne s'attende même pas à ça. Et la mort n'est pas une personne, tu sais, seulement un état aux yeux des vivants. Enfin, je crois. »

Se dire qu'il avait dit quelque chose dont il n'était pas réellement sûr le fit à nouveau rougir, juste légèrement cette fois-ci. Il resta planté au milieu de la pièce alors que Abby venait de la quitter pour aller... Il ne savait pas du tout où. Alors qu'il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire maintenant qu'il avait paumée l'âme qu'on l'avait envoyé chercher, il vit la tête de la jeune femme réapparaître.

« Tu viens ?! » proposa t-elle au rouge.

Ce dernier ne se sentit pas de refuser. Après tout, ça n'était pas bien grave de trainer un peu puis cette fille avait l'air bien gentille ; peut-être qu'elle deviendrait son amie un jour... Il l'espérait. Même s'il était habitué à la solitude, à la mise à l'écart, ça ne l'aidait pas à avoir un bon moral de se sentir aussi seul, bien au contraire. Raphael espère depuis très longtemps trouver quelqu'un qui voudrait bien passer un peu de temps avec lui sans que ça ne soit une corvée.
Il ne tarda pas à rejoindre la brune pour sortir de l'hôpital avec elle. Pourquoi pas faire un tour ? De toute façon, les vivants ne peuvent les voir – mis à part les médiums – alors ils seraient certainement tranquilles. Non pas qu'il ne voulait pas de la présence de quelqu'un d'autre, mais au milieu de trop de personnes, il se sentait vraiment très gêné et ce n'était pas agréable à supporter.
Tout en se tenant à côté de Abby, il jugea utile de lui expliquer quelques petites choses afin qu'elle n'ai pas la chance de profiter :

« Tu sais, de l'autre côté c'est un peu comme ici sauf que c'est les personnes décédées que tu retrouves. Les vivants restent ici... Mais tu auras le droit de revenir leur rendre visite, tu en es tout à fait libre. Il y a même des personnes capables de nous voir et de communiquer avec nous, ce sont des médium. Il se frotta la nuque. Pardonne moi, je parle beaucoup... »